Le silence règne dans cette pièce où bon nombre d'élèves ne parviennent déjà plus à se concentrer. Les vacances d'hiver ne sont plus très loin. Elles s'approchent même dangereusement et un froid inhabituel règne en ville. Il s'immisce dans chaque salle de ce bâtiment maudit. Etrangement, seul celui des sciences n'est pas encore chauffé. On est même obligés de garder nos grosses vestes sur le dos. Mais personne n'ose dire quoi que ce soit : après deux ans, cette troisième année n'est pas vraiment une exception. Visiblement, l'administration croit que les potentiels futurs scientifiques n'ont jamais froid. Ou peut-être les estime-t-elle trop nombreux et cherche à en éliminer quelques uns, discrètement, qui sait?
Enfin, ça ne me concerne pas tant que ça. Je n'y suis qu'une fois toutes les deux semaines après tout : quatre heures par mois, c'est pas si difficile, j'imagine. Mais je dois reconnaitre que le bâtiment de langue est bien mieux et, pour être tout à fait honnête, je plains légèrement tous ces camarades scientifiques. La filière littéraire est peut-être dénigrée à souhait par tous, il n'en reste pas moins qu'elle semble bien plus sûre pour la santé des élèves dans ce lycée.
Le cours de sciences touche à sa fin. Je prends quelques dernières notes avant de ranger mes affaires, entendant la sonnerie retentir au loin. Un détestable bruit qui ressemble fortement au cri d'un singe que l'on égorgerait. Avec le temps, on s'y habitue. Enfin j'imagine.
Je lance un rapide « au revoir » à mon professeur que je ne connais qu'à peine puis je me dirige vers l'arrière du lycée. Qui dit pause de dix minutes, dit musique, recherche de calme et écriture. Et le seul endroit, à ma connaissance, permettant un tel havre de paix ici bas, au milieu de tant d'imbéciles, se trouve être entre deux bâtiments, à l'ombre de quelques feuillus buissons.
Je m'installe silencieusement sur le seul banc n'ayant pas été impacté par la dernière pluie, protégé par un large et haut arbre. J'enfile mes écouteurs et choisit au hasard une chanson parmi tant d'autres. Après un rapide regard autour de moi, je sors mon carnet du sac posé à côté de moi et, enfin, un crayon. Isolé du reste des élèves, j'hésite entre écrire et dessiner. Je m'amuse simplement à tracer quelques traits sur la page vierge se trouvant sous mes yeux.
Je suis vraiment fatigué : la nuit passée a été beaucoup trop courte. Quelle idée de lire jusqu'aussi tard? Je n'arrive même plus à réfléchir. Aligner deux mots censés me parait impossible et écrire sans vraie envie serait stupide. Alors la pause n'aura pas été très florissante mais, après tout, personne n'attendait de lire quoi que ce soit de ma plume donc peu importe, non ?
Après avoir tout rangé dans mon sac, je me lève et marche en direction de ma salle d'espagnol. J'avoue que je suis vraiment impatient à l'idée de poursuivre notre cours sur Dolores Ibarruri. C'est rare d'étudier de telles personnalités féminines ici, alors quand ça arrive, je suis tout de suite passionné.
Malheureusement, le cours est passé très vite. Sûrement trop, même. Et le reste de la journée? Tout aussi vite.
Après avoir fini les cours de demi-groupe, j'ai retrouvé mes amis et on est allés ensemble en cours de philosophie. J'ai enfin pu respirer. Avec eux, tout a toujours été plus intéressant.
Le lundi, le plus difficile, c'est les cours d'option et de demi-groupe : depuis le collège, j'ai toujours été seul dans ces groupes. Ça m'a toujours mis mal à l'aise. Mes deux autres amis, eux, ont toujours eu la chance de se retrouver ensemble. Le karma se fou visiblement de ma gueule.
Absorbé par mes pensées, je n'avais même pas réalisé que mes amis me parlaient. J'avais encore moins remarqué Caroline qui nous a visiblement rejoint entre temps. C'est vrai qu'elle nous avait dit qu'exceptionnellement, elle finissait en même temps que nous.
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Destinée [BxB]
Romance" J'aimerai que tu me regardes comme tu regardes ces animaux. - Je le fais déjà, c'est juste que tu ne le vois pas." Evan, 17 ans, possède désormais une petite sœur ainsi qu'un beau-père qu'il apprécie. Tout, ou presque, semble aller dans la vie du...