S A L V A T I O N

347 33 7
                                    

 Bien qu'il n'en ressente aucunement l'envie, Changbin avait été forcé de remplir une fonction primaire, néanmoins vitale, par son organisme. Plus par obligation que par réelle envie, ou par plaisir. 

Celle de se nourrir. 

Car si son esprit était hanté par des images morbides de ville détruites et de vies brisés, son estomac, lui, envoyait des appels consternant pour lui rappeler qu'il était vide et avait besoin de se remplir.

Quelle besoin absurde par les temps qui courent de penser à des choses aussi basique, futile, que de manger...

Après bien des péripéties, le garçon était parvenu à aller récupérer un peu de monnaie – emprunté généreusement à Minho qui ne manquerait pas de lui rappeler que rien n'était offert dans la vie, du Minho tout craché même en des temps difficiles – et était allé cherché quelque chose dans un des distributeurs de l'hôpital.

Avaler des aliments n'avaient jamais été aussi compliqué et contraignant d'après ses souvenirs. Malgré tout il s'était efforcé de manger le sandwich qu'il avait acheté jusqu'à la dernière bouché, ignorant la nausée qu'il ressentait à chaque fois qu'il avalait. 

Mais se laisser mourir de faim n'était pas une option. Ses proches ne manqueraient pas l'occasion de le lui reprocher plus tard.

Une fois ce besoin vitale accompli, bien qu'à contre cœur, le noiraud se dirigea d'un pas plus vif vers les étages ou se situait la chambre de Felix.

L'australien avait été déplacé dans une aire de l'hôpital plus calme et se retrouvait dans une chambre avec plusieurs patients. Un désagrément consternant dont il fallait s'accommoder malgré la désapprobation de Changbin. Mais Felix n'avait pas fait d'histoire. Felix ne faisait jamais d'histoire. Il souriait et faisait ce qu'on attend de lui avec positivité et gaieté quand il le pouvait. Même dans cet état, Felix était encore en train de faire de son mieux pour répandre de la joie autour de lui. Comme le petit soleil qu'il était. 

Changbin en était jaloux. Il ne parvenait plus à sourire aussi sincèrement.

Une fois arrivé au bon étage, Changbin arriva dans la chambre de son ami et pénétra à l'intérieur. La pièce était plus lumineuse que la précédente et possédait même des fenêtres - bien que la vue donnait sur le parking de l'hôpital. Malheureusement en vue d'épargner un spectacle de désolation à ses patients, les fenêtres étaient fermés grâce à des stores opaque. 

Cet hôpital était l'un des rares encore en état de fonctionner à une distance très proche du séisme et du cœur de la capitale. Beaucoup trop proche, selon Changbin. Mais ils étaient encore à Seoul. Ils étaient proche de ce qu'ils avaient perdu...

En pénétrant dans la chambre, le noiraud adressa un bonjour poli, avec une profonde sollicitude, aux différents patients allongés dans les lits et attendant l'arrivée de jours meilleurs. Chacun d'eux faisaient face à des difficultés différentes. Et Changbin était sensible à leur chagrin et à leur douleur. Mais il ne s'attarda pas sur ces pauvres malheureux, son esprit était focalisé sur son ami.

Le lit de Felix était le dernier de la salle en longueur et il était protégé par un rideau vert qui offrait une intimité partielle des plus frustrantes. 

Lorsqu'il arriva au niveau de son ami, Changbin constata que le lit n'était pas occupé uniquement par l'Australien. Il y avait deux corps.

Hyunjin était allongé dans les bras de Felix et adoptait un visage triste et profondément meurtris. Ses bras enlaçaient fermement la taille de l'Australien comme s'il ressentait le besoin de se cramponner à quelque chose, et ceux de Felix caressaient gentiment la chevelure blonde du coréen aux traits de porcelaine pour l'apaiser et dissiper sa peine. Felix avait, comme toujours, un petit sourire aux lèvres. 

|| The Voice Of Your Heart || 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑔𝑙𝑖𝑥 ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant