La peur au ventre

Réponses 11 à 20

11. Isaak

Je regardai le trésorier avec des yeux noirs, je n'en avais rien à foutre, moi, de ce que pensaient les autres sur où se trouvait ma place. Dans le club, je m'étais toujours battu à ma juste valeur, j'avais toujours défendu mon bout de viande et je n'avais pas envie qu'on me marche sur les pieds. Je croisai les bras sur ma poitrine et soupirai de lassitude. Je me rassis sur ma chaise, le temps que le vote se termine, avant de suivre le mouvement dans le bureau des Pres'.

J'avais voulu donner mon avis quand il me parla de me mettre à un poste important, comme quoi oui, je voulais rester, mais peut-être que ce n'était pas définitif. Je baissai la tête quand il parla de Jonas, c'était vrai que je n'avais pas du tout aimé sa réflexion par rapport aux gays. Je regardai Hector, mais quand le Pres' s'approcha de moi et posa ses mains sur mes épaules, je me crispai. Regardant ses mains sur mon cuir avec une sorte d'horreur.

— Tu t'es lavé les mains quand ? Après ton retour au club, j'espère ?? Même pour toi, on sait jamais si tu as touché un truc chelou au studio, même si ça avait l'air propre, les filles sortaient de tournage et...

J'inspirai profondément, évitant la crise d'angoisse avant de le regarder dans les yeux.

— Tu sais, ça ne me dérange pas de faire tout ça, mais ça sera temporaire, j'espère bien repartir sur les routes un jour ou l'autre. Ce genre de réflexion et atmosphère pesante et homophobe ne me plaît pas. Je n'en veux pas à Jonas, après tout, il a toujours été un peu comme ça, c'est un peu pour ça que je me suis barré.

Je me passai la main dans mes cheveux, cherchant à les démêler un peu avant de regarder par la fenêtre.

— Tu connais mes penchants à me bagarrer facilement, s'il refait une réflexion je serais capable de lui sauter à la gorge alors que je l'aime bien. Si tu me mets à la protection du club, il y a de fortes chances que j'envoie des mecs à l'hosto, surtout des homophobes.

12. Murdoch

En un sens, heureusement que Murdoch l'avait à peine effleuré du bout des doigts. Mais... non, en fait, car il se prit une leçon quand même de la part d'Isaak. Il recula d'un pas, le visage en point d'interrogation, perplexe, pour finalement, grogner.

— Stop, Isaak. Chacun sa merde. Contrôle ta crise, je n'ai pas besoin que tu me fasses ton monologue.

Sans rien ajouter d'autre, il alla vers la petite porte du fond, donnant sur une petite salle de bain, dans laquelle il se lava soigneusement les mains, revenant, montrant ses mains comme pour dire « Maintenant tu es content ? ». Venant s'asseoir là où était assis Hector avant de sortir, la cigarette à la main, le cendrier dans l'autre, soupirant.

— Temporaire, okay, si tu veux. Mais bon, j'aimerais bien te garder en Général des Armées, si tu me plais bien, tu vois ? Même si tu repars. En un sens, ça te donne de l'expérience, c'est ce dont ce Club a besoin. Tu sais, j'avais beau aimer Wilfrith en tant qu'homme, il n'était pas le meilleur des présidents. Sans te vexer. Je vais faire changer le club. Pas fondamentalement, mais dans les mentalités, et j'ai besoin d'hommes pour ça. D'hommes jeunes, pour mater les plus vieux. J'ai Hector, Douglas, Edgar et Conrad. Deux prospects, ce n'est pas grand-chose, mais je n'ai pas le choix. J'aimerais t'avoir à mes côtés.

Nouvelle taffe.

— Je veux du respect. Que ce soit, dans le Club ou hors du Club. Je veux que l'on fasse peur, et que l'on se fasse respecter pour ce qu'on est, pas justement, car on est dangereux, tu vois ? Tout ça allant de pair avec les mentalités. Comme l'homophobie ouverte de Jonas. Je ne veux plus ça. Même s'il n'est pas d'accord avec les homosexuels, je veux qu'il garde ça pour lui. Je ne veux plus de bagarre pour rien. Wilfrith laissait les mecs régler leurs problèmes entre eux, jusqu'à se battre dans le Club. Pas moi. Okay, vous pouvez vous battre, mais à partir du moment où ça va trop loin, ça deviendra mon problème, car ça nuit au Club. On est des frères. Pas des animaux sauvages qui ne savent pas s'entendre...