chapitre un

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De : numéro inconnu

Salut, on m'a dit que tu vendais de la drogue, c'est quoi ton prix ?

       Le premier message que j'ai reçu de lui m'a étonné. Je me souviens m'être demandée s'il croyait vraiment que je vendais de la drogue, ou si c'était une simple blague. J'étais sûrement la fille la plus chaste niveau drogue du lycée entier. Je n'avais jamais été grandement attirée par ce genre de substance. À vrai dire, j'avais essayé une fois avec Rachel, et je n'avais plus jamais recommencé. Même des collégiens avaient sûrement déjà plus fumé que moi. Durant ma 3ème, ce n'était même plus choquant de voir les filles à papa défiant la loi avec leurs copines devant le collège, toutes contentes de fumer un joint à la vue de tous. Ce qui d'après moi était un peu idiot de leur part. Je me rappelle avoir pensé très fort à quel point j'aurai aimé que la police arrive juste pour voir leurs têtes paniquées.

     Je repose mon téléphone, ne répondant pas. Qu'avais-je à répondre de toute façon ? C'était sûrement une blague, puisque personne ne me calculait au lycée. Qui pourrait s'imaginer un truc pareil ? Une dealeuse ? Les gens me connaissaient tellement peu qu'ils leur faillaient m'inventer une vie. C'était d'une tristesse...

     Finalement, je n'arrive même pas à tenir plus de deux minutes. Trop intriguée, je décide de répondre au message, juste pour satisfaire ma curiosité. Et puis il faut dire que pour un samedi après-midi, je m'ennuyais un peu. Même si je n'étais pas vraiment du genre à sortir le week-end, aujourd'hui était un jour particulièrement ennuyeux. Peut-être que répondre à ce message pourrait rajouter un peu d'action dans ma journée.

A : numéro inconnu

Faux numéro. Je ne vends pas de drogue, désolée.

De : numéro inconnu

Attends, t'es bien la fille aux cheveux rouges du lycée Baudelaire ? La sirène ?

      Je lève les yeux au ciel. "La fille aux cheveux rouges", c'est comme ça que les gens m'appellent au lycée pour me choisir dans leur équipe en sport. Ils ne savent toujours pas mon nom, même après 6 mois de cours. Ou peut-être trouvent-ils ça tous plus drôle de m'appeler ainsi que par mon vrai prénom. Ce qui est, dans les deux cas, assez désespérant. La sirène. J'avais tellement entendu ce surnom pour me décrire, et je n'y pouvais rien. La seule chose marquante chez moi était mes cheveux qui m'arrivaient un peu au-dessus des épaules. Et effectivement, ils étaient rouges. Ils contrastaient avec mes yeux bruns et mon visage banal. J'avais décidé de me les teindre parce que je trouvais que ça me donnait un air rebelle plutôt dans ma jeunesse. Maintenant je continue même si c'est plus une question d'habitude et moins pour faire chier ma mère. En plus de ma chevelure, mon prénom avait grandement inspiré mon surnom. Apparemment, le fait de s'appeler Ariel et d'avoir les cheveux rouges faisait qu'on t'associait directement à la fameuse sirène de Walt Disney.

A : numéro inconnu

Mon nom c'est Ariel, pas la sirène.

De : numéro inconnu

Excuse, j'ai trop l'habitude qu'on t'appelle comme ça. En même temps tu t'appelles Ariel et tu as les cheveux rouges, tu voulais qu'on t'appelle comment ?

A : numéro inconnu

Laisse mes cheveux tranquilles !

De : numéro inconnu

Donc j'en déduis que même si tu t'assois par terre à la récré, tu ne vends pas de drogue ?

A : numéro inconnu

Couleur Grenadine - 5SOSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant