Chapitre 3 : Elizabeth

173 15 4
                                        

[Publiée le 30 juillet 2020 / Mis à jour le 18 janvier 2022 - suppression des coquilles et réécriture avec ajout de certains passages]

Mon téléphone tomba lourdement au sol tandis que mes larmes se mirent à couler sur mes joues sans pouvoir s'arrêter. Je fus prise d'une énorme douleur à la poitrine et eus envie de vomir. Je me mis à hurler pour évacuer le mal-être ancré au plus profond de mon âme.
On toqua à la porte.
« Elizabeth, tout va bien?, s'alarma Livaï. »
Il essaya d'ouvrir la porte verrouillée sans succès et commença à essayer de l'enfoncer.
« Ouvre moi Elizabeth! »
Mes forces me quittaient et je m'effondra à genoux au sol. Livaï parvint à enfoncer la porte et me prit contre lui.
« Elizabeth... qu'est ce qu'il y a ? Tu t'es fais mal quelque part? »
Je me nicha contre lui et me mit à crier encore plus fort. Il essaya de me calmer tant bien que mal avant de voir mon téléphone au sol, encore ouvert sur le message.
Un seul texto, trois mots. Aussi violent qu'une balle de revolver en plein cœur :

[Je te quitte.]

« Oh Eli...., murmura Livaï. »
Il me porta et me mit sur le lit pour me caresser les joues.
« Hey... te mets pas dans ces états là pour lui. C'est un enculé qui ne te mérite pas. Regardes-moi. Il va s'en mordre les doigts. »
Les mots de mon frère ne parvinrent pas à m'atteindre et ne trouvèrent que l'écho de ma chambre comme seule réponse. Je me laissa tomber sur le lit, effondrée. Je passa une bonne semaine à ne voir personne et à ne parler à personne. J'envoyai de nombreux messages à Eren, lui demandant pourquoi ce geste si soudain. J'essayai aussi de l'appeler, de lui parler mais il s'était complètement fermé à toute communication avec moi.

[Jean 10h44 : J'arrive chez toi.]

Perdue dans mes pensées, je ne vis pas le temps passer entre ce texto et l'arrivée de Jean dans ma chambre. Je sentis sa main se poser doucement contre mon épaule.
« Hey Eli... il faut pas que tu te renfermes comme ça sur toi. Viens là, je vais t'aider à te préparer et on va aller faire un tour. Qu'est ce que tu en dis? Si on allait acheter quelques livres?, proposa-t-il avec tendresse.
- Je sais pas...
- Ça va te faire du bien. Allez viens bébé. »
Il m'aida à m'extirper du lit et m'emmena dans la salle de bains. Il me laissa prendre une douche et m'aida à me brosser les cheveux et les sécher. Je m'habilla et il me prit la main pour descendre. Livaï vint tout de suite vers moi et me donna de l'argent. Il me donna un rapide baiser sur le front.
« Amuses toi bien petite sœur, dit il avec amour. »
Je hochai la tête et partit avec Jean au centre commercial. On entra dans une librairie et on se balada en regardant les nouveautés. On ressortit avec quelques achats pour Jean sur comment faire du latte art. On décida de boire un milk-shake et on discuta un peu. Jean s'efforçait de me faire rire ou du moins sourire alors je lui répondais par quelques légers sourires pour apaiser son inquiétude.

Je retourna au lycée après un week-end passé avec Jean et Livaï à mes côtés. Je retrouva Marco qui me salua avec un grand sourire.
« Je suis content de te voir Eli.
- Merci Marco, tu vas bien?
- Très bien, et toi? Comment tu te sens?, demanda t-il avec un sourire gêné.
- Ça peut aller, répondis-je sans grande conviction. »
Jean me prit la main et on alla voir les autres. Ils m'accueillirent tous avec grand soin. Je fus soulagée de ne pas voir Eren. Je ne pris pas la peine de savoir où il était non plus.
Néanmoins, je le vis plus tard dans la journée. Il était enlacé, bloqué dans une étreinte et un baiser des plus langoureux avec Emily. Il n'y allait pas de main morte et s'affichait devant tout le monde sans retenue.
Jean se mit à avancer dans sa direction, devenu aussi enragé qu'une bête sauvage. Il poussa Emily et toisa Eren.
« Tu n'es qu'un sombre connard et un enculé de première Jaeger.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- T'es sérieux là? T'es heureux en jouant au con comme ça? À t'afficher devant elle? - à ces mots Eren regarda par dessus l'épaule de Jean pour trouver mon regard puis détourna aussi vite les yeux.
- Et alors? »
Un poing atterrit très vite dans le joli visage d'Eren qui se tint la joue après cela.
« Vas te faire foutre fils de chien, siffla Jean. »
Marco et Jean me prirent la main et m'emmenèrent ailleurs. Les larmes ne coulèrent pas. J'avais déjà trop pleuré. Seule une douleur amère se répandit dans mon être. Cette douleur me détruisait de jour en jour. Eren Jaeger avait détruit mon cœur.

Cette nouvelle relation avec Emily avait vite fait le tour du lycée. Il n'hésitait jamais à l'enlacer et l'embrasser devant tout le monde. Chaque jour j'essayai de l'éviter pour me porter mieux et pour guérir. En traînant avec Marco et Jean, je parvenais de temps en temps à être heureuse. Du moins, mes préoccupations étaient mises de côté.

Cependant le répit fut de courte durée. Alors que je sortais de la voiture de Livaï, je fus interpellée par des gens qui se moquaient de moi. Livaï leur jeta un regard glacial et ils se calmèrent. Alors que je pensais que cela était un épisode isolé, je compris que la partie immergée de l'iceberg m'attendait à l'intérieur. Jean s'avança vers moi, l'air inquiet.
« Eli, tu vas bien?
- Oui... qu'est ce qu'il se passe ?
- Tu n'as pas vu ce qu'Eren a posté sur Twitter?
- Non j'évite de regarder, dis je en regardant sa mine décomposé. Qu'est ce qu'il a fait?
- Je... Regardes, finit-il par dire. »
Il me donna son téléphone, ouverte sur la page Twitter de @suicidalbastard. Une seule photo était montrée sur ce tweet et pourtant des milliers de likes, de retweet et de réponses. La photo montrait une page de mon journal où j'écrivais les pensées les plus honteuses qui me passaient dans la tête. Le tout était accompagné de l'inscription @eli_berty.

<Immonde. Répugnante. Pleine de merde. Des mots aussi durs qui résonnent à longueur de journée. Un corps rempli de gras. De la cellulite sur ces cuisses dégoulinantes de graisse. Un cul énorme. Je voudrai juste pouvoir m'aimer et m'accepter. Je n'y arrive pas. Je n'y arriverai jamais. Une grosse vache bonne à crever.>
Certes, ce n'était pas une photo volée et cela aurait pu être bien pire mais pour moi, ce tweet était une trahison. Il avait révélé une facette cachée de moi même et avait déclenché un florilège de réponses humiliantes et haineuses sous les coups des #fatgirl #diefatbitch #bodyshaming #disgustingfat.
« Je vais le défoncer cet enculé, dit Jean méchamment. »
Je vis Eren passer avec Emily, celle ci arborait un énorme sourire. Elle s'arrêta pour me regarder avec fierté, toujours en étant aux bras de mon ex.
« Tu sais Eren méritait tellement mieux que toi. Maintenant qu'il est avec moi, nos deux corps sont enfin homogènes tu vois. Eren a un corps tellement sexy, traîner avec un gros tas comme toi était un supplice pour lui.
- Tu le penses aussi?, demandai je en regardant Eren qui avait le regard fuyant. Réponds-moi Eren. Tu le penses toi aussi?, insistai-je.
- Oui, répondit-il en me regardant droit dans les yeux. Je ne t'ai jamais trouvé belle. »
Mes larmes commencèrent à couler.
« Alors tu m'as menti pendant cette année?
- Ouais. Je voulais juste tirer un coup. Mais t'étais même pas capable de le faire avec moi. Même pas capable de me donner ce que je voulais. Ton corps est tellement dégueulasse que tu n'oses pas le montrer et tant mieux. J'imagine pas la tête que ferait des gens s'il te verrait. Je t'ai menti en te disant que tu étais belle. Je ne t'ai jamais aimé, pourtant j'ai pensé que j'étais amoureux à un moment mais non. Le véritable amour, Emily me le montre désormais. Je n'ai jamais été aussi heureux que maintenant, affirma-t-il avec un sourire. Maintenant si tu le veux bien je vais passer du temps avec ma fantastique petite amie que j'aime. Au revoir Eli. »

Ces mots étaient tranchants comme la lame d'un couteau de cuisine posée sur ma gorge. Jean ne semblait pas réagir devant autant de violence. Il m'emmena dans les toilettes handicapés pour aider à me calmer. Jamais de ma vie entière je n'avais subi une telle trahison et une telle humiliation. Je n'étais plus qu'une coquille vide.
« Qu'est ce que j'ai fais pour mériter ça?, demandai je entrecoupée de pleurs.
- Rien Eli. Ce n'est pas toi. Tu es quelqu'un de formidable Elizabeth, crois moi. »
Je me serra contre lui tout en pleurant pendant ce qui semblait être de longues minutes.
« Je comprends pas ce que j'ai fais de mal... Je comprends pas à quel moment ça a foiré..., pleurai-je.
- Encore une fois, ce n'est pas toi qui a fait quelque chose de mal Elizabeth. Il a décidé tout seul de tout faire foirer. C'est lui le coupable dans cette histoire. - Tu es le meilleur ami parfait Jean.
- Évidemment, dit il avec un sourire. Et toi aussi tu l'es. Tu es géniale Eli, ne laisse personne te persuader du contraire. »

Trois derniers mots. J'avais trois derniers mots à lui dire.


[Elizabeth 22h51 : Je te déteste.]
[Eren 22h56 : Je sais.]

Free MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant