Une nuit avec lui

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     Le soir de ce jour férié, les soldats organisèrent une petite fête improvisée pour le départ de certains, qui repartaient à Kattegat. J'en faisais partie, ainsi qu'Ivar et ses frères. En effet, un conseil de guerre avait lieu et nous ne pouvions pas le rater.
La journée tendue à cause de l'arrivée d'une garnison comblant les places vides au camp, cette soirée était l'occasion de détendre un peu l'atmosphère.

Comme attendu d'une fête organisée par les soldats, l'alcool coulait à flot, et bientôt, je me retrouvai, comme la plupart des hommes, presque ivre.
Avec le peu de conscience qui me restait, je décidai d'aller dans la Grande Salle pour manger un morceau.

En entrant, j'aperçus les quatre frères, mangeant et buvant à leur soif. Pourtant, quelque chose m'intriguait.

Des torches sur les murs éclairaient la pièce en la chauffant inutilement, un feu brûlant en son centre brouillant encore plus ma vue déjà troublée.
Un guerrier commença. La voix modifiée par l'alcool, il parlait d'Ivar et moi, et d'après ce que je compris, du fait que nous ne partagions pas notre chambre. Déjà, les odeurs de viande cuite et de champignons se changèrent en effluves d'alcool et de fumée presque inquiétantes.

Venir ici était un guet-apens.

Je ne compris que trop tard que la dispute de Björn et Ivar avait été ébruitée. Tous me regardaient avec des airs pervers. Un à un, les hommes se levaient lentement, comme des loups affamés. Focalisée sur les trois qui s'approchaient de la chaise d'Ivar, je ne vis pas les deux autres qui arrivaient dans mon dos. Bientôt, les hommes nous portaient pour nous déposer dans la maison d'Ivar, tout deux étants incapables de nous défendre. Nous nous retrouvâmes donc seuls, debouts au milieu d'une chambre vide.

***

A ce moment-là, j'étais plus gênée qu'autre chose, mon corps brûlant des effets de l'alcool. Ivar, s'asseyant par terre, semblait dans le même état d'ébriété. Encore relativement conscients, nous n'osions pas évoquer le sujet.
De longues minutes de silence passèrent avant qu'Ivar se lance.

« Je ne veux pas te faire subir ça parce que mon frère m'y force. Je sais que tu n'es pas prête et je le comprend. Restons-en là. » dit-il sur un ton de regrets cachés.

Effectivement je n'étais pas prête, mais si je m'écoutais, je ne serais jamais prête à rien.
Ma tête brûlait de chaud. J'aurais voulu éteindre toutes ces foutues bougies qui nous éclairaient et fuir le plus loin possible. Mais c'était impossible. Alors que mon esprit me criait de courir loin, mon corps ivre réclamait la chaleur de celui d'Ivar.

« J'ai vu ta dispute avec Björn. Est-ce que tu es réellement complexé par... toutes ces choses? Je veux dire, as-tu réellement envie de moi? »

Ma voix et mon cœur s'emballaient. A côté, Ivar restait imperturbable. Un malaise s'installa dans la pièce.

« Être le cinquième fils n'a jamais été facile. Pour les décisions, pour les honneurs, on demandait toujours en premier à Björn, puis Ubbe, puis Hvitserk. Que restait-il pour moi? »

Son ton se faisait colérique.

« Pour les femmes, c'était pareil. Quoi de mieux qu'un grand guerrier, fils de Ragnar Lodbrok pour passer la nuit? Tu n'es pas responsable de ce que mes frères me reprochent. Je ne veux pas te perdre! Peut-être suis-je à peine plus expérimenté que toi, et j'en ai retenu que les premières fois ne sont pas les plus faciles, ni les plus agréables. Nous sommes encore jeunes, nous avons tout le temps de faire ces choses-là, mais si je t'y force, qu'est-ce qui me dit que tu n'auras pas peur de moi ensuite. »

Ses paroles me touchèrent en plein cœur. Il tenait vraiment à moi, c'était une certitude. Seulement, il voulait aussi me protéger, et par la même occasion, il se détruisait lui-même. Cette solitude qu'il devait ressentir... Ce manque de confiance en lui, je pouvais le lui offrir.
C'était à moi de choisir si égoïstement je devais garder mon cœur en sécurité au fond de moi ou m'ouvrir à lui, prenant le risque d'être blessée à mon tour mais tentant de le libérer de sa peine.

Le choix m'appartenait.

***

« Ivar... »

Je respirai un grand coup.

« ...couchons ensemble cette nuit. »

***

Ivar me regarda. Il avait un air grave, comme pour me demander si mes propos étaient sérieux. Me voyant approcher, il se leva.

« Je ne peux pas... » chuchota-t-il.

Je pris sa main et la déposai sur ma poitrine.

« Tu es un grand homme. Tu peux faire ce que tu veux. »

Il se pencha pour m'embrasser timidement, avant que nos lèvres ne se séparent.

« Tu en es vraiment sûre ? »

Mon esprit ne réfléchit pas.

« Fais-le. »

***

Je me retournai, dos à lui.

Debout derrière moi, je ressentais son souffle chaud sur mon épaule. Il retira ma robe, hésitant, avant de déposer ses mains rugueuses sur mes hanches dénudées. Son torse frôlant mon dos, je ressentais tout de lui, sa chaleur, les battements de son cœur s'affolant, son bassin de plus en plus impatient.
Il déposa un baiser sur mon épaule, puis un autre, et enfin un troisième en remontant le long de mon cou, tout en caressant le creux de mon dos dans un mouvement langoureux m'arrachant un frisson. Sa bouche arrivée en haut de mon cou, il me réclama un baiser que je lui rendis en me retournant face à lui. Timide aux premiers abords, puis finalement passionné, notre baiser se faisait de plus en plus violent alors que nos corps s'attiraient mutuellement. Je défis les sangles en cuir de son haut, qu'il retira hâtivement et jeta par terre.

Il me souleva et plaça mes jambes au niveau de son bassin brûlant avant de me déposer sur le lit couvert de fourrures de bêtes.
Désormais, il se tenait debout en face de moi, mes jambes entourant les siennes pour ne pas qu'il ne se résigne. A la lueur des bougies, je discernait son corps musclé, la ligne de ses abdominaux taillés dans la pierre fuyant vers son bas-ventre, inévitablement gonflé d'envie.
Il se positionna au-dessus de mon corps frêle en comparaison, son bras nerveusement puissant plié à côté de ma tête. Aucun changement d'avis n'était désormais possible.
De sa main libre, il défit la sangle de son pantalon avec difficultés alors que je réclamais ses lèvres. Il replia son bras, son corps déjà transpirant se posant sur moi.

« Je t'aime. » dit-il simplement.

Enfin, il m'accorda son baiser brûlant, me soulevant le dos d'un frissonnement nouveau. Nos langues se goûtaient, jouaient ensemble, la soirée venant à peine de commencer.

Ce soir fut ma réelle première fois.

***

Nb: Le début du chapitre est un peu laborieux mais j'espère vous avez apprécié la petite fin...

A story of love and swords - Ivar x readerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant