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- Bonjour, dit Hera d'une voix fatiguée.
Elle ouvrit la fenêtre et ferma les yeux pour profiter de la brise matinale.
Jimin avait le dos voûté sur son ordinateur, les yeux cernés de noir et n'avait même pas remarqué l'apparition de sa petite amie. C'est peut-être pour ça qu'aujourd'hui quand il quitterait leur appartement londonien comme tous les jours pour rejoindre son agence elle ferait ses valises, rangerait consciencieusement ses t-shirts du côté droit et ses pantalons du côté gauche, elle mettrait le pull-over immonde qu'il lui avait offert le premier Noël qu'ils avaient passé ensemble dans la poche du haut seul, isolé, elle le garderait parce que même si il n'était pas parfait, qu'il grattait et sentait le chien mouillé quand il pleuvait, elle l'aimait.
Hera regarda le ciel, le temps qu'il faisait, c'était quelque chose de banal pourtant aujourd'hui ça lui écrasait la poitrine. Elle aurait tant aimé que le matin la première chose qu'elle entende ce soit "bonjour, bien dormi ?" et pas les aboiement de Mortimer le chien des voisins. Quand elle regardait chez ses voisins un élan de dégoût la gagnait parce qu'elle savait, elle savait que souvent en semaine, le soir, quand elle était sensée être au travail, Jimin sonnait à la porte blanche. Elle savait que Sophia leur belle voisine aux lèvres pulpeuses et aux yeux en amande lui ouvrait, l'attirait à elle et l'embrassait langoureusement puis qu'ensemble ils montaient à la chambre profitant que Marc le marie de Sophia soit sorti au parc avec Jonathan leur fils.
Hera resserra son gilet autour de son corps pour se protéger d'un coup de vent un peu plus froid que les autres. Il y a un peu plus d'un mois, Marc était venu toquer à sa porte, lui aussi savait, ils s'étaient toisés sans un mot, il avait fait demi-tour et elle avait fermé la porte. Il n'y avait rien à dire. Elle s'était effondrée au sol, avait cogné sa tête contre le dos de la porte et avait pleurée jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de larmes. Là, elle avait tapoté sur son jean pour en élever les quelques poussières accrochées et avait fait comme si de rien était.
Hera se dirigea vers leur cuisine ouverte et se fit couler un café, qu'elle bu encore brûlant. Aujourd'hui elle ne se sentait pas réveillée, elle ne se rendait pas compte qu'elle faisait pour la dernière fois toutes ces actions faites automatiquement depuis 10 ans, elle ne voulait pas s'en rendre compte parce que si elle le faisait elle ne partirait pas, Jimin était comme ce pull-over, il travaillait d'arrache-pied parfois à en oublier sa santé, il oubliait toujours de fermer la porte en partant, il laissait traîner ses vêtements partout et aimait la réveiller aux aurores pour faire un Monopoly, il détestait les prunes, mais en prenait toujours au supermarché parce qu'il y avait des réductions, il était infidèle et Hera l'aimait à en mourir.
Elle posa sa tasse, décida qu'elle ne partirait pas comme une voleuse et se lança.
- Jimin, il faut qu'on parle.
Le garçon, releva le visage quittant pour la première fois de la matinée son écran des yeux.
- Écoute je suis occupé on en parlera ce soir, d'accord ? On se prendra une pizza, tu sais dans la pizzeria de la rue d'en face, celles que tu adores, lui répondit Jimin d'un regard presque suppliant voulant à tout prix éviter le drame qu'il sentait se présager dans l'air.
