Destinée [BxB]

Chapitre 13 : Evan

Le regard perdu dans le néant, j'observe silencieusement la cours à travers la fenêtre. Encore une fois, le cours de physique-chimie me parait terriblement long. Ils n'arrêtent pas de bavarder. C'est comme s'ils ne réalisaient pas que le bac nous attend en fin d'année. Ils sont sans aucun doute totalement stupides. Je ne vois pas d'autre possibilité.

Enfin, j'imagine que je n'ai pas mon mot à dire par rapport à leur avenir, n'est-ce pas ? Et, de toutes façons, même si j'avais ce droit, je le refuserais tout bonnement. Je n'ai pas envie de m'immiscer dans leurs vies qui paraissent déjà si chaotiques.

Alors je laisse tout simplement mes pensées se perdre, comme à chaque fois que notre pauvre professeur doit refaire un cours complet qu'ils n'écoutent à nouveau pas. Alors je regarde la cours vide de toutes personnes puisque la neige la décore d'une manière délicieusement poétique.

Le changement d'année vient tout juste d'opérer et, pour mes propres résolutions, j'ai décidé d'apprécier un peu plus chaque choses, même les plus insignifiantes. La plupart du temps, personne ne tient ces choses qu'il se promet en début d'année et je n'ai jamais dérogé à cette généralité mais, cette année, j'aimerais vraiment y parvenir. Ce n'est pas si difficile que ça pour une première, non ? Alors je devrais pouvoir m'y tenir. Je veux être capable d'apprécier la beauté d'une perle de pluie coulant sur une vitre autant qu'un beau couché de soleil. Je le veux plus que tout. Parce que je veux être capable de lui montrer cette beauté, à lui aussi. J'aimerais qu'un jour, il puisse me regarder avec au moins au tant d'affection qu'il ne le fait avec Orion.

Et, en réalité, j'aimerais le lui offrir. Noël est passé et, à mon plus grand damne, je ne suis pas parvenu à trouver le courage de l'inviter. Ma mère me l'a bien proposé, même pour le Nouvel An, mais la boule qui m'étranglait le ventre à l'idée d'un refus m'en a empêché. Je me sentais si ridicule, bloqué par une peur totalement stupide, mais je ne suis pas parvenu à passer au-dessus. Alors j'aurais aimé pouvoir lui offrir autre chose qu'un simple « Salut ! Tes vacances se sont bien passées ? »... Et, étant donné la manière qu'il avait de serrer Orion dans ses bras et de l'embrasser, je suis presque sûr que ce cadeau aurait été le plus beau pour lui...

Enfin, j'imagine que ça m'est impossible puisque je suis, de toutes façons, mineur. Peut-être qu'une fois mon anniversaire passé, j'aurais la possibilité de le lui offrir. J'espère simplement que ce petit chiot ne trouveras pas foyer avant ce moment fatidique.

Un petit sourire se dessine sur mes lèvres à la simple image se formant dans mon esprit. Un petit chiot dans les bras d'un petit ronchon... Il n'y a sûrement rien de plus beau sur cette terre à l'heure actuelle, j'en suis persuadé. Et j'espère que je pourrais voir cette scène dans son salon, bien au chaud, avec un petit sachet de bonbons à ses côtés.

Oui, j'ai remarqué que, contrairement à ce que sa fine taille parfaitement sculptée pourrait laisser croire, il aime beaucoup les sucreries. Il serait sûrement capable d'en manger plusieurs paquets d'affilé sans même s'arrêter pour boire une gorgée d'eau. C'est très sincèrement une chose vraiment très mignonne à observer. Je suis curieux d'en apprendre plus sur ses goûts... Aime-t-il toutes les sucreries ? Ou s'arrête-t-il simplement à celles-ci ? Serait-il heureux si je lui en offrais quelques paquets ? Peut-être une dizaine ? Plus ?

Dépassé par mes idioties, toutes plus débiles les unes que les autres, je laisse ma tête tomber dans ma paume. J'imagine qu'il vaut mieux que je dise autant d'imbécilités silencieusement plutôt que face à lui, n'est-ce pas ?

Ça fait plus de deux semaines que je ne l'ai pas vu... Je me demande s'il va bien. La dernière fois, au refuge, il m'avait totalement ignoré. Il m'avait, certes, salué, mais n'avait guère souhaité rester plus longtemps avec moi. Finalement, c'était avec Estelle que j'étais resté. Elle était très gentille, mais mon regard ne pouvait pas se détacher de lui. Il jouait avec un vieux chien qui faisait presque sa taille une fois sur ses deux pattes arrières, mais il ne semblait pas pour autant y prendre plaisir. Il avait l'air... Totalement perdu dans ses pensées. Son visage ne changeait pas vraiment de son habitude, ses traits étaient tout aussi fermés qu'à l'accoutumée et aucun sourire, pas même minuscule, ne brillait sur ses lèvres, à mon plus grand regret.