1. Andra

2.4K 64 4
                                    

Parfois, je me demande si les choses valent vraiment le coup.

Comme lorsqu'on passe un temps considérable à se lisser les cheveux, pour qu'une fois dehors, il se mette à pleuvoir.

Ou lorsqu'on passe des années à étudier des matières qui ne nous serviront plus jamais dans la vie.

Mais surtout, comme boire à n'en plus tenir debout et se réveiller avec un mal de crâne abominable le lendemain matin.

Je me tourne dans le lit et vois César étendu à côté de moi, la bouche ouverte.

Il aura probablement une gueule de bois plus atroce que la mienne. Je me console en me disant que si moi, je peux passer la journée chez moi à cuver dans mon lit, lui ne va pas tarder à devoir se lever pour son entraînement de base-ball.

Je me lève et enfile mes vêtements de la veille tout en essayant tant bien que mal de remettre mes cheveux en ordre. Voyant que mon petit ami ne semble pas montrer signe de vie, je m'approche alors du lit et lui dépose un baiser sur la joue.

— Debout mon coeur, tu as entraînement aujourd'hui, rappelais-je.

Son unique réponse sera un grognement étouffé dans son oreiller, ce que l'on pourrait traduire par « Oui je vais me lever. »

César fait du baseball depuis trois ans maintenant et il n'a jamais manqué un entraînement. En partie parce qu'il est passionné et puis parce qu'il se ferait étriper par son coach de toute façon, dont la tolérance se rapproche approximativement de zéro.

Le nouvel an est passé depuis plusieurs jours maintenant, les cours reprennent et il est hors de question que les joueurs se reposent sur leurs lauriers.

— On se retrouve en bas, soufflais-je en passant la porte de sa chambre.

Je vois bien que je l'ennuie, mais ça m'amuse, il n'a jamais été du matin, j'ai fini par m'y habituer.

En bas, Liliane, sa mère, lit un bouquin. Son visage s'illumine quand elle m'aperçoit.

— Andra! Je ne savais pas que tu étais là !

Elle repousse ses cheveux blonds en arrière et se lève pour me saluer.

La mère de César a tout de la belle-mère idéale, c'est une femme intelligente, gentille et très ouverte d'esprit. Elle n'a que des garçons, alors elle traite ses belles-filles comme ses propres enfants, j'ai très vite été adoptée dans cette famille.

— On a été à une soirée chez un ami et on est rentrés très tard, Théodora nous a ramené tous les deux ici.

J'entre dans la cuisine et trouve le plus grand verre du placard pour me servir un jus d'orange bien frais. Liliane me suit et pose son livre sur le plan de travail. Je louche sur la couverture et remarque qu'il s'agit d'un livre sur la psychologie de l'enfant.

— C' est bien ? Demandais-je en m'asseyant.

Ma belle-mère le prend et hausse les épaules.

— On va dire qu'il est intéressant, mais plus très utile pour moi aujourd'hui. Mes fils sont grands, et aucune de mes belles-filles ne semblent décidées à me faire devenir grand-mère.

Je déglutis. Même si elle plaisante, je sais que Liliane n'attend que ça. Heureusement avant César et moi, ses deux frères aînés seront la cible de sa demande pendant encore quelques années.

Liliane adore sa famille et elle ne le cache pas, entre les dizaines de portraits de ses fils qui jonchent les murs de la maison et son implication dans leur vie quotidienne, on ne risque pas de la traiter de mère négligente. Au contraire, si je devais trouver un seul défaut à César, ça serait probablement qu'il a été trop chouchouté, et ça se ressent.

It wasn't a mistakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant