L'indigent et le bibliothécaire ~ Keskastel. Vol 1 [BxB]

Chapitre 24: L'assistant du ministre

Tristan s'était réveillé avec un mal de dos tenace, un mal de crâne digne de ses gueules de bois les plus mémorables et la sensation désagréable de perdre son temps pour aider son amant. Victor lui avait préparé un café en silence, mais n'avait pas jugé nécessaire de lui en dire plus pour le moment alors même que le bibliothécaire mourrait d'envie de poser un millier de questions.
Il savait seulement qu'ils attendaient quelque chose ou quelqu'un. Il dût patienter jusqu'à 11 heures à peu près lorsque des coups rapides retentirent dans l'appartement silencieux. Il se redressa sur la chaise qu'il occupait dans la minuscule cuisine et suivit Victor qui allait ouvrir d'un pas décidé. La stature imposante de l'homme lui cachait le nouvel arrivant mais il reconnut immédiatement ce ton empressé et lumineux.

-Thomas ? Qu'est ce que tu fais là ?

Victor s'écarta et Thomas s'avança avec un grand sourire.

-Tristan ! Je suis rassuré de te savoir en pleine forme...Enfin au vu des circonstances désastreuses que tu vis bien sûr... Rajouta t-il en sortant son paquet de cigarette de sa poche intérieure de veste.

Il s'avança sans hésitation jusqu'au salon et s'installa sans gêne sur le canapé. Tristan fronça les sourcils et jeta un coup d'œil à Victor. Le fait que le trentenaire bourru accepte sans protestations que le plus jeune fasse comme chez lui le plongeait dans la perplexité. Il resta debout contre la fenêtre et croisa les bras en les fixant.

-Alors Thomas...Est ce que tu sais ce qu'il en est pour Dev ?

-Pas plus que toi... Mais on devrait bientôt le savoir... rajouta Thomas en allumant sa cigarette.

Comme pour approuver sa phrase, de nouveaux coups retentirent à la porte. Victor sortit du salon pour aller ouvrir, laissant Tristan seul avec Thomas. Il tenta de l'interroger du regard mais son ami avait l'air étrangement fuyant.

Après quelques mots dont il ne perçurent que des sons, Victor revint dans le salon, accompagné cette fois de Florian Salvi.
Tristan se crispa. Il ne s'était pas attendu à voir l'assistant du ministre et il ne pouvait pas dire qu'il associait ce visage funeste à de bonnes nouvelles. L'homme semblait épuisé. De larges cernes entouraient ses yeux, ce qui accentuait la rougeur de la tâche qui lui mangeait la moitié du visage. Il était tout autant tiré à quatre épingles que d'habitude mais ses cheveux normalement impeccablement coiffés sur le côté semblaient bizarrement libre de toute contrainte.

Thomas s'écarta rapidement pour laisser une place à Salvi, lui jetant des regards préoccupés auquel ce dernier ne répondit pas. Le barman s'assit quand à lui de l'autre côté, sur un des bras du canapé.

-Je n'ai pas de très bonnes nouvelles. Commença Salvi en fixant son regard sur Tristan. Monsieur Moore n'a pas simplement été arrêté. Disons que Monsieur Goldberg est réellement décidé à le faire parler. Même si pour ça il doit employer des méthodes illégales.

Tristan entendit à peine les exclamations choquées de Thomas et les grommellements de Victor. Il ne pouvait s'empêcher de penser à Dev et ce qu'il devait endurer et son cœur se serra. Si seulement il avait été plus prudent...

-Cet espèce de bâtard de.... commença Thomas avec colère, se rallumant une cigarette alors que la première était à peine finie.

-Monsieur Goldberg. Je comprends votre effroi mais ça reste votre père. Et par pitié, cessez d'enfumer l'appartement de Victor, protesta Salvi en lui retirant la cigarette des lèvres d'un air agacé.

-Je peux pas vraiment dire que le gamin ait tort à ce sujet..Pour une fois. Père ou pas, c'est un sacré enfoiré et tu devrais pas le défendre, soupira Victor en prenant la cigarette des mains de Florian pour la porter à sa bouche avec un petit sourire narquois envers l'assistant qui levait les yeux au ciel et Thomas qui se renfrognait sur son côté du canapé en rougissant légèrement.