[Techniquement je suis pas en retard, je peux pas être en retard si j'avais pas prévu de date de publication en premier lieu 😳✨✋🏻]
Il faisait les cent pas derrière le comptoir, regardant instantanément l'horloge en se mordillant les ongles. À côté de lui, Terushima, qui préparait un mojito, le regardait d'un air sceptique.
— Le manager va finir par te virer si tu continues à rien foutre et angoisser. On est vendredi soir, c'était le dernier jour de cours pour les étudiants, à vingt-trois heures, y'a du monde, mec.
— Désolé je peux pas m'empêcher de stresser, je kidnappe Hinata ce soir.
La femme qui s'apprêtait à venir flirter avec lui au comptoir fit la grimace, l'air profondément scandalisée.
— Excusez-moi ?!
— Ah ... soupira Terushima, ennuyé, Il ne va pas kidnapper quelqu'un il va juste l'enlever de l'hôpital pour l'aider à réaliser son rêve.
Elle resta sceptique, les sourcils bien froncés, avant de tourner les talons et de quitter l'endroit.
— Écoute mec, prends le reste de ta soirée, je me débrouillerai. Là, tu n'es pas capable de te concentrer, et tu fais que de la merde, déclara fermement le blond.
— T'es sûr ?
— Ouais. Allez, vole, genre, littéralement. Va voler Hinata. En volant. Enfin non. Bref.
Ça décrocha un sourire amusé à Tobio, qui pouffa de rire avant de retirer son badge.
— Tu me sauves la vie Teru.
— C'est ça, marmonna l'autre en secouant la tête, retournant à son job.
Kageyama enfila sa veste d'un geste rapide et partit presque en courant dans la rue. Il regretta bien vite le fait de ne pas avoir pris d'écharpe, mais pour l'instant, c'était bien le moindre de ses soucis.
Parcourir la ville en courant n'était pas forcément la meilleure idée du siècle, et il arriva devant l'hôpital complètement essoufflé, ses poumons le brûlant à chaque inspiration.
Il releva la tête, déterminé, et entra dans l'hôpital. Un panneau numérique affichait l'heure de 00:04. Il était clair que Hinata était déjà endormi, et qu'il n'avait rien à faire ici, mais il l'emmenait à la mer, un point c'est tout. Ça faisait déjà deux mois et demi qu'il connaissait le malade, et son état ne s'améliorait clairement pas de jour en jour. Il ne pouvait pas prendre le risque d'attendre encore avant de l'aider à réaliser son rêve. Si Shōyō se retrouvait alité, ou perdait totalement ce qui lui restait de conscience, essayer de l'emmener hors de l'hôpital ne servirait à rien. Déjà que quand des fois, il avait ses sortes d'absence, il regardait Kageyama comme s'il était un inconnu, n'arrivait plus à parler, à penser, ou même à réfléchir de son propre chef, alors la mer. Dans ces moments, la mer n'était plus qu'un simple idéal impossible à attraper.
Entrant dans l'hôpital en ignorant pour la énième fois sa gorge se serrer, il se dirigea dans le noir du bâtiment dans le plus grand des silences. Instinctivement, il tourna dans les couloirs, monta l'escalier, connaissant le chemin pour aller jusque dans la chambre 495 par cœur.
Il resta quelques instants devant la porte, hésitant sérieusement sur ce qu'il s'apprêtait à faire. Il prit une grande inspiration et finit par entrer – toquer ne servirait à rien, à part faire du bruit qui n'était pas nécessaire. Il trouva Nishinoya déjà totalement endormi et Hinata, assis sur son lit, le regard rivé vers la fenêtre. Kageyama se figea dans ses pas.
— Shōyō ? hésita-t-il.
Le rouquin ne se retourna pas. Avançant avec précaution, Tobio finit par se mordre la lèvre devant la vue qu'il avait. Le plus petit avait l'air complètement éteint, le regard vide de vie et des étoiles qu'il avait habituellement dans les yeux. Sa bouche restait close, et on pouvait voir les larmes rouler continuellement le long de ses joues pâles.
— Shōyō, eh, murmura Tobio en posant sa main sur son épaule pour le secouer gentiment, espérant le faire sortir de sa transe.
Il n'eut aucune réponse, aucune réaction, pas même le moindre mouvement dans sa direction. Il était complètement invisible aux yeux de Hinata, son cerveau ne répondait absolument pas, et ça terrifia Kageyama. Depuis combien de temps était-il dans cet état là ? C'était différent de ses autres crises, plus prononcé, plus effrayant. Et s'il allait rester dans cet état là ? Et si ça y'est, la fin était proche ? Et si maintenant, c'était trop tard pour tout, pour eux ?
Le noiraud ne voulait même pas y penser, le goût salé qu'il commençait à avoir la mauvaise habitude de connaître par cœur vint envahir son visage. Toujours en silence, il vint passer ses bras autour de la taille du malade et enfouir son visage dans le creux de son cou.
— S'il te plaît Shōyō, s'il te plaît, murmura-t-il, sa voix se brisant avant même qu'il ne puisse finir, Pitié ne t'en va pas, pas maintenant, je ne suis pas prêt.
Le silence était la pire des réponses possibles, et il éclata alors en sanglots.
— Je suis désolé de pas être venu plus tôt, je suis désolé putain.
Il se tut quelques instants et continua de pleurer, serrant le corps inerte du rouquin contre lui.
— Je t'aime tellement Shōyō, tu peux pas me quitter comme ça, continua-t-il.
Il resta silencieux après ça, laissant toute sa douleur s'écouler dans ses larmes. Fermant les yeux, il sentit à peine les maigres bras de Hinata venir le serrer faiblement à son tour.
— Tu m'emmènes à la mer maintenant ?
C'était à peine audible, sa voix plus que rauque et forcée, et si Kageyama n'avait pas le visage aussi proche du sien, il n'aurait rien entendu. Pleurant encore plus, il hocha vigoureusement la tête, un semblant de sourire attristé sur le visage.
— Oui, craqua-t-il, On y va. On y va maintenant.
Et il ne lâcha pas le rouquin. Pas encore. Il voulait encore quelques instants contre lui, leur cœur battant à l'unisson, avant de devoir l'emmener réaliser son rêve.
Il aurait aimé pouvoir le serrer dans ses bras pour le restant de ses jours.
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L'eau salée ondulant sur nos pieds [Kagehina]
Fiksi PenggemarLui, il n'avait qu'un rêve, rien qu'un souhait. Il voulait voir la mer, au moins une fois dans sa vie. Il voulait pouvoir mettre les pieds dans l'eau salée, il voulait sentir les vagues s'échouer contre ses mollets avant de repartir. Seulement, pour...