Chapitre 13.
JE NE PEUX PLUS Y échapper. Ça fait deux jours que j'évite Ochaco pour ne pas la blesser en refusant ses sentiments, mais elle est parvenue à me coincer à la sortie du self. Je sais que ça a dû être douloureux pour elle que je ne fasse que l'esquiver, que je l'ignore délibérément pour fuir mes responsabilités. Mais je n'avais vraiment pas la tête à ça après les aveux de Shoto.
— Tu comptes vraiment me fuir éternellement ? me lance-t-elle les yeux baissés, comme si elle avait trop peur de ma réponse pour me regarder en face.
J'aimerai lui dire que non. Mais je ne vais pas mentir en déclarant que je n'ai jamais envisagé cette option.
— Est-ce que tu pourrais... Me laisser un peu plus de temps ? Je voudrais encore réfléchir avant de te donner ma rép...
— Non. Arrête de me mentir Deku. Tu la connais déjà, la réponse. Tu as juste trop peur de ma réaction pour me la dire. J'ai tort ?
Les autres élèves sortent petit à petit du self, nous frôlant par moment, sans remarquer la tension pesante qui règne entre elle et moi. Je n'ai pas envie de la perdre en tant qu'amie. Elle et Tenya sont comme des frères et sœurs pour moi. Je ne veux pas la blesser en la repoussant, mais je ne veux pas non plus lui mentir en acceptant ses sentiments. Et pourtant, il va bien falloir que je fasse un choix parmi ces deux propositions.
J'ai un pincement au cœur en relevant la tête vers elle. Elle sourit, malgré le tremblement de ses lèvres et l'humidité de ses yeux. J'envie sa force. J'aimerai être capable de faire semblant que tout va bien quand tout va mal.
— Tu as raison, je suis lâche, excuse-moi...
Je ne veux pas la faire souffrir. Mais je ne peux me résoudre à ne pas lui dire la vérité, ce serait pire que tout. Elle a toujours été honnête envers moi, quel ami je ferais si je lui mentais ? Ça ne ferait que retarder le moment fatidique où j'en viendrais à lui avouer que je ne l'aime pas de cette façon. Je ne veux pas la perdre, mais je ne peux me résoudre à jouer des sentiments que je n'ai pas.
— Je suis désolé... Je t'apprécie beaucoup, mais uniquement en tant qu'amie. Je t'aime aussi, mais pas de cette manière-là.
J'espère avoir trouvé les mots justes. Elle baisse la tête, j'ignore l'expression qu'elle arbore. J'ai la boule au ventre alors qu'elle est sûrement cent fois plus mal que moi. J'aperçois Shoto au loin, qui converse avec Tenya. Là encore, je voudrais avoir le courage d'Ochaco pour me jeter à l'eau et me déclarer à lui. Et maintenant que j'y songe, moi aussi, je préférerais qu'il soit honnête avec moi en me mettant un râteau plutôt que de me mentir en me disant partager mes sentiments alors qu'il n'en est rien.
— Je m'en doutais un peu...
Je reporte mon attention vers Ochaco. Elle sourit, et ses yeux sont toujours aussi brillants. Sa voix a trembloté, mais elle fait comme si elle ne l'avait pas remarqué. Cette fille est extraordinaire. Le garçon qui réussira à obtenir son cœur peut s'estimer chanceux. Elle mérite mieux qu'un mec comme moi, indécis et marmonneur, prise de tête et dans la lune.
— On reste ami ? hasardé-je.
Son sourire s'élargit. Elle rayonne tant que c'en est éblouissant.
— Bien sûr que oui ! Et tu n'as pas intérêt à changer quoi que ce soit dans notre relation à cause de ma déclaration ! On oublie tout, d'accord ?
— Comme tu voudras, compte sur moi, dis-je en souriant également, contaminé par son visage radieux.
— Je te laisse, Tsuyu m'attends en perm pour travailler sur un devoir de maths ! À plus !
Je lui fais un signe de la main lorsqu'elle détourne les talons. Malgré tous ses efforts pour cacher sa peine, j'ai bien remarqué la larme qui a dévalé sa joue lorsqu'elle a tourné la tête. J'ai préféré feindre ne pas l'avoir vu, je pense que c'est mieux ainsi. Je connais Ochaco comme si je l'avais mise au monde, je sais qu'elle n'aime pas qu'on la voit pleurer ou qu'on essaye de la consoler. Elle est forte, elle le sait, elle préfère s'isoler le temps de sécher ses pleurs plutôt que de montrer sa "faiblesse" à qui que ce soit.
Je crois que c'est également mon cas. Quand ça ne va pas, je n'ai pas envie que tout le monde soit au courant, et j'opte aussi pour un endroit calme où je peux m'enfermer seul le temps d'aller un peu mieux. C'est différent avec Shoto. Étrangement, ça ne me dérange pas plus que ça qu'il me voit pleurer, sans doute parce qu'il m'a déjà vu le faire un bon nombre de fois durant notre enfance.
J'imagine qu'on a tous cette personne un peu privilégiée dans notre cœur, à qui on permet de nous voir au plus mal tant on lui fait confiance. On sait qu'elle ne nous trahira pas, on sait qu'on peut s'ouvrir à elle autant qu'on veut, elle ne nous jugera pas. C'est la seule personne devant qui on se permet de pleurer. La seule personne à qui on peut confier tous nos secrets, même les plus intimes. La seule personne qui est à la fois notre confident, notre ami, notre amoureux et dont les seuls mots peuvent nous transporter au paradis aussi bien qu'en enfer.
Pour moi, cette personne est Shoto. Pour ma mère, cette personne était mon père. Pour Ochaco, je suis sans doute cette personne. Mais je lui souhaites de tout cœur de trouver quelqu'un d'autre, quelqu'un de formidable qui saura prendre soin d'elle.
— Tu penses à quoi Midoriya ?
Je n'avais pas remarqué que Shoto et Tenya m'avaient rejoints. Je hausse les épaules, un sourire qui se veut énigmatique aux lèvres.
— Pas grande chose, je divague... On va en quel cours après ?
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Nos souvenirs évanescents
FanficShoto Todoroki. C'est ainsi que se prénommait mon meilleur ami. Lui et moi étions inséparables. On étaient toujours fourrés ensemble, à jouer sous la pluie ou à nous raconter des histoires dans un coin de la récréation. Cependant, à la fin de l'écol...