Le dernier sauvetage

Chapitre 13 : UNE PREMIÈRE DISPUTE

Nous sommes actuellement en fin d'après-midi, la famille de Liam vient de partir. Les rencontrer m'a fait très plaisir. Ce sont vraiment de bonnes personnes et l'amour qu'ils partagent entre eux se voit énormément. Je dois avouer avoir hâte de terminer cette journée, je me sens beaucoup trop épuisée. Cassie m'a envoyé plusieurs messages me demandant de mes nouvelles mais je ne lui ai toujours pas répondu. Je l'ignore toujours. En ce moment Liam n'est pas avec moi, il est parti raccompagner sa famille et il devait aussi voir son médecin. Me voici donc en train de regarder la petite télévision de l'hôpital. Je n'ai rien trouvé de mieux qu'un documentaire sur les animaux marins mais c'est de tout de même intéressant. On frappe à la porte. Celle-ci s'ouvre sur Cassie. Pitié, pas maintenant !

— Salut Becca. Je t'ai appelé et envoyé plusieurs messages, je me suis inquiétée. J'ai dû appeler ta mère pour avoir de tes nouvelles.

Elle entre dans la chambre, pose ses affaires dans l'entrée et s'approche de mon lit. Souhaitant de ne pas lui parler, je laisse mes yeux rivés sur la télé.

— Un documentaire Becca sérieusement ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Comprenant que je ne compte pas lui répondre, elle passe à mes côtés et me prend la télécommande des mains avant d'éteindre subitement la télévision. Très mauvaise idée Cassie.

— Pourquoi est-ce que tu m'ignores ? Dis-moi ce qu'il y a ! J'ai fait quelque chose de mal ?

Un petit rire nerveux sort de mes lèvres.

— Oh je ne sais pas... Peut-être le fait que tu sortes en douce avec mon petit copain...enfin mon ex maintenant à ce que j'en déduis. Sérieusement Cassie, tu ne m'as rien dit !

Ne pas s'énerver. Ne pas s'énerver. À l'entente de mes mots, mon amie se fige les larmes aux yeux.

— Je voulais te le dire, je t'assure. J'attendais simplement le bon moment.

Elle s'assoit en face de moi les jambes tremblotantes. Le bon moment ? En quoi attendre est une bonne solution ? Il ne faut jamais reporter les choses à plus tard, en tout cas pas lorsqu'on a quelque chose sur le cœur à dire à quelqu'un.

— Ah oui ? Et ça aurait été quand le bon moment dis-moi ? Lorsque j'aurais recommancé à reprendre ma vie normale, à retourner au lycée et oh, à repasser du temps avec Jake tout en sachant rien !

— Je suis désolée Becca. Je ne voulais pas te faire de mal.

Je sais que je me suis conseillée de ne pas m'énerver mais trop tard. Habituellement la voir dans cet état m'aurait placé dans la tendresse et le calme mais là, c'est la colère qui vient m'envahir. Je ne comprends pas ses larmes. C'est plutôt moi qui serais en droit de pleurer, non ?

— Et tu pensais que je l'aurais pris comment ? J'ai déjà perdu un an de ma vie et je suis probablement en train de perdre mon petit ami et ma meilleure amie !

— Tu ne m'as pas perdu et tu ne me perdras jamais, dit-elle pleurant.

Cette phrase est très touchante, malheureusement elle me fait voir rouge. Comment puis-je en être si sûr ? Après tout la confiance en quelqu'un peut se briser en une seconde, ça a déjà été prouvé.

— C'était prémédité ?

Les mots sortent seuls de ma bouche. Elle me regarde choquée.

— Quoi ?

— Vous mettre ensemble. Est-ce que vous étiez déjà ensemble avant l'accident ?

Je sais que lui demander cela est cruel mais ça vient de me traverser l'esprit. Je ne sais plus quoi penser et j'ai besoin d'avoir les réponses à mes questions.

— Non, bien sûr que non ! Comment peux-tu penser une chose pareille ? C'est arrivé par hasard, crois-moi !

— Je ne sais plus quoi penser.

Je baisse la tête et tente tant bien que mal de retenir mes larmes qui menacent de couler.

— Becca, je...

- Je te faisais confiance, on était censé tout se dire toi et moi, pleurais-je à mon tour.

On fait une bonne paire, tient !

— Becca. Écoute-moi, s'il-te-plait.

Je suis désolée Cassie mais je ne peux pas.

— J'ai besoin d'être seule, chuchoté-je.

— Becca.

— J'ai besoin de temps Cassie. Laisse-moi, s'il-te-plait !, dis-je plus fort.

Elle me lance un dernier regard triste avant de quitter la chambre. Je n'en reviens pas de ce qui vient de se passer. Je me suis disputée avec Cassie. Je sais que ce n'est rien d'extraordinaire, c'est courant entre amis mais, je n'ai jamais eu de dispute à ce point-là avec elle. C'était toujours que pour de simples chamailleries et désaccord. On s'est toujours bien entendues et on a toujours été l'honnête l'une envers l'autre, enfin jusque-là. Je me doute qu'elle ne m'aurait jamais fait de mal intentionnellement et que ça ne doit pas être une simple amourette. C'est égoïste mais je leur en veux d'avoir continué de vivre sans moi. Évidemment que je n'aurais pas voulu qu'ils arrêtent de vivre mais c'est plus fort que moi. Je me sens invisible et inutile aux yeux des autres. En y réfléchissant, si j'avais été tué lors de cet accident, j'aurais sûrement approuvé le fait qu'ils sortent ensemble car ce sont des personnes géniales et je les aime énormément ! Mais je ne suis pas morte. Le fait qu'ils se soient mis ensemble lorsque j'étais dans le coma me donne l'impression qu'ils pensaient que je n'allais pas me réveiller ou bien que j'allais mourir et que cela n'aurait dérangé personne. J'ai toujours les larmes aux yeux lorsque mon téléphone se met à sonner. C'est Jake. Un selfie de nous deux lors de l'anniversaire de Damien s'affiche sur l'écran. Je ressens une douleur en voyant cette photo. Je laisse le téléphone sonné jusqu'à la troisième sonnerie. Je sens que si je ne réponds pas, il ne va pas me lâcher d'ici la soirée. Je me doute que Cassie lui a tout raconter. Il doit vouloir s'expliquer mais je n'en ai pas envie. Il me faut du temps pour tout digérer. Allez Becca, courage !

— Qu'est-ce qu'il y a ?, demandais-je fermement en décrochant.

— Je t'en prie Becca, écoute-moi.

— Je ne veux pas te parler et encore moins t'écouter.

— Laisse-moi tout t'expliquer, s'il-te-plait.

En entendant la souffrance dans sa voix, les larmes me montent. Ne pas craquer. Je dois penser à moi avant tout le reste.

— J'ai déjà dit à ta petite amie que je voulais que vous me laissiez tranquille !

Un silence nous envahit avant que Jake ne lâche un sanglot.

— Becca, je...

— Ne m'appelle plus Jake, s'il-te-plait.

Je lui coupe la parole en le suppliant avant de mettre fin à cet appel.