Chapitre 18 : Rita

161 11 37
                                    

Je rendais visite à Eren tous les jours à l'hôpital avant qu'il ne soit transféré pour trois jours dans une section psychiatrique un peu plus sévère au niveau des visites. Nous avions droit de venir le voir mais les bijoux et les objets de l'extérieur étaient interdits.
Eren était assis sur son lit d'hôpital en train de lire un livre. Il leva les yeux vers moi et me glissa un sourire.
"Tu es venue, murmura-t-il dans un soupire de soulagement.
- Je t'ai promis que je viendrai Eren, alors je suis venue, dis je avant de m'asseoir à côté de lui.
- Oui... C'est juste que... tout le monde ne viendra pas...
- Il faut leur laisser du temps pour certains. Mais ils tiennent à toi Eren. Il y a beaucoup plus de personnes qui tiennent à toi que tu ne le penses.
- Je sais pas...
- Armin est aussi venu te rendre visite, répondai je en jetant un oeil au livre.
- Ah. Oui. Il m'a prêté un livre en voyant la qualité de ceux que je pouvais prendre içi. Surtout que je n'ai pas le droit d'avoir mon portable.
- C'est strict mais c'est nécessaire. Au moins elle ne peut plus t'atteindre Eren. Tu peux penser un peu à toi.
- Et à quel point je suis un râté?
- Tu n'es pas un râté Eren.
- Bien sûr que si. Regarde toute cette histoire depuis le début... tout est de ma faute. J'aurai jamais dû accepter sa proposition. J'ai..."
Sa voix se coupa alors qu'il se mordait les lèvres pour ne pas pleurer. Je plaçai mes mains sur ses joues délicatement et l'embrassai pour qu'il se sente en sécurité avec moi. Il s'effondra contre moi comme un enfant. Je le serrai et caressai son dos et ses cheveux tout en lui murmurant de se calmer, que tout allait s'arranger, qu'il n'était pas seul. On resta comme cela pendant un moment sans qu'il ne bouge. Il restait collé à moi pour bien sentir ma chaleur corporelle et savoir que j'étais encore là.
"Je pensais que c'était juste quelques menaces...
- Dis moi, murmurai je tendrement.
- Elle m'a montré ce qu'elle avait sur Jean, sur toi, sur Marco. Je... Je voulais pas qu'elle mette ça en ligne donc j'ai obéi.
- Elle t'avait demandé de me quitter?
- Oui, affirma-t-il avec difficulté. Elle m'a dit plus tard que c'était pour éviter que j'ai quelqu'un à qui me confier. Elle voulait que je sois seul, rejeté de tous.
- Pour que ton secret te brise encore plus.
- Oui, hocha-t-il.
- Comment elle a fait pour te forcer par la suite? Pourquoi tu n'as rien dit?
- Elle me sortait toujours de nouveaux secrets à protéger. Si je ne faisais pas ce qu'elle disait, elle les publierait. À chaque fois c'était la même chose. Et... je savais qu'elle finissait toujours par le faire quand même alors je lui ai dis que j'allais le dire à quelqu'un. Et c'est là qu'elle m'a sorti les photos de Mikasa et de... ton frère. Alors... j'ai encore obéi.
- Tu... savais déjà pour mon frère?
- Oui... Je suis désolé...
- Ce n'est rien. Continue.
- Je... je savais que ce que je faisais était mal. Mais... je... je sais pas. J'arrivais pas à penser au fait que je pouvais me faire aider... J'avais l'impression que tout était foutu. Plus je m'enfonçais, plus je me laissais couler dans la douleur et la solitude. Je ne voyais plus aucune solution. Même si Mikasa voyait que j'allais mal, me demander ce qui se passait. Je... Je ne voyais pas de bonne fin à tout ça.
- Elle t'a conditionné, dis je alors. Il hocha la tête.
- Quand je me connectais sur mon compte Twitter, un brouillon était déjà prêt. Mais elle me forcait à cliquer moi-même sur le bouton publier. 'Publies ce que je te donne', c'est ce qu'elle me disait. Elle me hurlait toujours que j'avais moi-même publié le secret et non elle. Que c'était moi qui avait cliqué et envoyait la bombe même si c'était elle qui avait allumé la mèche.
Elle me surveillait tout le temps aussi. Elle était toujours chez moi pour me regarder, pour vérifier si je ne t'envoyais pas de messages. Si je ne parlais à personne de tout ce qu'elle me disait. Elle me dégradait à longueur de journée. Quand elle était avec moi, elle restait sur son téléphone et ne cessait de me critiquer ou de critiquer mes amis et ma famille. Elle me rappelait que j'étais seul, inutile. Elle me rappelait à quel point tu étais proche de Bertolt. Elle prenait des photos de vous pour me les montrer. Un jour, j'en ai même retrouvé sur mon lit. Elle les avait fait imprimés pour que je les ai. Je me sentais si vide...
- Oh Eren..., soufflai je.
- J'aurai dû l'arrêter... mais j'avais tellement peur. J'avais peur qu'elle ne mette ses menaces à éxécution. Mais quand j'ai compris qu'au final, elle le ferait quoi que je fasse... j'ai essayé de trouver de l'aide. C'est pour ça que je t'en ai parlé. Parce que... Malgré tout ça, tu étais venu m'aider à la maison. Alors... je me suis dis que... même si tu m'aimais plus comme avant... peut-être qu'on pouvait quand même continuer à se voir. Et peut-être que je pouvais...
- Vivre?, demandai je.
- Ouais... Mais... Te voir avec Bertolt me faisait mal. Voir que j'avais perdu tout ce que j'avais avec toi, avec les autres me faisait mal. Et les derniers jours ont été une descente aux enfers. J'avais même réussi à perdre ma mère... Elle ne voulait même plus me parler ou me regarder. Quand j'ai découvert qui j'étais... du moins... ce que j'étais... J'ai compris que je ne pourrais jamais être aimé parce que je suis une abomination...
- Tu n'es pas une abomination. Ta mère te l'a dit. Je te le dis. Tu es quelqu'un de formidable qui a juste besoin de se retrouver après beaucoup de traumatismes.
- Je... Je suis pas celui à plaindre... J'ai fais du mal à tout le monde.
- Mais on t'a fait du mal aussi. Tu as le droit de te reconstruire, tout comme tout ceux qui ont subis la foudre de cette... salope."
Eren laissa échapper un petit rire avant de venir caresser mon visage. Il scrutait tous les recoins de ma peau et posa sa joue contre la mienne.
"Je... Je veux que tu saches à quel point je t'aime. J'ai été un con de me laisser avoir. Je suis désolé d'avoir osé te dire des mots blessants que je ne pensais pas. Elizabeth... tu es vraiment magnifique. Tu es belle à l'intérieur et à l'extérieur. Je... Je ne pensais pas que tu me choisirai face à Bertolt... Je me sens toujours mal de t'avoir fait choisir et de l'avoir blessé... Parce que c'est le seul que j'ai vraiment publié de mon plein gré. Mais... en même temps je suis si heureux de te savoir à mes côtés. Si heureux de sentir mon coeur battre à la folie quand tu me regardes. Je suis perdu et je sais plus quoi faire... Je veux juste rester blotti contre toi.
- Je me sens encore mal pour Bertolt car il m'a apporté beaucoup de choses. Il m'a guéri et c'est un garçon formidable. Mais... mon coeur te choisit toi. Il te choisira toujours toi Eren. Parce que je t'aime depuis toujours et rien ne me fera changer d'avis. Rien du tout."
Je posa les lèvres sur les siennes et l'embrassai tendrement. Il me rendit ce baiser plein d'amour tout en me serrant contre lui.

Free MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant