16 - les paupières qui papillonnent

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Park Chanyeol à toujours été un garçon droit dans ses bottes, carré, respectueux et aimable. Sa mère était plus que fière de son fils unique, elle misait tout sur lui et à raison. Elle avait placé le peu d'économie qu'elle avait pu garder pour l'envoyer dans les meilleures écoles de la ville. Quant à son géniteur, il avait prit soin de disparaître dans le plus grand des calmes, aux alentours de ses quatre ans. Chanyeol n'était pas vraiment attaché à sa figure paternelle puisqu'il ne l'avait jamais vraiment connu.

Quand à l'école on lui demandait comment était son père, il se contentait d'hausser vaguement les épaules, il répondait qu'il ne le connaissait pas, qu'il n'avait qu'une mère et que ça lui suffisait largement. Il rigolait même parfois sur le sujet en disant qu'aimer deux parents ça devait être épuisant. Il disait qu'il n'avait pas d'amour à donner à d'autres personnes qu'à sa mère.

Seulement, quelques mois après ses dix-neuf printemps, sa mère décédait.

Dans un accident de voiture. Un malheureux accident qui aurait pu arriver à quelqu'un d'autre.

Il avait tout perdu.

Du jour au lendemain. Sans explication.

Son enterrement, si Chanyeol était amené à le décrire, il dirait dédaigneusement que ce n'était qu'un brouhaha abrutissant, un mélange de paroles hypocrites et de larmes sincèrement versées.
Lui, il n'avait pas pleuré. Il était fou de rage. Son père l'avait vraiment laissé tomber et c'est ce qui, ce jour-là, l'avait fâché avec la vie à jamais.

Enfin, c'est ce qu'il pensait.

Avant d'entamer des études de psychologie, il a d'abord fuit Séoul, son école de commerce que sa mère avait payé de sa sueur et de son sang et ses copains de l'époque. Il s'était réfugié à Busan, sa ville natale afin d'espérer respirer et prendre du recul sur sa situation.
Malheureusement, ce ne fut qu'une succession d'échecs.

Il est tombé dans l'alcoolisme sévère, il a enchaîné les coups d'un soir et les bastons dans les ruelles sombres. Il dormait dans la rue la plupart du temps, mais il s'offrait le luxe des chambres d'hôtel de temps à autre afin de se doucher et de coucher avec une fille. Toutes les économies de sa mère y sont passées et il se punissait chaque jours d'être aussi lâche et aussi faible.
Il se trouvait ignoble, il n'en dormait plus la nuit puisque ses cauchemars le rongeait. Tout les adjectifs connus à ce jour ne sont pas en mesure de décrire la détresse que Park Chanyeol a connu.

Mais quand le sort s'acharne violemment sur un individu, généralement vous pouvez vous attendre à un retournement de situation inexplicable. Et, heureusement, c'est ce qu'il s'est passé.

Ce jour là il s'est regardé dans le miroir. Il s'est scruté, il a tripoté son visage comme si il le redécouvrait. Puis, sans prévenir, ses larmes ont coulées, sans son autorisation peut-être mais elles ont dévalé ses joues blêmes de façon téméraire. Elles roulaient sans s'arrêter, comme si le vase était plein et que maintenant, il débordait.
Ce jour là, il a passé sa journée à pleurer dans sa salle de bain, en pignant « Maman » ; parce que depuis tout ce temps, il était fâché, furieux, fou de rage contre son père. Mais si c'était le premier sentiment qui lui était venu, c'était tout simplement parce que son esprit n'aurait pas supporté le traumatisme engendré par la perte subite de sa mère. C'était plus facile d'en vouloir aux vivants que de regretter un mort. Parce que dans le premier cas, celui à qui on en veut est encore là pour répondre.

C'est à ce moment qu'il a comprit qu'il était fâché contre elle, qu'il lui en voulait de ne plus être en vie mais qu'il voulait tellement la revoir qu'en réalité, ça ne faisait de lui qu'une cacophonie de plaintes, de regrets et de désespoir. Un véritable chaos sur pattes.
On pourrait tous penser qu'à la venue de cette prise de conscience, il se donnerait la mort silencieusement.

Seulement non, il est revenu à Séoul en laissant derrière lui ces deux mois de débauche puante. Il n'avait pas de bagages, il a fraudé le train et une fois arrivé, il s'est extasié comme un idiot.

« Ça me réchauffe le cœur » il avait murmuré en regardant le ciel grisonnant.

Ce n'était qu'un jour pluvieux parmi tant d'autres, mais au moins, il était en vie et au bon endroit. Alors il s'est empressé de trouver un travail à mi-temps puis il s'est concentré du mieux qu'il pouvait sur lui-même, surtout pour la suite des événements.

Et c'est à cette période qu'Eunmi fait une entrée théâtral. Il la rencontre dans un Macdo en faisant tomber son fichu McFlurry sur elle, il s'excuse platement, elle rigole mélodieusement et globalement voilà : il est charmé. Ils s'échangent leurs numéros, ils se revoient, elle lui explique sa vie, sa situation avec son copain et tout ses projets. Il hoche la tête, il la trouve merveilleuse, il n'écoute quasiment rien, il veut juste passer sa main dans ses longs cheveux bruns.

Puis elle évoque la psychologie et combien elle aurait aimé se lancer dedans mais que ses parents et son conjoint lui ont interdit de le faire. Elle semble mélancolique soudainement et ce changement d'atmosphère interpelle Chanyeol. Il la fixe tendrement. Elle est un peu gênée par le regard insistant de son ami.

« Ça parle de quoi la psycho ? » il demande.

Alors elle lui explique tout ce qu'elle sait, l'aspect théorique, l'histoire, l'étymologie, les sciences, les calculs et surtout, elle évoque l'aspect social, celui qui semble pouvoir régler tout les soucis de Chanyeol.

Le jeune homme est comme happé par ses paroles, il est définitivement conquit et décide de démarrer dès maintenant ses études. Encouragé par Eunmi, qui finit par rompre avec son abruti de petit copain - avec qui, rappelons-le, elle à eu un fils - et lui propose d'emménager ensemble. Tout s'accélère, Chanyeol passe sa vingtième année, il dévale les escaliers de sa vie sans s'arrêter, il ne pense plus, il est mécaniquement submergé par le travail et les études mais il ne s'en plaint pas. Eunmi non plus.

Enfin, à vingt-quatre ans, il obtient son diplôme de psychologue, il s'est marié dans la foulée et il élève passionnément Jisung, le fils d'Eunmi. Il fait du bon travail dans son agence. Tellement qu'il est choisi pour remplacer Madame Kim, l'une des meilleures dans le domaine. Il est sidéré, il croit ça impossible mais l'augmentation considérable qui lui est proposée le fait frémir.

Alors ça y est ? Il a réussi sa vie ? À vingt-sept ans ?

Pas besoin de père ni de mère finalement, tant qu'on à une bonne vie de famille, un bon salaire et une bonne situation de vie.

Voilà la vie de Park Chanyeol. Elle est simplement bonne.

Elle est horriblement bonne.

Mais ça, il ne l'a su qu'en rencontrant Byun Baekhyun.


























1/2 : chap en deux parties encore,

  salut, ça date,
même moi j'y pensais plus mais que voulez-vous, il n'est jamais trop tard :)
l'ambiance est speed non ? en tout cas j'ai essayé de tout dire en accéléré pour donner la sensation qu'il ne déguste pas sa vie mais qu'il la subie.

Il(l) (chanbaek)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant