Arya ne pouvait détacher son regard du petit bosquet qui bordait les chutes. C'était dans cette direction qu'il venait de partir précipitamment, poussé par elle ne savait quelles motivations.
Était-ce son baiser qui l'avait fait fuir ? Étaient-ce ses sentiments qu'elle lui avait révélés indirectement par l'ancien langage ?D'ailleurs, pourquoi l'avait elle soudainement embrassé ?
L'elfe avait son idée là-dessus : leur nouvel échange devait avoir achevé de la convaincre de ce qu'elle ressentait pour le garçon.
À vrai dire, elle ne connaissait pas son nouveau nom avant de l'avoir confié à Eragon, mais était convaincue qu'elle n'était plus la même depuis un certain temps. À l'instant fatidique, Arya en était tellement sûre que, sans hésiter, elle lui avait dit ce qu'elle pensait être sa nouvelle identité, avec tout ce que cela impliquait.
Son impression avait été la bonne : elle le savait car elle avait ressenti cette impression si familière, accompagnée par la sensation unique de comprendre enfin à quel point les sentiments qu'elle avait pour le jeune homme étaient réels.
Tout cela l'avait poussée à l'embrasser sans pouvoir se contrôler, chose qu'elle n'aurait osé à aucun autre moment.Hélas, peu importait désormais, mis à part le fait qu'il l'avait rejetée. Oui, il n'y avait pas de doute, ni d'autres mots : le dragonnier ne voulait pas d'elle.
Ses réflexions cédèrent très vite leur place à la tristesse.
De fins filets de larmes commencèrent à couler de ses yeux, rappelant ironiquement, cruellement, la cascade qui grondait derrière elle. Elle n'arrivait plus à se contrôler. Son corps était parcouru de petits tremblements. Elle ne savait plus où aller. Fallait-elle qu'elle coure le chercher ? Une part d'elle l'urgeait d'y aller, mais les quelques restes de son orgueil le lui interdisaient.
Elle resta donc là, amorphe, assise à même le sol, pendant un moment qui lui parut durer des heures, le regard rivé sur les bois, comme si elle escomptait secrètement qu'il en resurgisse pour lui revenir.
Avant qu'elle ne cède au désespoir, son âme sœur vint la tirer de sa torpeur :
« Arya... Arya ? Tu m'entends ? demanda Fírnen. Saphira pense qu'Eragon est en danger, il lui a fermé son esprit mais elle a senti qu'il était inconscient. Elle est en route vers sa position. »À cette information, le sang de l'elfe ne fit qu'un tour. Ses réflexes reprirent le dessus sur son mental presque brisé, et elle courut bientôt en direction de l'endroit que Fírnen lui avait indiqué mentalement.
Plus proche d'Eragon que les dragons, elle arriva la première : c'était une petite clairière qu'éclairaient les premières lueurs de la lune.
La dragonnière ne tarda pas à le trouver, allongé sur le dos près d'un arbre. Il ne bougeait pas.
-Eragon ! cria-t-elle, affolée.
Après s'être approchée aussi vite qu'elle le put, accroupie auprès de lui, elle entendit sa respiration régulière qui la rassura un peu.
Le jeune homme semblait inconscient.
Elle se mit à terre et amena délicatement sa tête qu'elle posa sur ses genoux, portant ensuite la main à son front pour prendre sa température : il était brûlant.
Par leur lien mental, Fírnen sut qu'elle l'avait retrouvé. Il se mit à survoler la clairière pour s'assurer que rien ne les menaçait.
Saphira, quant à elle, atterrit précipitamment près d'Arya.
Approchant du museau son dragonnier pour le renifler, elle demanda :
« Est-ce qu'il va bien ? Il a l'air profondément endormi, et son esprit m'est inaccessible. »Arya s'en voulut de ne pas y avoir pensé : avec espoir, elle tenta de contacter Eragon mentalement comme il l'avait déjà fait pour elle dans le passé, mais se heurta instantanément aux défenses les plus imprenables qu'elle n'ait jamais vu. Elles s'apparentaient à de hautes murailles noires, sans aucune faille, aussi lisses que les parois de roche d'Helgrind.
-Je ne sais pas, répondit-elle en passant la main dans les cheveux en bataille du jeune homme, il n'a pas l'air de souffrir pour le moment, mais il a beaucoup de fièvre, ce qui est inquiétant.
« Il faut le ramener à Tarak'fell. Nous avons des guérisseurs qui pourront s'occuper de lui. »
-Bien sûr, répondit l'elfe en plongeant son regard dans l'oeil saphir de la dragonne, Fírnen va nous transporter tous les deux jusque là-bas, à moins que tu ne veuilles que je l'installe sur ta selle ?
« Non. Garde le auprès de toi le temps du trajet. Ce sera plus sûr. », dit-elle après avoir décollé pour que Fírnen ait la place d'atterrir à son tour.
Arya sentait l'inquiétude de la dragonne. Après être montée, elle plaça donc Eragon derrière elle sur le dragon vert, laissant sa tête reposer sur son épaule.
Ils se mirent en route vers la citadelle blanche.
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Eragon, Tome 5 : Le peuple Gris
Fanfiction100 années sont passées depuis qu'Eragon a quitté l'Alagaësia pour n'y jamais revenir. Après avoir vaincu Galbatorix, il s'attelle à forger un nouvel ordre de dragonniers. Arya, après un événement tragique, lui rend même visite à Tarak'fell, la mont...