Assis sur son siège, ses cheveux en pagaille, la joue collée contre le torse du noiraud, le visage pâle et la respiration sifflante, Hinata dormait, plutôt paisiblement, habillé des vêtements de Kageyama. Ce dernier l'observait avec attention, partageant ses écouteurs avec lui. Le malade s'était endormi à peine dix minutes après être entré dans le wagon, et n'avait plus répondu depuis. Tobio s'en doutait bien, il était épuisé, et cela constamment. Un voyage comme ça, clandestin, ça n'allait pas l'aider.
Attristé, Kageyama commença à caresser ses cheveux en silence, comme si ça allait les aider à retrouver la brillance et la couleur flamboyante qu'il n'avait jamais vraiment connu. Il déposa un rapide baiser sur le crâne de Shōyō et soupira silencieusement.
Il ne savait pas quoi faire, et s'ennuyait déjà. Son bras entourant protectivement la taille de Hinata, sa tête calée contre son torse, il garda le plus petit à côté de lui tout en tournant le regard vers le paysage qui défilait sans fin à l'extérieur.
Une larme roula sur sa joue, solitaire et singulière, et il eut du mal à la remarquer. Sa gorge se serra, et il jura contre lui-même : il en avait marre de pleurer tout le temps, marre d'être faible, marre de ne pas savoir faire face à la réalité.
— Ça va aller.
Étonné, Kageyama détourna le regard pour fixer une jeune femme aux airs étrangers l'observer avec comme une sorte de pitié et de mélancolie dans les yeux.
— Pardon ?
— Ça va aller, répéta-t-elle tranquillement, un sourire triste sur les lèvres alors que ses pupilles grisées portaient leur attention sur le rouquin endormi, Il faut réussir à surmonter toutes les épreuves dans la vie.
Devant le regard plus que perdu de Tobio, elle se reprit.
— Ton ami, il est malade, pas vrai ?
— Comment vous savez ?
— Ça se voit. Il a du mal à respirer, des cernes immenses et son visage est beaucoup trop pâle. En plus de ça, tu pleures. Ce n'est pas difficile à comprendre.
— C'est si évident que ça ? s'étonna le noiraud, assez découragé qu'au premier coup d'œil, une inconnue ait décrit ce qu'il lui arrivait, à lui, mais aussi à Hinata.
— Non, mais j'ai déjà vécu quelque chose comme ça, il y a quelques années, enfin, c'était mon grand-père. C'est grave ?
— S'il est chanceux, il peut en avoir pour environ trois mois. Sinon, il peut mourir dans les semaines qui suivent.
Elle eut l'air assez étonnée, et fronça les sourcils.
— C'est quelle maladie qu'il a exactement ?
— Il a une leucoencéphalopathie multifocale progressive.
Vu son air perdu, il lui fit signe de laisser tomber.
— C'est au cerveau, y'a pas de traitements.
L'inconnue huma en silence, hochant la tête, compréhensive. Elle sortit de sa sacoche une barre chocolatée, qu'elle commença à mâcher silencieusement.
— C'est horrible.
— C'est la vie, répondit amèrement Kageyama, le regard rivé vers Shōyō, et il se rendit compte qu'instinctivement, il avait commencé à lui caresser les cheveux.
— Ça ne veut pas dire que c'est juste. Les gens de son âge ne méritent pas de mourir.
— La vie est injuste.
Ses yeux gris percèrent ceux de Tobio, l'air sévère.
— Quoi ? balbutia l'intéressé, assez décontenancé.
— Être pessimiste ne va pas arranger les choses, tu sais. Il le verra, et ça n'arrangera pas les choses. Sois heureux un minimum, bon sang, essaye au moins de lui montrer que tu es heureux qu'il soit toujours là, même si c'est pour un court laps de temps.
— C'est plus facile à dire qu'à faire, siffla le jeune homme, agacé, Je suis sensé être heureux comment, quand je sais que le garçon que j'aime va bientôt mourir, sans que je ne puisse rien y faire ?!
— C'est la vie, lui répondit simplement la jeune femme, une lueur d'amusement dans les yeux.
Les sourcils froncés, Tobio la regarda sans comprendre. Il n'arrivait pas à déchiffrer cette femme. À côté de lui, Hinata se mit soudainement à bouger et finit par faiblement ouvrir les yeux.
— T'es réveillé Shōyō ? hésita le brun, inquiet.
Ce dernier ne répondit rien, faisant signe qu'il n'y arriverait pas, et il attrapa son bloc-notes et son stylo quatre couleurs.
J'étais réveillé depuis tout le temps. Je n'arrivais juste pas à bouger.
Kageyama déglutit en silence.
— Tu as entendu ce que j'ai dit ?
J'ai oublié. Tu parlais avec qui ?
— Une dame bizarre, admit le plus grand, ignorant la boule qui s'était formée dans sa gorge en apprenant qu'il avait déjà tout oublié alors qu'il avait absolument tout entendu.
La vieille ?
Tobio fronça les sourcils et secoua la tête, tournant la tête pour lui indiquer la jeune femme étrangère qui était assise en face de lui. Seulement, à sa place, il n'y avait plus personne, et effectivement, la seule dame présente était une vieille femme, qui, pour une raison inconnue, avait l'air assez effrayée.
— Elle est partie ?
Hinata haussa les épaules, confus, et la vieille dame en question finit par ouvrir la bouche.
— Il n'y avait personne ici, jeune homme.
Il fut incapable de dire quoi que ce soit.
— Vous avez vu un médecin récemment ?
Il ne répondit pas, et sous le regard perdu du malade contre lui, il eut l'air de réaliser quelque chose.
Il avait parlé tout seul depuis le début.
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L'eau salée ondulant sur nos pieds [Kagehina]
FanficLui, il n'avait qu'un rêve, rien qu'un souhait. Il voulait voir la mer, au moins une fois dans sa vie. Il voulait pouvoir mettre les pieds dans l'eau salée, il voulait sentir les vagues s'échouer contre ses mollets avant de repartir. Seulement, pour...