La peur au ventre

Réponses 161 à 170

161.Isaak

Je frottais ma manche complètement trempée, je n'avais même pas retiré mes chaussures pour aller sous l'eau. Ma crise était violente, trop contenue, j'avais explosé comme une bombe nucléaire. Mes larmes ravageaient mon visage, tout de suite emportées dans la douche. Alors quand Murdoch arriva, sa voix ne m'apaisa pas comme les autres fois, mais sembla me plonger encore plus dans ma crise. Je le revis dans cette cellule remplie d'excréments de lapin, lui recouvert de ceux-ci. Je nous revis dans le lit, alors qu'il tremblait de peur... toute cette crasse ! J'en étais recouvert... putain, j'en avais partout ! Je finis par retirer ma veste, la balançant dans le fond de la baignoire. J'avais des sanglots que je ne contrôlais pas, et les paroles de Murdoch, même douces et remplies de sens, ne m'atteignaient plus, je devais me laver, me décrasser en profondeur. Finalement, à force de me laver, je retirai mes chaussures, mon t-shirt, mon pantalon. Laissant tout à l'abandon au fond de la baignoire, jusqu'à être complètement nu et à me frotter la peau à l'en faire rougir encore une fois.

Ce fut à ce stade-là que je vis enfin Murdoch, mes yeux se posèrent sur lui avec toujours cette peur profonde en moi.

— C'est de ma faute... je n'ai pas sur te protéger... j'ai cru te perdre comme j'ai perdu Wilfrith, j'ai cru ne plus jamais te revoir... j'avais cru perdre ma raison de vivre ! Je t'aime tellement, Murdoch !

Ma tête sortit cette fois un peu du jet d'eau, et il peut voir mes larmes couler en flot continu sur mes joues et mes yeux rougis et bouffis par celles-ci.

— C'est de ma faute s'ils t'ont enlevé, si je ne voulais pas me cacher des autres on y serait allé tous les deux, à mon appartement ! C'est ma faute si tu as été torturé... mon Dieu, je m'en veux tellement de ne pas t'avoir sorti de là plus tôt, à cause de ça, tu as peut-être des séquelles à vie... tout est de ma faute, Murdoch !

Je me remis sous le jet d'eau et recommençai à frotter ma peau, la grattant cette fois avec mes ongles, laissant des étrilles à vif sur celle-ci.

162.Murdoch

Murdoch se sentait mal, un haut-le-cœur se formait petit à petit au fond de sa gorge. Voir Isaak dans cet état, surtout à cause de lui, lui faisait mal. Il comprenait sûrement, à ce moment-là, comment le motard tatoué avait dû se sentir cette semaine. Il prit une grande inspiration pour commencer à reparler.

— Mais non, Isaak... Ce n'est pas de ta faute. C'est la mienne. Je n'aurais pas dû... Épargné le reste de ce Club... Je suis désolé de t'avoir autant inquiété...

Sa voix tremblait. Mais alors, quand il vit qu'Isaak commençait littéralement à se récurer la peau avec les ongles, il paniqua, prenant ses mains dans les siennes, les tenant fermement pour qu'il arrête. Même si en soi... Ses bras tremblaient, car avec son amaigrissement, il n'avait plus autant de force qu'avant.

— Hey... Isaak... Mon amour... Ce n'est pas ta faute !... Arrête... Si tu veux encore te laver, je le ferai avec l'éponge, mais arrête... Si tu continues, tu vas t'ouvrir, et du sang va couler... Ce qui va te faire penser que tu es encore plus sale... Isaak... S'il te plaît...

Petit à petit, Murdoch perdait pied. Il ne savait plus quoi faire pour l'aider, à part l'empêcher de se laver lui-même. De fines larmes tombèrent sur ses joues, goutte à goutte. La panique le prenant, il se sentait tellement impuissant. Encore plus maintenant avec ses faiblesses nouvelles. Finalement, il retint les deux mains d'Isaak avec une seule de ses mains, au niveau des poignets, comme un serflex. Pour avec son autre, attraper l'éponge et continuer à la laver avec douceur pour ne pas ouvrir sa peau.

— Respire doucement, calme ton rythme cardiaque... Tout va bien... Je suis là, et tu n'es plus sale, même si tu le penses, je continue à te laver comme ça, jusqu'à ce que tu te sentes un peu mieux... Après, on ira dormir un peu... Tu sais... Même si j'ai des séquelles... Qu'est-ce que ça change ? Rien. Je t'aime toujours, et toi aussi. Et je fais toujours partie du Club malgré tout. On va s'adapter, comme on le fait toujours. Je t'aime, Isaak.