Le camp

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Ça y est, la nouvelle était tombée. Dans peu de temps, je serais mariée à un homme dont je ne connais actuellement pas l'identité, qui est probablement violent et je vais en plus devoir supporter ses soldats. Mon cœur se remit à battre rapidement alors que des larmes revenaient à l'assaut de mes yeux.
Assise sur le ponton principal du port, j'attendais que le temps passe. La garde allait bientôt venir me chercher.
Soudain, je repensais à la nuit dernière. A ma droite, dans le sable, je pouvais encore voir ce garçon, couché à côté de moi. Je me remémorai son toucher, ses mains sur mes hanches,... Comment oublier une nuit pareille?

Un poisson frôla mon pied, me faisant quitter mes pensées.

Chaque jour, à Kattegat, des dizaines de bateaux accostaient pour échanger leurs marchandises, aussi variées qu'il y a de cultures au sein de la Norvège.
« Un tel carrefour doit souvent faire face à des assaillants jaloux. », pensais-je.
Pourtant ici, il fait bon vivre. Le village est prospère, le peuple est bien traité et surtout, les environs sont magnifiquement variés. Au moins, si je dois vivre avec mon mari, je pourrais me balader...
Tout de même, quel genre d'homme peut bien être cet Ivar. Je ne l'ai jamais rencontré, faute de n'être jamais venue ici. Il paraît qu'il aime la violence, il doit donc sûrement être grand, et costaud. Ce ne sont que des suppositions mais peut être ne serais-je pas à son goût et il refusera le mariage? Qui sait...

Lassée, je lançai de l'eau avec mon pied.

« Fait chier! » criai-je.

***

Quelqu'un m'interpella, un garçon à peine plus vieux que moi, en armure complète.

« Mademoiselle, je fais partie de la garde qui vous amène au camp. Nous sommes sur le point de partir. »

Je me retournai et, prenant sur moi, lui répondis en souriant que j'arrivais. Il m'attendit quelques instants et une fois levée, m'accompagna vers mon cheval.
De dos, il ressemblait très fortement au garçon de la nuit dernière. Même corpulence, un tempérament assez doux, si ce n'est que ses cheveux n'étaient pas de la même couleur, ni de la même longueur d'ailleurs.
Mon esprit me jouait clairement des tours, de sorte que suivre ce garçon me mettait mal à l'aise. J'aurais tellement voulu au fond de moi le revoir, une dernière fois avant de partir... C'est à croire que les dieux me réservent un autre destin.

Je montai sur mon cheval, un gros animal brun, recouvert de fourrures en guise de selle. Heureusement, il semblait assez docile. Si le combat à pied et l'élevage de meutes de chasse ne me faisaient pas peur, la montée à cheval était une de mes difficultés principales. Les chevaux ne m'aimaient pas et je leur rendais bien. Je m'assis tant bien que mal sur la bête hennissante.

***

Au final, le voyage ne se déroula pas si mal. Bien que le vent fut frais, nous profitâmes d'un soleil radieux et la monture resta calme durant tout le trajet.
J'aperçus enfin le camp, après 5 heures de montée à cheval. Un amas de cases et de tentes bien plus grand que ce que j'avais imaginé. Comme prévu, mes soldats étaient déjà là, faisant connaissance avec les guerriers déjà présents. Je descendis de mon cheval, les jambes un peu tremblantes malgré la douceur de ma monture. Un esclave accouru me porter un manteau en fourrure alors qu'une tempête de neige se préparait. Il me fit visiter les lieux.

C'était un camp important, sûrement le plus grand de la région. Partout, autour de chaque chemin, des soldats s'entraînaient en se battant, ou bien en répétant des mouvements de combat. L'esclave m'expliqua que les soldats que je voyais n'étaient qu'en phase d'apprentissage et n'étaient pas encore formés. Il m'expliqua que les guerriers les plus vaillants s'entraînaient entre eux plus loin, au centre du camp.

« Leur entraînement sert aussi de spectacle pour les soldats blessés ou au repos. » enchaîna-t-il.
« Nous allons d'ailleurs passer devant. »

Il avait raison. Au centre du camp, se dressait une grande arène limitée par des barrières ornées de crânes de cerfs, et entourée de guerriers. À l'intérieur se battaient quatre hommes dont je ne pouvais pas distinguer les visages.

« Puis-je aller voir de plus près? » demandais-je.

« Bien sûr. »

Il me fraya un chemin parmi la foule. Depuis la place, je pouvais mieux différencier les soldats.
Un premier se battait sans boucliers, une seule hache à la main et semblait plein d'énergie. Il ressemblait d'ailleurs à un ours en furie, avec ses cheveux blonds tressés sur la tête.
Le deuxième était plus petit, brun, des tresses étranges dans les cheveux. Un bouclier à la main, il couvrait inutilement le premier.
Le troisième semblait agir seul. Une épée dans chaque main, il dégagea sa longue natte rousse de devant son bras. Lui aussi semblait fort, bien que moins bien battit que le premier mais les petits appuis qu'il effectuait sans raisons étaient bien évidement une perte d'énergie.
En face d'eux, se tenait un seul combattant, qui ne semblait pas particulièrement fort. Il avait simplement le physique d'un soldat normal. Je ne pus distinguer son visage ou ses cheveux car il portait un casque mais je sentais que quelque chose n'allait pas.
Comment un simple soldat pouvais combattre dans l'arène, en face de ces trois guerriers qui restaient clairement bien plus puissants que lui?

« Le dernier debout » hurla le premier, d'une voix violemment entraînante.

A ces mots, les trois guerriers chargèrent le quatrième en un cri digne d'une meute de loups. Je tournai les talons.

« De toute façon, le casqué n'a aucune chance. »marmonnais-je.

Mais alors que je venais de me retourner, la foule se mit à hurler: quelque chose venait de se passer. Je fis volte-face et à mon grand étonnement, le quatrième était toujours debout, contrairement au troisième, qui se tordait de douleur sur le sol. J'observai de plus près ce combat, pour lequel le public semblait être si excité. Et à ce moment je compris cet engouement. Dans l'arène se menait un vrai combat de maîtres. Alors que le premier et le deuxième jouaient sur leur force brute, le quatrième restait intouchable. Ce dernier parait tous les coups avec une précision hallucinante. Chacun de ses mouvements, chaque pas qu'il cédait semblaient parfaitement calculés. Avec cette minutie parfaite, il fit tomber le deuxième avec son pied et mit à mal la défense du premier, qui ne flanchait pas pour autant.
La fin du combat fut époustouflante. Après un échange de coups entre les deux guerriers, le dénouement s'annonçait serré. Ils se battaient à talent égal. Au final, aucun des deux ne put prendre l'ascendant sur l'autre avant que la tempête ne le fasse sur tout le monde.
Avant même que je puisse rencontrer ces soldats, l'esclave me tira à l'intérieur d'une tente pour m'éviter une rafale de neige.

A story of love and swords - Ivar x readerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant