Nishinoya avait beau être quelqu'un avec qui Hinata s'entendait vraiment bien, il s'était quand même rendormi au bout de deux heures, et c'était franchement compréhensible quand on voyait toutes les blessures sur son corps.
Le jeune homme avait donc passé sa journée à regarder la télé, changeant de chaîne toutes les cinq minutes, ne trouvant pas de programme qui le satisfaisait, tout en tirant une tête de six pieds de long. Il avait envie de sortir, de bouger, de se défouler, seulement, il n'en avait pas le droit, et il n'en avait sûrement pas non plus la force, ou du moins pas pour plus longtemps que dix minutes, ce qui était d'autant plus rageant.
Il était en train de croquer furieusement dans un quartier de clémentine – on lui en avait apporté, l'infirmière qui passait n'avait pas réussi à résister à son attaque « je suis trop kawaii donne moi ce que je veux siteuplé », et honnêtement, entre nous, qui pouvait y résister ? – quand une autre assistante entra dans la chambre timidement.
— Shōyō ? hésita-t-elle en lui souriant gentiment.
Il lui retransmit toute sa frustration en un regard, surtout en apercevant la lueur de pitié dans ses yeux. Il n'avait pas envie de la pitié des gens. Il n'en avait pas besoin.
— Quoi ? siffla-t-il sur le ton le plus sec possible.
La jeune femme en face flancha un peu, pas vraiment habituée à se faire agresser de la sorte quand elle entrait dans une chambre de patient.
— Quelqu'un est là pour te voir ...
Elle n'eut pas le temps de laisser entrer la personne que le rouquin sauta sur son lit, sa façade agacée soudainement remplacée par un regard pétillant de bonheur et un sourire rayonnant.
— Qui ça ?! Yams ? Yacchan ? Maman et Natsu ??
— Rallonge toi s'il te plaît, lui intima l'infirmière avant de faire entrer un garçon aux cheveux de jais dans la pièce.
Elle quitta ensuite les lieux, laissant Shōyō, sourcils froncés, dévisageant l'inconnu qui se tenait devant lui mains dans les poches, l'air assez mal à l'aise.
Le malade finit effectivement par se rasseoir, manquant soudainement de tomber alors qu'il ne tenait plus sur ses jambes. Il pencha la tête sur le côté, confus.
— Donne moi deux secondes, finit-il par déclarer.
Le nouvel arrivé resta de marbre, certes un peu confus, mais il laissa Hinata fermer les yeux et essayer de se souvenir de où il l'avait déjà vu. Après quelques instants, il rouvrit les yeux lentement, son sourire grandissant de plus belle.
— Tu m'emmènes à la mer ? murmura-t-il doucement, sa voix se cassant un peu, les étoiles brillant dans ses yeux.
— Pas encore. J'ai envie de savoir qui tu es d'abord, répondit simplement le noiraud qui ne put empêcher un léger sourire à la vue émerveillée du plus petit.
Shōyō ressortit alors immédiatement son carnet, se disant que ce serait beaucoup plus simple que de devoir bégayer ses mots et essayer de visualiser les syllabes dans sa tête avant de pouvoir les prononcer proprement.
Il écrivit son nom sur une page, et l'entoura rapidement, avant de la lui donner.
Et sous le regard réservé du jeune homme qui répétait son nom en silence, il continua de laisser son stylo à bille rouler sur le papier, traçant des boucles bien rondes et régulières.
J'ai une leucoencéphalopathie multifocale progressive. Le médecin m'a dit que c'était une maladie très rare qu'on pouvait attraper seulement quand notre système immunitaire est très faible. C'est méga rare que des personnes de mon âge l'attrape, alors je suppose qu'ils étaient surpris, je suis spécial mais pas dans le bon sens :(
Quand il tendit ce morceau de papier au garçon, il se gratta la nuque en souriant timidement. Le noiraud sortit ensuite son téléphone, toujours sans dire un mot, et commença à taper des trucs rapidement dessus, laissant notre rouquin bien déstabilisé.
Après quelques minutes dans un silence de plomb, le noiraud finit par ranger son téléphone, l'air blessé.
— Tu vas finir fou, incapable de parler et de sortir de ton lit et tu vas mourir au mieux dans neuf mois au pire dans environ un mois ?
Hinata cligna des yeux, assez étonné, mais finit par baisser la tête.
— Oui, c'est ça.
Il continua de regarder ses pieds nus avec intérêt, s'attendant à ce que ce garçon reparte immédiatement. En même temps, qui voudrait commencer à fréquenter un fardeau comme lui ? Il n'allait lui apporter que des problèmes, et bien qu'il se sente déjà étrangement attiré par le brun, il se doutait bien que ce dernier n'avait pas spécialement envie de rester à ses côtés, lui, un mec mourant, faible, et aux portes de la démence.
— Alors j'ai intérêt à t'emmener voir la mer au plus vite, pas vrai ?
Il releva le regard vers lui brusquement, n'y croyant pas ses oreilles. Sa bouche resta entrouverte de surprise, ses yeux se remettant à pétiller de merveille et d'admiration envers l'inconnu, sans même qu'il ne le remarque lui-même.
— Je m'appelle Kageyama Tobio. J'espère que toi et moi on s'entendra assez bien.
Hinata resta avec la même expression, ce nom se répétant en boucle et en boucle dans son cerveau, comme s'il essayait de bien l'analyser, de mieux l'apprendre. Il finit par fermer la bouche (il n'avait pas envie de gober les mouches) et son sourire immense reprit place sur son visage, ses joues rougissant légèrement. Il hocha la tête vivement.
— Oui !
De l'autre côté du mur, Terushima les écouta converser en souriant tristement, son cœur se pinçant déjà. Il pouvait déjà voir parfaitement où leur relation allait, et ça ne lui faisait pas plaisir. Seulement, il ne pouvait rien y faire, il allait juste devoir être supportif et aider Kageyama quand ce garçon qui lui était déjà si cher allait quitter ce monde.
~bon mes chapitres sont assez courts mais voilà pour vous <3~
VOUS LISEZ
L'eau salée ondulant sur nos pieds [Kagehina]
Fiksi PenggemarLui, il n'avait qu'un rêve, rien qu'un souhait. Il voulait voir la mer, au moins une fois dans sa vie. Il voulait pouvoir mettre les pieds dans l'eau salée, il voulait sentir les vagues s'échouer contre ses mollets avant de repartir. Seulement, pour...