1 | 'KAGEYAMA TOBIO'

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Kageyama Tobio n'était pas quelqu'un de spécialement compliqué. Mis à part son amour un peu obsessif pour les orchidées aux pétales blancs, ainsi que son manque de sociabilité phénoménal, il restait quelqu'un de complètement banal, certainement plus beau que la moyenne, mais il en passait outre.

Il était quelqu'un qui aimait la vie comme elle était. Simple. Il n'avait jamais cherché à faire des choses extravagantes et extraordinaires, qui cassaient une routine raplapla et un train-train quotidien que beaucoup détestaient.

Lui, il aimait bien sa routine. Il aimait bien savoir le temps qui passait sans qu'il ne se passe quoi que ce soit d'incroyable, sans que quoi que ce soit digne d'un roman d'aventure lui arrive. Contrairement à d'autres, qui cherchaient en tous points à ce que leur vie ressemble à des navets romantiques ou des histoires fantastiques, lui était heureux de se lever le matin à la même heure, prendre un verre de lait bien frais et remarquer que sa nouvelle orchidée était encore vivante et n'avait pas décidé de dépérir durant la nuit. Il aimait bien l'arroser puis s'habiller simplement d'un sweatshirt gris ou bleuté et d'un simple pantalon avant de partir faire sa promenade matinale. Mains dans les poches, humant soit l'air humide ou frais du matin, il appréciait passer chaque jour dans le parc, puis devant l'hôpital, pour remarquer que la seule chose qui changeait, c'était la couleur et la présence des feuilles dans les arbres et les voitures qui disparaissaient et apparaissaient sur le parking du bâtiment privé. Ça l'apaisait.

Il irait ensuite à son travail, un simple job de serveur dans un bar. Il nettoirait la salle, préparerait des boissons ou des cocktails tout en répondant distraitement à ses collègues un peu trop enthousiastes qui avaient l'air de se fondre dans l'environnement des soirées et des clubs comme des poissons dans l'eau.

Oui, Kageyama avait une vie simple, et ça lui convenait très bien. Une vie banale, heureuse, sans changements et fiascos dramatiques. Deux, trois amis proches seulement, qui passaient régulièrement malgré son air grognon quand il voyait le chien, ses parents qui l'appelaient tous les dimanches après-midi pour prendre de ses nouvelles.

Il aimait bien sa vie comme elle l'était, et il n'avait certainement pas besoin de casser sa routine en rencontrant de nouveaux gens ou en essayant de chercher une relation.

De toute façon, pour se faire des amis, il était un véritable brêle. Il n'avait pas spécialement envie de s'embarrasser devant des gens qu'il ne connaissait pas juste parcequ'il n'avait aucune idée de comment il était sensé réagir quand on commençait à lui parler.

Déjà qu'il avait du mal à se faire des amis durables et non simplement garder ses connaissances au bar où il travaillait, se chercher une ou un petit ami, ce n'était clairement pas dans son rayon. Il n'avait définitivement pas l'intention d'aller chercher l'amour sur une application quelconque qui disait faire des merveilles (alors qu'entre nous, c'était surtout un moyen pour des psychopathes de trouver des proies faciles), ou de s'autoriser à flirter avec de belles blondes ou brunes trop superficielles qui battaient des cils vivement alors qu'il leur préparait leur bière ou nettoyait le comptoir. En plus, il n'avait aucune idée de comment flirter et pour remarquer que quelqu'un s'intéressait à lui, son collègue était obligé de lui donner un coup de coude et de le lui murmurer à l'oreille.

Enfin c'était sa vie, rien de bien palpitant à vous raconter dessus.

Ce matin, il était neuf heures et deux minutes précisément quand son réveil sonna, comme chaque matin. Il ouvrit les yeux, se les frotta légèrement, bailla bruyamment avant de s'étirer et de se lever pour commencer à se préparer.

Il se dirigea d'un pas traînant vers la cuisine, ses cheveux complètement décoiffés, comme tous les jours, et il remarqua avec satisfaction que l'orchidée qu'il avait achetée deux semaines plus tôt était toujours au meilleur de sa forme. Ses lèvres se retroussant en un léger sourire, il se dit que si au bout d'un mois, elle se dressait toujours aussi fièrement dans son pot, il lui donnerait un prénom.

L'eau salée ondulant sur nos pieds [Kagehina]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant