Lucille
Jonathan n'a quasiment pas dormi : ses cernes ont doublé de surface, ses yeux sont gonflés et réduits à deux fentes fines qui peinent à rester ouvertes dans le TGV Paris-Bruxelles qui nous mène vers le lieu du premier concert, au Palais des Sports d'Anvers, en ce vendredi deux avril. Pour autant, je relativise les choses : sa fatigue n'est pas bien grave, et le sommeil qui l'emporte doucement au gré des rails apaisera un peu son manque de repos pour les deux heures à venir. A sa décharge, réussir à dormir avant un tel événement, c'est juste impossible ; même moi je n'ai pas réussi, et pourtant, à la base, ce n'est pas moi la fan, et encore moins l'invitée de ce groupe.
Je tourne la tête vers le paysage qui défile à une vitesse hallucinante, dans ce compartiment première classe : l'association n'a pas fait les choses à moitié, et nous a fait don d'un confort appréciable. Bon j'imagine qu'ils ont pensé que pour un grand malade, c'était juste indispensable. En cet après-midi ensoleillé, sous des températures plutôt clémentes pour ce printemps qui prend presque des allures d'été en pleine journée, je me perds dans une quiétude douce et enivrante qui me change de la noirceur habituelle de mes journées. Deux petites heures de répit dans ma vie, deux petites heures à déconnecter de la réalité. Qu'est-ce qui nous attend pour le prochain mois ? Comment allons-nous être accueillis ? Comment surtout Jonathan va-t-il le vivre ? Tout, je vais tout faire pour que ce voyage soit mémorable pour lui, ça, je m'en fais le serment.
Notre arrivée à Bruxelles, puis notre transfert sur Anvers, en voiture avec chauffeur, sont de véritables havres de paix. A chaque étape, quelqu'un nous attend, nous guide, nous conduit. Jonathan a les yeux qui brillent à l'arrière de la luxueuse Audi qui nous mène vers le Palais des sports, et là, à cet instant, je sais que j'ai bien fait d'accepter, tant il rayonne de bonheur. Et encore, le spectacle n'a pas vraiment commencé ! Lorsque nous descendons devant une porte dérobée à l'arrière du bâtiment, je me rends compte que nous allons être traités comme de véritables VIP. Un peu perdus, nous acquiesçons lorsque notre chauffeur nous apprend qu'il conduit lui-même nos bagages à l'hôtel, puis nous pénétrons dans le palais des sports. Sans l'intervention d'un membre du Staff, nous nous serions déjà perdus : il nous prend en main, et nous guide vers les coulisses ; allons-nous assister au concert ici ? Non, visiblement, nous continuons notre chemin, passons quelques portes battantes et finissons par nous retrouver à l'avant-scène, au premier rang. Il est vingt heures, et la foule est déjà dense : bordel, pour moi qui n'ait assisté qu'à un seul concert dans ma vie, celui de la Grande Sophie dans une petite MJC de banlieue, c'est juste impressionnant. Ce sont des milliers de personnes qui se pressent, fébriles, devant la scène ! La foule est éclectique, mais se compose majoritairement de jeunes, entre quinze et trente ans. Beaucoup de femmes, soyons honnêtes, et m'est avis que leur intérêt n'est pas uniquement musical... Les musiciens plaisent, de façon générale, et les quatre du groupe, sont, sincèrement, juste canons.
— Si vous voulez, me propose le type du Staff, vous pourrez venir grignoter un truc après la première partie, à la pause. Sinon, si vous réussissez à attendre, y'aura un buffet après le concert pour le groupe. Ils ne mangent jamais avant d'entrer en scène...
— Ok, je confirme d'un coup de tête et d'un sourire, on avisera. Merci beaucoup !
— Pas de souci ! Je viendrai vous chercher au pire après la dernière chanson, ok ?
Je hoche la tête, le regardant s'éloigner derrière une porte dérobée gardée par un vigile bodybuildé, puis reporte mon regard sur Jonathan, qui jubile, fébrile. Il n'est pas tranquille, il est surexcité, littéralement. Il ne tient pas en place, bouge sans arrêt, me faisant des sourires qui me frappent en plein cœur. Bon sang, son bonheur fait tellement plaisir à voir !
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The Rebel Sinners [ sous contrat Editions Addictives ]
RomantizmLa vie de Lucille s'est arrêtée le jour où elle a appris que son frère était atteint d'une leucémie. Il est devenu sa priorité. Alors, quand une association propose à Jonathan de réaliser son rêve ultime, suivre le célèbre groupe de rock The Rebel S...