Vue de l'extérieur n'importe quelle personne aurait été émue de regarder cette scène semblable à une scène tout droit sortie d'un film familial qu'on regarde un dimanche soir, e la couette lumière éteinte. Des francs sourires sur le visage de ma mère, de mon père et essentiellement sur le mien. Des rires honnêtes qui fusent autour de la table pendant le dîner, des conversations sincères qui étaient devenues sourdes depuis la tragédie qui a brisé cette famille. Si je pouvais mettre le temps sur pause, cela ferait bien longtemps que j'aurai suspendu le temps afin que ces minutes durent des heures. Je pensais pouvoir vivre sans ma famille enfin sans mes parents plus exactement mais en les retrouvant il est impossible de fermer les yeux sur un manque evident que je tentais de dissimuler sous ma colère. Des simples phrases comme « Kiley passe moi le sel s'il te plaît ! » sur des tons joyeux et heureux m'appaisent et me calment. J'aimerais qu'on puisse être à nouveau une famille, rire , sortir, manger ensemble, faire ces trucs qu'on fait avec ses parents quoi.
Le bruit d'un couvert contre le carrelage m'arrache de mes belles pensées. C'est la fourchette de mon père qu'il a subitement lâché, il se tient à present la tête au niveau des tempes et froncent les sourcils les yeux fermés comme si quelque chose le frappait de l'intérieur. Ma mère et moi échangeons un regard paniqué avant de nous mettre à demander à mon père ce qui se passe, si nous devons appeler les pompiers ou s'il veut qu'on l'emmène à l'hôpital. Mais aucune réponse. Nous essayons de le lever afin de le déposer sur le canapé du salon et de l'allonger mais même couché la douleur ne semble pas diminuer. Après quelques longues minutes ses gémissements de douleur se calment puis il s'endort. Ma mère le recouvre d'un drap fin par peur qu'il n'ait trop chaud et nous revenons à table bien qu'aucune de nous deux n'ait encore une once d'appétit.
De longues secondes s'écoulent avant que ma mere brise le silence de glace qui régnait dans la pièce :
- Il s'agit sûrement d'une petite crise rien de grave.
Je la regarde et je sais qu'elle se rassure elle-même. Ce ne doit pas être facile de savoir que son mari n'a plus énormément de temps après avoir déjà perdu une fille. Mais je crais que se voilee la face ne fera que rendre la chute plus dure.
-Il est malade, on le sait, je souffle.
Elle baisse la tête comme si je lui apprenais la nouvelle à nouveau. Elle souffle, elle ouvre la bouche et la referme à plusieurs reprises. Elle prend une grande inspiration et dit :
-Tu ne nous a jamais raconté comment ... tu as trouvé Krystal enfin ... comment ... tu sais comment tu as vécu l'événement tu en as jamais parlé.
-Vous ne m'avez jamais demandé.
-Je suis forcée de te l'accorder, mais je ne te forcerai pas à parler, je n'ai pas joue mon rôle de mère j'ai réagi comme si mes deux petites filles étaient parties.
Un silence lourd s'installe de nouveau, à force d'être fermée et d'être cachée sous plusieurs remparts, il est difficile de s'ouvrir rapidement ou de s'ouvrir tout simplement. Je veux lui parler mais il faudrait déjà que les souvenirs veuillent bien rentrer dans l'ordre et cesser de se bousculer dans ma tête. Elle me voit froncer les sourcils, je le sais je sens son regard mais il me faut plus de temps. Combien? Je ne sais pas mais ... je crois que je dois me lancer où ça ne viendra jamais. Je respire et je commence:
-Je crois qu'on n'a jamais réussi à tourner la page car aucun de nous n'a vu qu'elle allait aussi mal. Elle était toujours aussi souriante même si elle parlait moins, je pensais que c'etait juste l'adolescence et que en grandissant chacune de nous deux avait ses petits secrets. Je m'arrête et essaye de continuer sur ma lancée malgré la difficulté de ce dialogue. C'était un jour comme un autre, je reprends, rien d'anormal à part le fait qu'elle n'était pas retournée au lycée l'après-midi et c'est vrai qu'en temps normal elle m'aurait prévenu mais bon on n'avait pas l'habitude de se pister ou de se rendre des comptes alors j'ai continué ma journée. En rentrant je suis allée dans sa chambre et elle était allongée endormie alors j'ai pas voulu la déranger j'ai filé dans ma chambre regarder la télé. Et ...
Les larmes me montent alors je m'arrête. Je n'entends même plus la respiration de ma mère, son souffle est comme suspendu. Je tente de reprendre, je sens qu'elle a besoin d'entendre la suite meme si elle l'a connaît déjà.
-Les heures ont passé et elle ne se reveillait pas, des larmes chaudes coulent à présent sur mes joues froides mais je continue en fixant un point dans le vide, comme si je racontais une histoire. Elle ne se réveillait pas alors je suis allée dans sa chambre elle s'etait endormie avec ses écouteurs comme tous les jours sauf qu'elle ne respirait plus, mes mains commencent à trembler mais je dois terminer... alors je l'ai secoué autant que je pouvais j'ai crié autant que je pouvais mais elle ne bougeait plus, elle ne respirait plus, son coeur ne battait plus, elle était plus là...
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La Fille Aux Tatouages
RomanceJe ne suis pas le genre de fille timide qui se cache de tous les regards. Bien au contraire. Les tatouages qui ornent mes bras et ma chevelure flamboyante suscitent plus d'un regard. Mystérieuse ou provoquante selon les avis, le fait est que il y a...