chapitre deux

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    Je passe nerveusement une mèche derrière mon oreille. Je déteste la rentrée. Même si c'est celle de février, je stresse toujours, comme si le simple fait de retourner au lycée après deux semaines de repos était la chose la plus insupportable au monde. Le seul réconfort pour moi de la rentrée, est de voir que je n'étais pas seule à déprimer et avoir de cernes de 10 kilomètres de long sous mes yeux. Je reviens des vacances plus fatiguées que je ne l'étais avant, ce qui est plutôt un paradoxe. 

     Je vois certains lycéens avec une mine joyeuse, retrouvant leur amis. Ils doivent sans doute se raconter les potins de vacances. C'est vrai que si j'avais des amis, la rentrée ne serait peut être pas si insupportable. Mais bon, étant donné que ce n'est pas le cas, je me morfond dans ma tristesse et mon stresse, seule.
     Je m'avance dans le couloir, cherchant la seule fille que je connaisse réellement dans ce lycée. Je la trouve rapidement devant nos cassiers, son regard maquillé rivé sur son IPhone de la plus haute qualité high-tech que son père lui a acheté pour son anniversaire.

- Rachel ! Hého !

     La jolie fille brune devant moi lève la tête. J'ai toujours trouvé Rachel très jolie ; ses yeux légèrement en amande et ses grosses joues lui donne un air d'enfant modèle. Si ses yeux n'étaient pas aussi froids parfois, on pourrait presque y croire. Elle est un peu enrobée mais ses formes lui vont bien, ses hanches sont parfaites, et ses seins existent, pas de doute là dessus contrairement aux miens. 

      Rachel me tend sa joue, que j'embrasse, et commence un monologue sur ses vacances. Je la regarde et fais mine d'écouter en hochant la tête à certains moments. Je comprends quelques mots comme "mecs", "fringues", "trooooop beau". Ce n'est jamais très intéressant. J'ai rencontré Rachel en seconde. J'étais toute seule dans la cour, ma musique sur les oreilles, remuant la tête au rythme de la batterie d'AC/DC, déjà reniée de la société du lycée. Elle est arrivée et m'a demandé mon prénom. Au début je la trouvais cool, elle était sympa avec moi. Elle disait me trouver originale. Puis j'ai rapidement compris qu'elle était égoïste et égocentrique. Mais elle restait cool quand même. J'admire Rachel ; elle est tout ce que je ne suis pas. Elle parle fort, aime les garçons, et elle a un truc qui fait qu'on la respecte sans la connaître. Pendant l'année de seconde, j'ai essayé de lui ressembler, et elle a essayer de me changer aussi. Elle voulait que je sois plus féminine, plus jolie, que je sorte avec deux trois garçons. J'avais envie d'être digne d'être son amie. Puis un jour j'en ai eu marre de tout ça, et j'ai décidé de rester moi même : à ce moment là, elle ne me trouvait plus originale du tout, j'étais devenue la fille bizarre et spéciale qu'elle devait se coltiner au lycée. Mais elle n'avait pas non plus d'autres amis avec qui trainer. Alors nous restions ensemble.

- Prête à reprendre les cours ?

- Mouais, dis-je sans grand enthousiasme.

- Moi depuis le devoir en maths où j'ai eu 18 je suis remotivée comme- Oh Andrew !

       Rachel saute dans les bras du nommé Andrew. Il était grand avec un visage où des boutons avaient l'air de se défier pour savoir lequel serait le plus gros et le plus rouge. Malgré ça, Andrew avait de beaux yeux bleus, et des cheveux bruns et bouclés. Il était mince, et n'était pas le plus beau, mais pas le plus moche non plus. Rachel et lui s'étaient rencontrés il y a déjà quelques mois, pendant les vacances d'hiver. Je m'en souviens encore ; elle m'avait appelé et parlé de lui pendant deux bonnes heures, avant de me demander enfin ce que j'avais eu comme cadeau à Noël. Ils filaient le parfait amour, s'embrassant à tout les intercours devant tout le monde, ce que je trouvais répugnant. Mais pour Rachel, s'imaginer que tout le lycée lui enviait son couple était la meilleure chose possible. Elle était persuadée que cela ferait monter sa popularité. Andrew et elle, c'était la clef de sa réussite.
      À son arrivé, il m'avait encore plus éloigné de Rachel, si c'était possible. J'étais maintenant en trop quand j'étais avec eux, je tenais la chandelle mais je n'avais pas le choix. Avec qui je pouvais rester, autre qu'eux ? Je n'avais personne. J'étais définitivement seule.

Couleur Grenadine - 5SOSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant