Torvi

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/!\ Ce chapitre contient des petits spoils /!\

Une vingtaine de jours passèrent ainsi. Je m'entraînais avec mes soldats, parfois je croisais Ivar et nous passions du temps ensemble, ces moments nous rapprochant inlassablement. Il m'arrivait de temps à autres de repenser à ma vie d'avant, sur les terres de mon père, courant dans la forêt avec ma meute et profitant d'une vie de libertés, mais vivre avec Ivar me plaisait. Il n'était pas une contrainte, au contraire. Le côtoyer était une sorte de plus dans ma vie.
Des fois, il venait me chercher en pleine nuit et nous allions nous balader sur la plage ou dans la forêt. Être avec lui soulageait ma solitude. Il n'exigeait rien de moi, et moi rien de lui. Jamais il ne me réclamait d'attention, pas même une seule demande déplacée. Me croiser dans le camp semblait suffire à le combler. Pourtant, je voyais bien qu'au fond de lui, il souhaitait plus.
Parfois, pendant les soirées un peu trop alcoolisées, il m'arrivait de croiser son regard, un regard envieux, pénétrant. Mais je ne pouvais me résoudre à le soutenir. Je ne me sentais pas prête. Comme si quelque chose me bloquait.
La nuit, je pensais souvent à lui. Certains de mes rêves se transformaient parfois en des fantasmes mais le matin, je me réveillais plus troublée que détendue.

***

Le temps fuyait alors que le départ inévitable pour les descentes en Angleterre se rapprochait. Certes j'avais hâte de partir enfin en guerre, mais les journées au camp allaient me manquer. En dehors de croiser Ivar, ma présence ici était faite de pleins d'imprévus, heureux ou non, qui pimentaient ma vie. En fait je choisissais de vivre au jour le jour.

Ainsi, ce matin-là, je me levai avec ces pensées en tête. Je me préparai, enfilant une tenue légère et, quittant ma maison, je rejoignis le centre du camp. Aujourd'hui était un samedi, jour où les soldats allaient se baigner dans la rivière, en soit, un jour férié.

Le camp était en ébullition. Un marché avait pris place dans les rues et tout le monde était de sortie pour faire des provisions pour la semaine. Les vendeurs criaient, chacun négociait l'achat des produits dans un brouhaha joyeux. Mais dans cette ambiance vivante, aux odeurs de produits frais, je n'avais pas le temps de m'arrêter: aujourd'hui j'allais rendre visite à Torvi, la femme d'Ubbe, qui était arrivée hier dans la nuit.

Déjà en retard de bon matin, je coupai par une ruelle écartée de la rue principale, pressée, mais le bruit d'une voix familière m'interpella. Je me rapprochais de sa source.
Là, Björn semblait discuter avec Ivar.

N'ayant pas le temps de m'arrêter, je passai mon chemin, mais alors que je repartais, leurs tons semblaient de plus en plus violents.
Intriguée, je choisis de les espionner un peu plus longtemps.

Ivar semblait agacé, alors que Björn le menaçait. Tout se déroula très vite. Le plus jeune lança un petit souffle d'agacement, mettant le feu aux poudres. Enragé, Björn commença à insulter Ivar, qui fit volte-face, prêt à se jeter sur lui. A ce moment-là, Björn, prenant soudain un air supérieur, lança une pique à Ivar, prêt à exploser. Je ne compris pas tout de suite le sens de ses propos, mais voyant le regard meurtrier d'Ivar, je compris qu'il soulevait un sujet sensible. Connaissant le grand frère, un seul point le rendait supérieur à Ivar: l'écart du nombre de fois qu'ils avaient couché avec une femme dans leur vie, voilà ce sujet.
Attaquer son frère sur ce point de la part de Björn était vraiment détestable. Les deux prêts à s'entretuer, la main sur leurs épées, le moindre mot aurait déclenché l'explosion. Mon cœur battant d'angoisse, je me précipitai pour les arrêter, seulement, je n'arrivais pas la première. Une femme portant une arbalète sur le dos, les cheveux blonds tirés en arrière et la carrure d'une grande dame mit un coup de poing dans le nez de Björn, ce dernier saignant à flots. J'accourus retenir Ivar d'en rajouter une couche.

A story of love and swords - Ivar x readerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant