Destinée [BxB]

Chapitre 24 : Joshua

- Si tu cherches à détruire ton costume avant le gâteau, tu es bien partie pour.

Evan tourne brusquement la tête vers moi, toujours allongé sur l'herbe, près du petit lac. Il ne s'attendait sûrement pas à me voir là. Il est sortie de la salle depuis un moment mais je ne m'attendais pas le trouver ici, à observer les étoiles.

Il y a quelques heures à peine, sa mère disait oui à son âme-sœur. C'est un jour magnifique pour elle et pourtant, il n'a pas l'air aussi heureux qu'il le devrait. Ça fait déjà un moment qu'il affiche perpétuellement cet air triste et, très sincèrement, je déteste le voir comme ça. En plus, maintenant, il s'isole. Être aussi calme n'est pourtant pas dans ses habitudes.

Sans perdre plus de temps, je m'installe silencieusement à ses côtés. Allez savoir pourquoi, ça lui arrache un petit rire alors qu'il se redresse pour m'imiter. Nous sommes assis et seuls quelques centimètres nous séparent.

- Tu es bien partie pour également, s'amuse-t-il.

- Je ne voudrais pas que tu sois le seul à être ridicule, souriais-je légèrement.

Je lui jette un rapide regard en coin. Il est déjà très tard et seule la lune nous baigne de sa lumière. J'imagine qu'ils n'allument les lampadaires extérieurs que sur demande des mariés. Enfin, ce n'est pas nécessairement mauvais. C'est même assez apaisant. La musique résonnant dans la salle semble à des années lumières de nous. En réalité, nous ne sommes pourtant pas si loin que ça. Quelques trentaines de mètres, j'imagine. Je n'ai jamais eu la notion des distances. Mais l'ambiance est totalement différente. Comme si nous étions en réalité dans deux univers diamétralement opposés.

Mes yeux se posent sur la courte étendue d'eau, à nos pieds. Quelques libellules volent autour. Elles se posent parfois sur les nénuphars qui trônent fièrement sur le lac. Et sous les pâles rayons de lumière, elles semblent encore plus belles. Elles paraissent irréelles, tout droit sorties du conte de fée que la fraîche mariée voulait vivre ce soir. Je me demande si elle est heureuse, si ce qu'elle vit actuellement est aussi beau que ce que tous peuvent raconter. A en croire le sourire qui ne pouvait quitter son visage, le mythe du mariage est réel. Elle donne vraiment l'impression d'être la personne la plus heureuse au monde . Robert également, à en croire le regard qu'il n'arrêtait pas de lui porter. Ils s'aiment, c'est évident, et j'espère que ce sentiment qu'ils ont en commun ne changera jamais.

Mes parents étaient-ils comme ça, eux aussi, le jour de leur mariage ? J'imagine que oui, non... ? Sinon, pourquoi se seraient-ils mutuellement dit oui ?

Mes doigts plongent d'eux-mêmes dans la petite étendue d'eau. Je me demande comment deux personnes qui s'aiment tant peuvent un jour en venir à être violentes l'une avec l'autre. Je veux bien entendre qu'on change, que nos ambitions évoluent et que nos désirs deviennent parfois contradictoires, mais le simple fait de repenser à des moments joyeux devrait au moins nous empêcher d'être cruels l'un envers l'autre, non ?

Mon regard finit par se poser sur le garçon à mes côtés. Si j'en crois son vif mouvement de tête assez peu discret, il me regardait sûrement. C'est rassurant. Malgré le silence, il continue de me regarder. Je pensais qu'il avait arrêté depuis un bon moment. Depuis la rentrée, à vrai dire. Chaque fois que je l'observais, il paressait perdu dans ses pensées et ne me rendait jamais mon regard. J'en venais à perdre espoir. Moi qui pensait que, peut-être, Sean avait finalement raison... Il avait suffit de deux semaines de vacances pour tout oublier. Enfin, une semaine, puisque nous avons passé notre première semaine ensemble, si je puis dire, au refuge.

Sans réfléchir, je sors ma main de l'eau et passe mes doigts trempé sur sa joue. Ses yeux s'écarquillent avant qu'il ne tourne le visage vers moi. Il m'offre une parfaite mine surprise dont j'apprécie chaque parcelle.