Chapitre X

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« Ça dure depuis combien de temps ? »

Percy faisait les cent pas dans la chambre d'Annabeth qui elle s'était de nouveau assise sur son lit. Dans sa tête à elle, mille et une pensée se bousculait. Est-ce qu'elle pouvait lui faire confiance à lui, le premier à être rentré aussi proche de sa vie ? Et s'il venait tout raconter à la bande, que penseraient-ils d'elle ? Ou pire, qu'est-ce que Percy pensait-il lui-même d'elle ? Elle ne voulait pas qu'ils la prennent pour une pauvre fille battue par ses parents... Et si ses parents débarquaient à ce moment précis dans la chambre ?

Annabeth releva les yeux sur le garçon qui avait l'air tout aussi paniqué qu'elle. Ses cheveux étaient encore plus désordonnés que d'habitude. Ses yeux étaient plus sombres que d'habitude. Ses mains s'étaient accrochées à l'arrière de sa nuque et sa tête était baissé vers le sol. Il mit quelque seconde à redresser cette dernière pour venir plonger son regard dans celui d'Annabeth.

Son regard eu un effet immédiat sur la jeune fille.

Elle avait confiance en lui.

Elle finit par desserrer ses lèvres et décontracter sa mâchoire pour parvenir à articuler une première phrase :

« Ça a commencé quand ma mère nous a abandonné avec mon père... »

Percy s'arrêta de tourner pour venir s'assoir à même le sol, en face d'elle.

« Au début, mon père faisait tout pour dissimuler son chagrin en se cachant derrière une immense charge de travail. J'avais trois ans, je n'avais plus de mère et quasiment plus de père. »

Annabeth fit une courte pause. Il lui fallait faire un effort monstre pour détruire la muraille qu'elle s'était forgé autour d'elle durant toutes ces années. Elle devait la retirer brique par brique. Etape par étape.

Percy lui, attendais calmement qu'elle reprenne, silencieusement adossé à l'un des pieds de son bureau.

« Et puis, il a rencontré ma belle-mère. J'étais déjà pas la priorité de mon père, alors t'imagine bien que lorsqu'il a eu des jumeaux avec ma belle-mère, je n'existais plus pour lui. Ajoute à cela le fait que ma belle-mère me déteste car je suis un peu le reste de l'ancien mariage, l'ancien amour de son mari... »

Annabeth gardait ses yeux fixés sur ses mains qui refermait un petit objet. Elle le serrait de toute ses forces, cet objet. Un médaillon en argent qui prenait la forme d'une chouette.

Percy observa le médaillon d'un air interrogateur.

« Il appartenait à ma mère, avant qu'elle parte. Je sais que j'aurai dû le bruler, le jeter par la fenêtre ou quelque chose dans ce genre pour m'avoir abandonné mais... je ne peux pas. Je n'ai pas pu. C'est la seule chose qu'il me reste d'elle. Je ne suis pas mon père, je ne veux pas l'oublier. »

Le surfeur se leva et vint s'assoir sur le lit, en face d'elle. Il avança sa main vers le visage d'Annabeth et replaça une mèche blonde derrière ses oreilles pour voir plus en détail son visage marqué.

Annabeth frissonna au contact des doigts fins du garçon sur ses joues. Elle prit une inspiration, et repris :

« Alors depuis, on peut dire que je suis un peu la cinquième roue du carrosse, le boulet qu'on n'a jamais voulu mais que l'on est obligé de trainer jusqu'à ce que je sois majeur et que je mette définitivement les voiles de cette famille. Et crois-moi, ils me l'ont bien fait comprendre qu'il n'y avait pas de place pour moi... » elle soupira en frottant un bleu recouvrant la partie supérieur de sa joue droite.

- Tu devrais appeler la police. Personne ne devrait traiter quelqu'un comme ça, surtout pas un père avec sa fille !

- Non, je ne peux pas faire ça. Il reste mon père et je l'aime. Et je sais qu'au fond de lui, il y a une petite partie qui m'aime toujours. Peut-être qu'un jour, je retrouverai ce père aimant qu'il était. Appeler la police ruinerait toutes les chances de le retrouver...

- Mais Annabeth... c'est pas à toi de subir pour votre relation. Il a perdu ce droit d'être ton père...

- Percy, arrête. Je n'appellerai pas la police et j'aimerai que tu me promettes de ne pas le faire non plus.

- Mais...

- Percy, s'il te plait, respecte ma décision... Promet le moi » implora la jeune fille.

Le brun se frotta les tempes de ses mains moites. Il n'arrivait pas à prononcer les trois mots que Annabeth attendait. Ils restaient dans sa gorge, bloqués par ses propres souvenirs qui revenaient à la surface. Gaby.

Sans la police, il n'aurait rien pu faire pour arrêter ce malade et le faire sortir de la vie de sa mère, et de sa propre vie.

« Je... »

Il se repassa en détail les scènes ou son ex-beau-père lui lançait des bouteilles vides de bières en pleine figure, suivi des claques qu'il se prenait lorsqu'il faisait un peu trop de bruit.

« Je... »

Annabeth le regardait fixement, attendant la réponse de ce dernier. Percy vit dans ses yeux de l'espoir. A l'époque, lui n'en avait pas. Aucun espoir de se débarrasser de Gaby. Il comprit soudainement que c'était lui, l'espoir de son amie. L'espoir d'échapper à cette vie sans pour autant la détruire. Il devait respecter sa décision.

C'était son choix et Percy n'avait pas le droit d'intervenir dedans. Il se promit cependant qu'il ferait tout pour lui rendre la vie meilleurs, jusqu'à ce qu'elle se décide enfin à faire quelque chose.

« Je te promet.

- Merci. »

Ce qu'Annabeth ne vit pas à ce moment-ci, c'est que le garçon avait laissé couler une seule et unique larme de ses yeux océans.

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Un silence s'était rependu depuis plusieurs minutes entre les deux adolescents dépassé par les évènements.

Silence qui fut soudainement brisé par une vague de grondement provenant du ventre de Percy.

Les deux amis se regardèrent et un éclat de rire suivi le grondement. Celui d'Annabeth. Cela redonna du baume au cœur à Percy, souriant face au rire de la jeune fille. Cela lui semblait faire une éternité qu'il n'avait pas entendu cette mélodie joyeuse. Tout ça pour un gargouillement.

« Il y en a un qui a faim à ce que je vois !

- Il est midi, l'estomac de Percy Jackson a besoin de se nourrir ! »

L'affamé se dirigea vers la porte de la chambre et se stoppa nette devant, juste avant de l'ouvrir, se souvenant qu'il n'était pas censé être ici. Il s'approcha alors de la fenêtre et y passa une jambe.

« On se rejoint en bas ? proposa le garçon, en prenant soins de ne pas marcher sur la mouette s'agrippant au toit.

- Percy, je ne peux pas sortir... lui rappela Annabeth, toujours assise en tailleur sur son lit.

- Ah oui, c'est vrai. J'ai croisé tout père d'ailleurs, mon pied n'y a pas survécu... il soupira. Bon bah, tu n'as qu'à me suivre !

- T'es drole toi ! Et s'ils rentrent dans ma chambre sans me trouver ?

- OK, laisse-moi faire. J'ai 33 sorties en douce à mon compteur, je suis un professionnel ! »

Et sur ses mots, Percy installa un traversin et un oreiller sous les couvertures.

« Wow un véritable professionnel...elle soupira. Il est midi Einstein. Je ne dors jamais jusqu'à midi.

- Madame est difficile. Bon, attends-moi ici, je vais chercher de la bouffe tout seul si c'est comme ça !

Annabeth vit Percy disparaitre par la fenêtre. Il revint cependant quelques secondes plus tard, passant uniquement sa tête au travers des contours en bois de la fenêtre, ce qui déclencha d'ailleurs un nouveau rire de la part de la jeune fille.

« J'allais oublier, Quatre-fromage, Calzone ou Hawaïenne ?

- Tu me propose vraiment Hawaïenne ?

- Bah oui. J'aime bien l'ananas moi ! protesta Percy.

- Quatre-Fromage.

- Quatre-Fromage alors. A toute suite Signorina. »

𝙨𝙪𝙧𝙛𝙞𝙣' 𝙨𝙪𝙢𝙢𝙚𝙧 [ 𝙿𝚎𝚛𝚌𝚊𝚋𝚎𝚝𝚑 𝙰𝚞 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant