Destinée [BxB]

Chapitre 37 : Evan

- Je suis désolé que nous n'ayons pas passé cette soirée ensemble.

Se laissant tomber sur le lit, dos contre le matelas, il laisse échapper ces mots. Il a vraiment l'air exténué, ce qui m'arrache un petit rire. Il fait comme s'il était indifférent à ces presque six heures passées tous ensemble mais, en réalité, je sais bien qu'il est terriblement heureux. C'était évident, même s'il essayait de le cacher, qu'il prenait un malin plaisir à se moquer de Sean. Ils n'ont pas arrêté de se chamailler, sous le regard exaspéré d'Allison qui doit av l'habitude de ce genre de scènes alors, je l'avoue, je jalousais un peu son ami. J'imagine que ce n'était qu'un retour de balle justifié puisqu'il m'a clairement avoué être jaloux de la relation que j'entretiens avec Marco. Mais, malgré ce petit pincement au cœur, le voir aussi joyeux était très plaisant. Plus que je n'aurais pu l'imaginer, à vrai dire.

Je viens m'allonger à ses côtés et pose ma tête sur son torse pour écouter les battements de son cœur. Ils semblent s'être accélérés un peu mais je n'y prête pas attention. Les miens ne sont sûrement pas mieux. Je me contente de les suivre en traçant de petits cercles sur son torse du bout de l'index.

- C'était génial. Et tes pizzas étaient délicieuses, souriais-je. J'ai hâte d'en manger à nouveau.

- Je t'en referais avec plaisir, sourie-t-il doucement.

- Si tu es encore vivant, riais-je.

- Pardon ?, s'étonne-t-il.

- Quand ta mère va apprendre qu'ils sont partis avec une heure de retard, renchéris-je.

- Elle me tuera d'autant plus lorsqu'elle verra que je t'ai invité à dormir avec moi, s'amuse-t-il en laissant retomber sa tête sur le matelas.

Je réalise brusquement que, malgré son début d'acceptation, rentrer et voir son fils au lit avec un autre garçon serait sans doute un grand choc. Quel imbécile de ne pas y avoir pensé avant !

- Je vais y aller et... !, commençais-je en tentant de me relever.

Ses bras s'enroulent soudainement autour de moi et m'obligent à m'allonger à nouveau contre lui.

- Qu'est-ce que tu... ?, tentais-je avant qu'il ne relève mon visage vers le sien du bout de son index.

- Je vais aller prendre une rapide douche, parce que le verre de coca de Sean dans les cheveux me reste un peu en travers de la gorge et, lorsque je reviendrais, j'espère vraiment que tu seras bien enroulé dans ces couvertures, pour que je puisse m'allonger contre toi et m'y enfoncer aussi, d'accord ?

- Mais ça avance enfin avec ta mère, si elle nous voit ensemble demain matin, elle va... !

- Ce sera un moyen de tester ses nouvelles résolutions, articule-t-il sérieusement.

- Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée...

- Au contraire, je suis sûr que c'en est une parfaite. Et pour t'occuper..., commence-t-il.

Ses bras relâchent la prise qu'ils avaient sur moi pour se lever, laissant sa phrase en suspens. Doucement, il s'avance vers son bureau et ouvre le premier tiroir sur la droite. Avec un calme presque effrayant, il en sort quelques feuilles où il me semble apercevoir son écriture. Je me relève alors. Je m'assois sur son lit pour l'observer se rapprocher de moi à nouveau. Et dans un geste des plus nonchalants, il me les tend.

- Tu n'as qu'à lire ça, finit-il.

Sans me laisser le temps d'ajouter quoi que ce soit, il part dans la salle de bain. Je reste quelques instants à observer la porte par laquelle il vient de sortir. Je ne comprends pas sa fuite des plus pressées. Et, inconsciemment, je porte toute mon attention sur la première page qui se trouve dans ma main. Et les premiers mots me font écarquiller les yeux. Je manque de peu de m'étouffer alors que je réalise brusquement qu'il ne l'avait pas oubliée. Nous n'en avions jamais reparlé. Il n'a jamais essayé de remettre ce sujet sur le tapis et, malgré ce pincement au cœur de constater qu'elle n'avait peut-être pas été assez touchante, je l'avais presque oubliée. Mais lui, non. Et mon cœur s'emballe à cette simple attention alors que, inconsciemment, je me mets à lire cette réponse qu'il m'offre, plus d'un mois après.