Salva

11

Des détonations, de la chaleur. Un cri d'oiseau, les cris de sorciers tués. Salva s'agitait dans son sommeil. Les sourcils froncés, elle serait de toute ses forces la couverture qui la recouvrait. Une explosion. Elle ne voyait rien, mais s'imaginait tout. Elle était aveugle dans son propre cauchemar.

- Regarde...entendit-elle d'une voix chuchotant. Regarde, Salva...Assume qui tu es.

À peine la voix fut-elle partie, qu'elle vit. Elle survola une cinquantaine de sorciers vêtus de noir, tous ressemblant à ceux qui avaient accompagnés Macnair. Elle vit des géants avant d'arriver au-dessus de Poudlard. L'école était protégée par une espèce de barrière invisible. Soudain, une détonation frappa ce qui semblait être une protection. C'était elle. C'était elle qui attaquait l'école. Elle volait, avec toute la magnificence d'un oiseau-tonnerre mais aussi la violence de ses éclairs. Il lui semblait voir que quelqu'un était sur son dos lorsqu'elle se fit réveiller par un choc contre une vitre. Salva mit un moment avant d'immerger. Depuis qu'elle était à Poudlard, ce même cauchemar se répétait, mais chaque fois qu'il réapparaissait dans son esprit, il y avait quelque chose de différent. Cette fois, elle s'était vu et cela l'inquiéta davantage.

De petits chocs répétitifs la firent se redresser. La jeune fille soupira en constatant qu'il s'agissait d'Errol qui essayait d'entrer par la fenêtre fermée. Le vieil hibou n'avait plus toute sa tête. Elle lui ouvrit et prit la lettre et le colis qu'il lui avait apporté. Aussitôt qu'elle les ai eu en main, Errol reparti. Salva fronça des sourcils, intriguée. Noël était passé depuis quelques jours maintenant. C'était une lettre de Charlie. Ce dernier s'enquérait de ce qu'elle devenait et de comment elle occupait ses journées dans le château. Il lui informa que pour sa part, il révisait surtout et qu'il était impatient de revenir. Il termina par lui souhaiter un joyeux Noël puis le post-scriptum lui révéla qu'il n'était en rien responsable de ce qui se trouvait dans le colis. C'était sa mère qui avait insisté. Elle sortit aussitôt une écharpe tricotée main où son nom avait été tricoté avec l'ensemble. Même si cela ne ressemblait en rien avec ce qu'elle portait d'habitude et que le vêtement était aux couleurs de Gryffondor, Salva en fut extrêmement touchée. Un petit sourire triste se dessina sur son visage.

Son regard dévia vers une autre lettre posée sur son lit. Oliver la lui avait envoyée justement pour les fêtes. Mais il était resté si vague dans cette dernière que Salva n'avait pas réussi à le dissuader de faire des recherches. Elle en aurait bientôt le cœur net.

La jeune fille sortit de sa chambre après s'être habillée. Le jour de la rentrée approchait et les premiers élèves commençaient déjà à rentrer de leurs vacances. La salle commune des Poufsouffle était plus remplie que les jours précédents. Elle adressa un signe de tête aux quelques élèves posés dans les fauteuils avant de sortir. Elle marchait depuis quelques secondes lorsqu'un sentiment d'être suivie l'envahi. Elle se retourna, mais ne vit personne. Salva secoua la tête, tout était dedans. Mais à peine eut-elle reprit sa marche, qu'un grincement au sol la conforta dans son idée. Discrètement, elle prit sa baguette puis se retourna d'un mouvement sec, s'attendant à trouver un Serpentard mal intentionné, ou l'un des Weasley farceurs. Elle manqua de faire tomber sa baguette lorsqu'elle découvrit qui la suivait réellement.

- Professeur Lavre ? Posa-t-elle stupéfaite en abaissant sa baguette.

- Bonjour, Salva, la salua d'un sourire maternelle son ancienne directrice.

- Qu'est-ce-que... ? Comment vous pouvez... ?

La vieille femme au chapeau vert foncé pointu garda son sourire face à son air perdu. D'un geste de main, elle l'amena à l'écart, dans l'obscurité du couloir. Iseult Lavre prononça le nouveau sort d'assurdiato, qu'elle avait appris d'un cher ami, afin d'être sûre que personne ne puisse les entendre. Salva fut d'autant plus surprise lorsque sa main passa au travers de sa directrice.

- Je ne suis pas vraiment là, Salva. Mais je devais te parler, c'est important.

- Pourquoi maintenant ?

- Parce qu'Il ta retrouvé.

- Qui ?

Le regard de son ancienne directrice se referma d'un voile grave.

- Professeur Lavre, qui m'a retrouvé ? Pourquoi ces mages noirs me pourchassent-ils ?

- Il s'agit de l'un des plus puissants et dangereux mages noirs que l'histoire ai connus. Il te veut, car tu es aussi puissante et dangereuse que lui.

- Mais je ne suis qu'une sorciè...

Salva ne finit pas sa phrase, prenant conscience que ce n'était pas de sa forme humaine dont il s'agissait. Ce sorcier voulait se servir d'elle une fois qu'elle serait complètement transformée.

- Vous avez peur qu'il ne m'utilise.

- Il faut que tu partes très loin, là où il ne pourra pas te retrouver et te pervertir avant un long moment.

Partir. Fuir. Encore. La jeune fille serra des dents. Quelle vie avait-elle passé à fuir ainsi à son jeune âge. La fatalité était telle, qu'elle savait qu'elle n'avait pas le choix. Sa transformation était inévitable, et avec elle, sa mémoire s'en irait. Si ce mage noir était si dangereux que cela, il ne devait pas la trouver à ces nouveaux débuts, la mémoire aussi innocente qu'un nouveau-né. Elle comprit que désormais, ses jours à Poudlard étaient réellement comptés.

- Il y a des gens sur qui tu compter ici et t'aider, souffla Iseult Lavre. Professeurs, comme élèves.

Salva acquiesça.

- Le plus important, Salva, c'est de ne pas te renfermer, où Il se servira de cette faiblesse que tu auras créée au fond de ton cœur, lui donna-t-elle comme dernier conseil.

Le bourdonnement qui les entourait s'estompa alors autour d'elles. La jeune Poufsouffla adressa un regard reconnaissant à son ancienne directrice avant que celle-ci ne disparaisse dans un nuage de fumée mauve. Salva soupira avant de reprendre sa route. Elle avait l'esprit embrumée par la venue inattendue de sa directrice qu'elle arriva, la tête baissée dans la grande salle.

- Eh, Salva ! Entendit-elle clamer son nom.

Cette dernière releva la tête et un sourire grandit sur son visage. Oliver était assis sur l'une des grandes tables, les pieds sur le banc tandis que Charlie se tenait devant lui, un gros livre en main. En croisant son regard, le jeune lion lui adressa un petit sourire tandis que son aîné vint carrément l'enlacer.

- Vous êtes revenus, constata-t-elle avec joie. Comment se sont passés vos vacances ?

- Des dragons ! S'exclama le roux de manière énergique.

Oliver ricana face au regard de Salva qui avait sursauter.

- Pardon ?

- Les dragons sont fascinants, Salva !

Et c'est ainsi que Charlie commença une longue, très longue explication sur les dernières découvertes en Roumanie. Salva se surprit alors à constater à quel point ils lui avaient manqués et à quel point ils lui manqueraient lorsqu'elle partirait. Mais au lieu d'en être triste, elle en profita pleinement, un sourire aux lèvres.