Chapitre 15 : Evan

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- Ton ami va mieux ?

Mon regard se pose sur ma mère, assise face à sa tasse de café, alors que je continue de ranger les courses qu'elle vient de ramener.

- Il est encore en train de dormir dans ma chambre.

- Encore ? Mais à quel heure vous êtes arrivés du lycée ?

Son visage surpris me fait rire alors que mon index vient se poser sur mes lèvres pour lui demander de faire un peu moins de bruit. Je ne voudrais surtout pas qu'il se réveille, même si j'imagine qu'il serait probablement temps de le faire : je ne voudrais pas que ses parents s'inquiètent inutilement.

- Vers 13 ou 13h30, je ne sais plus vraiment.

- Mais il est déjà 18h30, Evan ! Tu as été vérifier s'il va bien ?, me demande-t-elle, inquiète mais surveillant désormais le volume sonore de sa voix.

Je ne suis pas sûr de pouvoir lui dire la vérité. Si elle savait que j'ai passé presque l'après-midi entière à l'observer, assis à ses côtés, sur le lit... Elle me prendrait pour un psychopathe...

Mais j'en suis sûrement un. Être ainsi obsédé par quelqu'un n'est sûrement pas une chose très saine. Surtout lorsque ça entraine un désir incessant de le toucher, encore et encore. J'ai encore quelques difficultés à croire que, pour la première fois, mes lèvres ont touché sa peau. Je sais que c'est mal, et je m'en veux très sincèrement. Je n'aurais pas dû faire ça sans son accord, c'était totalement irréfléchi de ma part. J'ai profité de sa faiblesse et aucun sentiment, aussi honnête et fort soit-il, ne peut justifier un tel acte. Il serait sans doute écœuré s'il venait à apprendre ce que je lui ai fait...

Mon cœur bat à tout rompre en repensant à la sensation de sa douce peau contre mes lèvres, sous mes doigts, et l'image de son visage endormi suffit à me faire vaciller. Ma poigne devient soudainement trop faible et, bien malgré moi, je laisse tomber un paquet de farine sur le plan de travail. Ma mère et moi sursautons. Par chance, il est toujours saint et sauf, et cette petite maladresse me permet de revenir sur terre.

- Oui, j'y ai été plusieurs fois avant que Marco ne vienne m'apporter les cours d'aujourd'hui. D'ailleurs, il faudrait que tu remplisses un billet d'absence pour moi s'il te plait.

- Bien sûr, tu me donneras ton carnet tout à l'heure ! Mais dis-moi, il était vraiment dans un état si catastrophique ?

Un petit soupir m'échappe. Je revois à la perfection sa faiblesse soudaine et son presque malaise à la sortie des transports. Il est évident qu'il n'allait pas bien et, honnêtement, je me demande s'il ne serait pas plus prudent de demander le numéro de ses parents à Caroline pour pouvoir les prévenir. Même s'il ne semblait pas désireux de les mêler à cette histoire, je pense qu'il serait plus prudent de l'emmener aux urgences.

- Si seulement tu imaginais... On ne se connait pas depuis très longtemps, commençais-je. En fait, on s'est à proprement rencontré la semaine de l'anniversaire de Caroline. Ça ne fait donc vraiment pas assez longtemps pour avoir un vrai point de vue objectif mais c'est la première fois que je le vois comme ça.

- C'était le petit, un peu froid ? Celui avec qui tu voulais à tout prix travailler pendant la préparation ?, se met-elle légèrement à rire.

- Oui..., avouais-je, quelque peu gêné.

- C'est vrai qu'il n'a pas l'air du genre fragile.

Un petit sourire tendre prend place sur son visage alors que je viens m'asseoir face à elle maintenant que les courses sont toutes rangées.

- Si tu le voyais, tu te demanderais s'il s'agit bien de la même personne, avouais-je faiblement. Je ne sais pas contre qui il a bien pu se battre, ni même pourquoi, mais ça ne lui ressemble tellement pas...

Destinée [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant