Chapitre 12 : Joshua

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- Entre, j'en ai pas pour longtemps.

Il referme la porte derrière moi. Je le laisse seul deux minutes, juste le temps de monter dans ma chambre et d'y déposer mon sac. Je me voyais mal lui demander de m'attendre dehors alors qu'il fait si froid. Il s'est enfin décidé à retourner voir Diamant, je ne peux pas la priver de ça. Et puis, ce n'est pas de le savoir chez moi quelques minutes qui me tuera ou je ne sais quoi.

Je referme la porte de ma chambre derrière moi et commence à descendre. C'est alors que j'entends des voix provenir du rez-de-chaussée. En soit, l'entendre se parler à lui-même ne m'aurait sûrement pas plus étonné que ça puisque je le connais un tant soit peu mais la voix, bien plus prononcée que la sienne, qui se fait entendre ne me laisse aucun doute : mon père est avec lui. Et, honnêtement, je ne comprends pas pourquoi. Il n'était pas supposé être à la maison si tôt. Si j'avais su, je ne serais même pas passé par chez moi. Bordel...

Sans masquer mon mécontentement, je descends les marches et suis les voix dont la conversation devient un peu plus claire à chaque pas.

- Et donc, tu as de bonnes notes ?
- Je pense que oui...
- Tes parents doivent vraiment être très fiers de toi !

Encore et toujours le milieu scolaire. C'est comme si rien d'autre ne comptait à ses yeux, ça en devient franchement pathétique.

- Evan, viens choisir un truc à manger dans la cuisine avant qu'on y aille.

Ce dernier pose son regard sur l'encadrement de la porte. Il a l'air d'hésiter. Est-ce qu'il peut laisser mon père que je viens visiblement de couper seul? Enfin, ce n'est pas non plus comme s'il disait quoi que ce soit d'intéressant ou d'intelligent, non ?

Sans attendre plus de quelques secondes, il s'excuse auprès de mon père, dont l'attention m'est désormais totalement offerte, et s'avance vers moi. Immédiatement, on va vers la cuisine où je lui propose différentes sucreries.

- Je n'ai pas très faim.

Lorsque tu essaies de mentir, tu devrais au moins veiller à ne pas laisser tes joues rosirent comme un enfant surpris en train de voler un paquet de bonbons, idiot. Enfin... J'aime bien ce côté de lui, je l'avoue. Cette façon qu'il a de détourner les yeux lorsque mon regard lui est trop pressant est définitivement une chose dont je ne peux que me délecter. C'est si amusant de le voir déstabilisé.

N'étant pas vraiment enchanté à l'idée de devoir parler à mon géniteur plus que nécessaire, j'attrape un grand paquet de bonbons et une petite bouteille d'eau. Il n'aura qu'à se contenter de ce que je lui proposerais et, dans le pire des cas, il pourra toujours manger un vrai repas lorsqu'il rentrera chez lui, non ?

Je lui fait donc signe de me suivre et nous quittons la maison sans que je ne prenne la peine d'adresser une quelconque parole à l'homme qui me fusille du regard. « Il va encore perdre mon temps au refuge », je suis sûr que c'est ce qui tourne dans sa tête. Enfin bref, on s'en fou.

Ce n'est qu'une fois dans le bus que j'ouvre le fameux paquet et que je lui propose d'en prendre. Mais, encore une fois, il refuse, visiblement gêné, sans que je ne comprenne pourquoi. Il est bien trop compliqué pour que quiconque puisse le suivre. C'est évident qu'il veut en manger mais, pour une quelconque raison qui m'échappe, il ne le fait pas. Est-ce que prendre quelque chose qui m'appartient le repousse tant que ça ?

- Imbécile, si tu en veux, prends-en tout simplement. Je ne t'en proposerais pas si je ne voulais pas que tu en prennes.

De légères rougeurs apparaissent à nouveau sur ses joues. C'est peut-être le froid.

Il se décide enfin à enfoncer sa main dans le paquet. Il me remercie et prend une petite poignet de bonbons qu'il commence directement à manger. Sans plus attendre, j'en fais de même et c'est donc dans un silence de mort que nous mangeons.

Destinée [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant