Les Jeux de l'Expiation [Hunger Games]

Chapitre 11. L'arène fait des siennes

Incapable de soutenir son poids, les lanières de son sac cèdent et Haymitch s'écrase contre le tronc de l'arbre avant de chuter. Ses bras et ses jambes se referment par réflexe autour de l'écorce et ralentissent sa course, dont la fin est entièrement prédite par la gravité. Son corps heurte soudain une branche sur son passage et il ne peut retenir un hurlement de douleur lorsqu'il sent ladite branche lui broyer l'entrejambe. Sa tête semble exploser de douleur alors que, dans un élan de lucidité, il parvient à s'accrocher pour contrer la chute. Malheureusement, le bois n'est pas aussi épais que celui sur lequel il s'est logé plus haut et bien vite, la ramification ploie sous son poids. Le garçon a les yeux brouillés par les larmes acides de la douleur et entend le craquement sinistre annonçant que sa chute va reprendre. Incapable de faire quoi que ce soit, si ce n'est de s'agripper à son sac, il ferme les yeux et s'attend à se fracasser contre le sol.

Au lieu de cela, lorsque la branche casse, il tombe de moins d'un mètre et se foule la cheville. Il ouvre précautionneusement les yeux en tâchant d'ignorer au mieux son corps perclus de douleur. La douleur de son entrejambe est remontée dans son ventre si bien qu'il sent un déchirement horrible au creux de son estomac. Il vomit un liquide à peine consistant et la vue de sa propre déjection lui tord violemment les boyaux. Il roule sur le côté, loin de l'odeur acide que dégage le faible contenu de son estomac qui nourrit désormais les fourmis.

Un frémissement coloré à sa droite lui rappelle qu'il n'est toujours pas tiré d'affaire. Il repère son couteau fiché dans le sol à plusieurs mètres de lui mais il ne peut pas l'atteindre sans risquer de se faire piquer préalablement. Comme son sac est à proximité, il plonge son bras dedans, à la recherche de n'importe quoi qui puisse l'aider.

Lors de sa chute, la mystérieuse crème s'est ouverte et répandue sur ses affaires, si bien que sa main entre immédiatement en contact avec l'onguent visqueux. Ne s'attendant pas à rencontrer une telle texture, il retire précipitamment sa main du sac, par réflexe. Un des papillons bondit sur lui et il tend son bras pour l'empêcher d'atteindre son visage. Il s'apprête à sentir le dard de l'insecte se loger dans sa peau, démuni, mais au lieu de ça, un vrombissement suraigu provenant de la bête vient agresser ses tympans. Il voit l'insecte s'éloigner en battant follement des ailes, comme si sa vie en dépendait.

Haymitch met plusieurs secondes à comprendre le comportement de l'animal. En fait, il ne parvient à reconstituer le puzzle que lorsqu'un deuxième papillon l'attaque, puis bat en retraite. Le garçon laisse échapper un rire étranglé. Il a enfin compris l'utilité de la crème dégoûtante qu'il porte avec lui depuis deux jours : il s'agit d'un répulsif à insecte.

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A l'aube du troisième jour, il reprend sa route, malgré son corps maltraité qui proteste. Un mal de tête lancinant hérité de sa chute le ralentit considérablement mais l'air frais du matin lui fait du bien. Avant de partir, il a avalé un lambeau de bœuf et bu quelques gorgées d'eau, tout en prenant soin d'enduire la moindre parcelle de sa peau de l'onguent. L'odeur qui s'en dégage est affreuse et le garçon a bien vite fait de placer un morceau de tissu contre sa bouche et son nez pour ne pas vomir le peu qu'il a ingurgité il y a à peine une heure.

La veille, suite à l'attaque des papillons, il a juste eu le temps de ramper dans un recoin plus ou moins protégé avant que ses muscles ne refusent toute autre stimulation. Il est donc resté dans une position inconfortable jusqu'au petit matin, parvenant à dormir quelques heures, lorsque la fatigue prenait le pas sur la douleur qui semblait émaner de partout à la fois.

La journée défile sans anicroche et le garçon estime qu'il a dû marcher sur plusieurs dizaines de kilomètres. Il n'y a toujours aucune trace d'une quelconque limite de l'arène et, en fin d'après-midi, il commence à se demander si son plan n'est pas foireux. Il s'adosse contre un tronc d'arbre et laisse couleur plusieurs lichettes d'eau au creux de sa bouche. Dix minutes plus tard, il n'a pas trouvé meilleur plan et continue dans sa lancée.