Chapitre 6 : Annie

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Je me levai péniblement de mon lit. Les traits fatigués par une nuit agitée et un manque de sommeil s'étaient creusés d'autant plus que l'inquiètude et l'incompréhension de cette situation me travaillait constamment. J'avais passé une bonne partie de la nuit avec Jean à consoler Marco en pleurs. Il avait exprimé son envie de rester chez lui pendant un moment, voire même de changer de lycée. Mon frère dormait encore, après avoir insisté pour nettoyer la maison de fond en comble après la fête. Je me dépêcha de me préparer, m'étant levée à la dernière minute pour dire de prendre le maximum de minutes de sommeil possible. J'allai prendre le bus et tombai sur Armin. Il me fit un sourire et me fit signe de venir m'asseoir à côté de lui.
"Salut Armin.
- Bonjour Elizabeth, comment vas-tu?, me demanda t'il poliment.
- Je ne sais pas vraiment, dis je en laissant échapper un petit rire nerveux. Et toi Armin?
- Ça va, merci, dit il avant de laisser un silence s'instaurer entre nous."
Généralement notre sujet de conversation était Eren mais il était clair que ce sujet était devenu plus que tabou désormais. Mais à ma grande surprise, Armin avait voulu percer l'abcès plutôt que de rester enfermés dans cette bulle de non-dits.

"Tu sais... je ne comprends pas vraiment ce qui se passe avec Eren, commença t'il nerveusement. J'ai l'impression qu'il n'est plus le même depuis qu'il est avec elle. Il était fou amoureux de toi Elizabeth... je ne comprends pas son geste. Il... il était inquiet et il paniquait rien qu'à l'idée que tu ne lui répondes pas pendant trente minutes. Le Eren que je connais est fou amoureux de toi. Il... Il m'a dit que vous aviez... que vous vous étiez... enfin... que vous vous étiez caressés. Il était tellement heureux, dit il en riant nerveusement. Pour être totalement honnête, il m'a dit qu'il avait prit son pied. Il me disait qu'il voulait organiser une petite soirée pour votre première fois, le jour de vos un an si tu étais prête. Il avait même acheté un cadeau et quelques préparatifs."
Je sentis ma bouche devenir complètement sèche, incapable de répondre à ce témoignage d'un Eren que je ne connaissais déjà plus.
"Il te disait tout à ce point là?, demandai après plusieurs minutes de silence.
- Avant oui, il me disait tout. Maintenant il évite des sujets. Quand j'essaie de comprendre pourquoi il est avec elle et plus avec toi, il me répond que c'est comme ça désormais et que je devrai m'y faire. Je... je ne comprends vraiment pas. Encore quelques jours avant votre rupture il me parlait des sentiments qui le dépassaient. Parfois, il avait cette impression de ne pas pouvoir être en mesure de contrôler l'amour qu'il avait pour toi, que tout cela devenait trop fort et impossible à gèrer.
- Tu..  tu crois que c'est pour ça qu'il m'a quitté?
- Je ne sais pas Elizabeth. Je suis vraiment désolé, dit il en regardant mes yeux s'embuer de larmes.
- Ça va Armin. Merci."

Le reste du trajet se fit dans le silence le plus complet. Ni Armin ni moi ne voulions parler de ce sujet sensible davantage. Le bus s'arrêta devant le lycée et nous sortîmes tous les deux. Il me fit un petit sourire avant de me souhaiter une bonne journée et de partir. Je rejoignis le devant du lycée pour attendre Jean quand j'entendis quelqu'un m'appeller. Je me retourna et vit Carla me faire un grand geste de la main. Elle se dirigeait vers moi avec Eren qui la suivait, une drôle de grimace sur le visage.
"Ma chérie, Elizabeth, tu te sens mieux?, demanda t'elle avec un large sourire.
- Pa...pardon?
- Et bien ça fait un moment que tu n'es pas venue à la maison. Eren m'a dit que tu ne te sentais pas très bien. Je suis contente de voir que tu vas mieux. Tu viens à la maison dîner avec nous ce soir?, dit elle avec enthousiasme."
Je lança un regard vers Eren, qui se contentait de fixer je ne sais quel insecte plus intéressant qui passer par là sur le trottoir.
"Tu ne lui as pas dit ?"
A ces mots la mère regarda son fils, un air inquiet sur le visage.
"Eren?, demanda Carla."
Eren ne disait pas un mot. Rien.
Ni même un son ne sortait de ses lèvres.
"Je vois..., dis je pour regagner l'attention de Carla. Votre fils m'a quitté comme un malpropre du jour au lendemain. Et maintenant il s'amuse à emballer une fille devant moi en me claquant devant tout le monde qu'il ne m'a jamais aimé et qu'il me trouvait répugnante. Tellement grosse et moche que même baiser avec moi était impossible. Je continue Eren?
- Non s'il te plaît...Maman.., dit il en se tournant vers elle.
- On en parlera à la maison. Je suis désolée Elizabeth., dit elle avant de partir."
Eren l'observa avant de me lancer un regard. Je vis qu'il était prêt à me dire quelque chose.
"Non. Fermes là. Je n'ai pas envie de t'écouter. Je n'ai même pas envie de te voir. Tu me répugnes."
Ces yeux s'équarquillèrent et il se mordit la lèvre. Je vis ses ongles se planter dans sa peau.
"Ça fait mal n'est ce pas? Tu l'as mérité gros con. Vas te faire foutre maintenant.
- Eli..., dit il suppliant."
Je ne pus l'empêcher. Le geste partit plus vite que je ne pus comprendre et me contrôler. Une énorme giffle vint se planter sur la joue d'Eren.
"Vas. Te. Faire. Foutre. Jaeger, sifflai je."

Je partis sans rien dire de plus mais sentis une main prendre mon poignet.
"S'il te plaît... laisse moi t'expliquer...
- Putain de merde Jaeger, laisse la tranquille où je t'en fous une, dit alors Jean en sortant de sa voiture.
- C'est bon je veux juste lui parler, implora Eren.
- Je t'ai dis que je ne voulais plus te parler, plus te voir Eren. Tu m'as quitté. Tu m'as humilié. Qu'est ce que tu veux de plus?
- C'est pas de ma faute Eli, je voulais pas que ça se passe comme ça.
- JAEGER! JE VAIS TE DÉFONCER LA GUEULE!"
Je ne pus même pas prendre le temps d'intégrer ce qu'Eren essayait de me dire lorsqu'une voix en colère se mit à retentir dans toute la cour. Une blonde, avec son nez particulier et ses yeux bleux en colère se dirigea furieusement vers Eren.
"D'où tu t'amuses à divulguer des choses comme ça sur Twitter?! Ça t'éclates hein?! Ça t'éclates de détruire tout le monde?! Mes parents m'ont téléphoné, ils m'ont parlé de m'envoyer en pension à causes des délits que j'ai commis. Tous les magasins ont ma tronche affiché sur leur vitrine! Tu veux jouer?! Tu vas morfler Jaeger parce que moi aussi je peux dénicher tes secrets et je suis sûre qu'ils sont plus crades que les miens. Vas te faire foutre Jaeger! Tu n'aurais jamais dû commencé cette guerre, cria t'elle en tendant son doigt pointé près du visage d'Eren."
Elle partit après l'avoir tué du regard. Je me dirigea vers Jean et on alla en cours tous les deux. Je sentais que je décrochais petit à petit en cours, trop de pensées encombrant mon esprit.
Je rentrai chez moi et ne faisais plus mes devoirs désormais. Je traînai alors sur Twitter et vis le fameux post concernant Annie. <@suicidalbastard a publié des photos>. C'était un post comme d'habitude, avec des photos d'une personne en train de voler dans divers magasins, accompagné du nom @bad_annie et de sa photo. Une main se posa sur mon épaule.
"Tu es rentrée tôt aujourd'hui, me dit Livaï.
- Je n'avais pas anglais.
- D'accord, dit il avant de s'asseoir. Hey, on se fait un film d'horreur ce soir? J'ai envie de passer du temps avec toi.
- Avec plaisir, dis je en souriant."
Je posa mon téléphone et m'installa contre lui tendrement. En sentant le réconfort et la présence de mon frère, je me mis à pleurer dans ses bras pour évacuer toute la pression des derniers jours.

"Tu vois je t'avais dis qu'ils allaient nous refaire le coup de la personnalité multiple dûe à un trauma de l'enfance, soufflai je.
- En même temps quand on est des réalisateurs sans ambition... je t'avais dis que l'autre film serait mieux.
- On a qu'à le mettre.
- Eli, il est déjà 01h00. On s'en est déjà matté deux à la suite.
- Mais tu travailles pas demain?
- Non. Mais toi tu as cours.
- J'ai qu'à ne pas y aller, dis je alors."
Silence. Livaï me regarda, un sourcil froncé.
"Tu sais c'est important d'aller en cours. J'ai séché quasiment toute ma scolarité, regardes moi maintenant. Je trime comme un dingue juste pour gagner un salaire correct. Alors ne fais pas la même erreur que moi.
- Juste une journée. J'y retournerai après.
- Bon. Je vais lancer le film alors. Mais viens plus près de moi, j'ai froid."
Je me mis à rire et me blottit contre lui.

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