Chapitre 16: Stupeur

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Tristan était de bonne humeur ce samedi matin là. Même si la cérémonie d'ouverture de l'exposition promettait d'être ennuyeuse à souhait, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine fierté envers son travail et celui de Dev. Il avait pris l'un de ses costumes les plus soignés, s'était coiffé avec soin et avait mis quelques gouttes d'un coûteux parfum que Thomas lui avait offert une fois pour son anniversaire.
Il était assez satisfait de l'image que lui renvoyait le miroir. Et par dessus tout, il avait hâte de revoir Dev. Ces derniers temps, il lui devenait difficile de passer du temps loin de lui. Il espérait que le jeune homme ne s'était pas senti vexé par l'altercation avec le ministre. Avec un peu de chance, ils pourraient l'éviter aujourd'hui et se concentrer seulement sur le positif.

Il appela une voiture tirée par deux chevaux à l'allure nerveuse et demanda à se faire amener à la bibliothèque. Il était à peine 7 heures mais il avait encore à aller chercher sa clef pour déverrouiller les œuvres fragiles et précieuses, les installer lui-même et superviser les derniers préparatifs pour que la cérémonie se déroule sans accroc à 10 heures.

La carriole se mit à ralentir à l'approche de son lieu d'arrivée. Tristan qui songeait à ses tâches à venir sortit de ses pensées et se figea. Il y avait énormément de monde. Beaucoup trop de monde. Même si la cérémonie devait attirer un public conséquent, il n'était que 7 heures et demi et les badauds qu'il apercevait par la fenêtre n'avait pas tout à fait l'air d'être des aristocrates habillés pour l'occasion. Il aperçut quelques journalistes se frayant un chemin à travers la foule et un mauvais pressentiment se mit à l'envahir.

 Cette agitation n'était pas normale. Il tapa sur le mur de la cabine dans le dos du conducteur qui s'arrêta. De toute façon il devenait difficile d'avancer et il n'était plus qu'à quelques mètres de la bibliothèque. Il paya rapidement le brave homme qui ronchonnait et avança d'un pas rapide. Les sons tourbillonnaient autour de lui et il ne parvenait pas à en saisir une seule bribe. L'angoisse commençait à lui broyer les tripes.

Tout va bien , que veux tu qu'il se passe ? Se raisonna t-il en serrant les poings sur ses gants d'une blancheur impeccable. 

Plus il avançait et plus les badauds se faisaient rares. A la place il y avait des policiers. Énormément de policiers. Beaucoup trop. Ils étaient en train d'établir un périmètre de sécurité, ignorant les appels bruyants des journalistes qui se pressaient vers eux.

-Je... Je travaille ici. Que se passe t-il ?

Un agent le regarda d'un œil critique et lui dégagea le passage. Il ne répondit pas à sa question, ce qui ne fit qu'accentuer le sentiment de panique du jeune homme. Il avait l'impression d'avancer comme par automatisme. Il remarqua à peine qu'il était entré dans le bâtiment. Les différents employés qui auraient dû travailler étaient tous assis à différents endroits, certains se prenant la tête entre les mains, d'autres conversant avec une animation tout sauf positive. Il crut même voir la petite Mathilde de l'entrée pleurer. Mais que Diable était il en train de se passer ?

-Monsieur Duval ! Seigneur vous êtes enfin là !

Tristan se retourna vers Arthur qui accourait sur ses petites jambes, le visage marqué par l'angoisse.

-Arthur ! Qu'est ce qui se passe ici ? Pourquoi personne ne.. Et les policiers...

Tristan peinait à trouver ses mots, la bouche étrangement sèche et Arthur hocha la tête d'un air contrit.

-Vous devez vous rendre dans votre bureau Monsieur. C'est terrible... C'est une catastrophe il... Il y a eu un crime.

-Un crime ? S'étrangla Tristan en fixant le petit homme, cherchant un signe de plaisanterie sur le visage habituellement jovial.

L'indigent et le bibliothécaire ~ Keskastel. Vol 1 [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant