Le Reveil du Phoenix (Tome 1)

Chapitre 10 : Tensions

Comment devait-elle réagir ? Les symboles avaient-ils au moins la même signification que les siens ? Rien n'était sur, cependant elle ne pouvait se permettre d'avoir le moindre doute.

Elle brûlait d'envie de savoir si ces signes lui donnaient les mêmes pouvoirs qu'elle. D'un autre côté, Alice ne tenait pas vraiment que son secret soit ébruité. On la dévisageait suffisamment pour lui faire passer l'envie d'être considérée comme une mutante ou quoi que ce soit d'autre. Signifiaient-ils qu'elle avait transmis ses pouvoirs à un inconnu et cela voulait-il dire que d'autres gens étaient susceptibles d'être comme elle ? Toutes ses questions ne la quittaient plus, elle n'en dormait quasiment plus la nuit, tiraillée entre l'envie d'en savoir plus et celle de se cacher et d'oublier cette terrible nuit où elle n'avait pas pu sauver la mère de son ami. Son dernier regard et son sacrifice venait la hanter au détour de chaque seconde. Ainsi, Alice commença à éviter Thomas, comme si la moindre occasion pouvait lui rappeler l'accident et le rôle qu'elle y avait joué. En classe elle s'asseyait le plus loin possible de lui et tentait par tous les moyens de ne pas croiser son regard, même lorsqu'ils étaient ensembles avec Mathieu et la bande.

« - Alice ?

- Hum ?

- Qu'est-ce qui ne va pas entre toi et Thomas ?

Alice leva un instant les yeux vers Mathieu et répondit maladroitement, prise au dépourvu :

- Euh, rien je ne sais pas, je ... rien. Pourquoi ?

- J'en sais rien, on dirait qu'il y a un malaise, toi qui le fuis, lui qui t'observe comme si il avait vu un fantôme ! Vous avez l'air super weird.

- Bah écoute, tu me demande s'il y a quelque chose, non il n'y a rien. »

Il décida de battre en retraite, voyant bien qu'il ne pourrait pas lui soutirer plus d'informations pour le moment. Lorsqu'Alice voulait cacher ce qu'elle ressentait ou ce qui lui arrivait, il était quasiment impossible de la faire parler. Mathieu haussa les épaules, découragé. Il se dit qu'il demanderait sûrement à Calypso, qui avait le don de pousser les autres aux aveux. En attendant, ces deux-là ne semblaient pas prêts de changer de comportement, et continuaient à s'épier mutuellement, se cherchant et s'évitant dans une parodie épuisante du jeu du chat et de la souris . En dépit de son bon caractère et sa gentillesse légendaire, c'est Thomas qui prenait le rôle du chat, tandis qu'Alice qui n'avait habituellement peur de rien, ressemblait à un animal traqué.

Si elle évitait Thomas, elle ne parvenait pas pour autant à effacer les évènements de sa mémoire et développait une quasi obsession. Tous les soirs, la jeune fille revenait sur les lieux où ils s'étaient produits et passait une bonne partie de la nuit à réinventer le sénario, se demandant comme cela se serait-il passé si elle avait réussi à sauver les parents du jeune homme. L'idée d'être quelque part responsable de la mort de ces derniers la rendait folle. Le plus étrange, était cette présence qu'elle pouvait ressentir près d'elle, comme si l'esprit des derniers occupants n'avait jamais quitté les alentours de la maison.