departure [1/2]

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- Je pars au Canada.

Damien porta faiblement son café brûlant à ses lèvres et les trempa légèrement dedans. Il regarda la fumée s'échapper de la tasse avec un certain intérêt, évitant ainsi le regard de son acolyte.

Il savait que cela devait arriver pourtant. Mais aucun son ne voulait sortir.

- Tu dis rien ? demanda son ami, la voix adoucie, fébrile.

Le plus grand soupira doucement.

- Tu veux que je te dise quoi ?

- Bah j'sais pas, un truc genre-

- Tu pars quand ? souffla-t-il.

Ce fût au tour de Thomas de tremper ses lèvres dans son café quelques secondes avant de répondre. Il prit une légère inspiration, comme ayant peur de la réaction de son ami.

- Demain. Demain matin.

Le cadet ne put s'empêcher de se crisper et de serrer sa tasse entre ses mains, malgré qu'elle lui brûlât la peau, lui donnant une couleur rougie.

- Ok.

Il regarda le reste du liquide noir bouger et faire de toutes petites vaguelettes lorsque la tasse était déplacée. Il aurait voulu lui hurler dessus, mais, à nouveau, aucun son ne parvenait à s'échapper de sa gorge. Il but une gorgée, se fichant bien de se brûler la langue ou la gorge.

Thomas le regardait, espérant que son cadet dise autre chose. Mais il vit bien que c'était comme si la conversation était terminée pour lui. Et il était impensable qu'elle se finisse comme ça.

- C'est vraiment tout ce que t'as à me dire Damien ?

Le concerné ne dit rien et but à nouveau une gorgée de son café fumant.

- Damien. J'te parle.

- Oui., soupira-t-il. Oui, c'est tout ce que j'ai à te dire.

La tension avait pris possession de la pièce et le silence régnait désormais. Seul le bruit du lave-vaisselle et le pied de Thomas, qui donnait sur le sol de petits coups réguliers et rapides, perturbaient ce silence de mort.

Après une trentaine de secondes dans ce silence insupportable pour l'aîné, ce dernier prit la parole, agacé.

- Putain mais tu peux pas juste dire « Thomas, je veux pas que tu partes » ? C'est si dur à dire comme phrase ?! cracha-t-il.

Surpris, Damien leva la tête vers son ami, pour la première fois depuis ces longues minutes. Thomas plongea son regard dans le sien et le cadet fut incapable de s'en détacher. Ses yeux étaient submergés d'une émotion indescriptible. Damien y lisait une certaine déception, une tristesse inexplicable et une colère.

Bien sûr qu'il ne voulait pas qu'il parte. Il aurait voulu lui dire. Mille fois. Il aurait voulu lui hurler.

Mais il ne pouvait pas.

Ça ne sortait pas.

Alors, il baissa la tête et garda le silence.

- Ouais, ça t'arracherait la gueule hein. Tu t'en tapes de toute façon..

Thomas baissa lui aussi sa tête vers sa propre tasse et la posa avec violence sur la table. Des éclaboussures de café s'envolèrent sur la table et le bouclé se leva brusquement.

- A demain Damien. Enfin, si tu viens me dire au revoir., cracha-t-il à nouveau.

Il prit sa veste et claqua la porte, avec le plus de force possible.

C'est à cet instant que Damien réalisa qu'il n'y avait pas que de la colère dans son regard.

Il y avait de la rage.

Damien n'avait rien dit. Il avait laissé comprendre qu'il se fichait bien d'où Thomas pouvait aller. Et ça, ça rendait malade son ami.

Ça le rendait malade de ne pas se sentir aimé, de ne pas se sentir important par l'être qu'il affectionnait le plus.

Ça rendrait malade n'importe qui.

Ne pas se sentir aimé par son meilleur ami.

Ne pas se sentir important.

Être un simple détail.

Alors que l'autre est tout son monde.

Ça rendrait malade n'importe qui.

N'est-ce pas ?

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[635 mots]

cc les moches 

nn c pas du tout visé, j'vois pas de quoi vous parlez

~ 𝐫𝐞𝐜𝐮𝐞𝐢𝐥 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬, 𝐭𝐞𝐫𝐫𝐚𝐢𝐧𝐤Où les histoires vivent. Découvrez maintenant