B R E A T H E R

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 Le temps défila ainsi dans cette ambiance curieusement apaisé et jovial en dépit des circonstances particulière de ce voyage imprévu. En d'autres circonstances, Changbin aurait apprécier le voyage. Ce dépaysement. L'Australie était un pays magnifique avec un ciel aussi bleu que l'océan. Des palmiers et des des plages infinies de sable fins. Un vrai paradis malgré les températures élevées de l'hémisphère Sud. L'été à Seoul pouvait également se montrer impitoyable. Mais c'était rien en comparaison de ce continent exotique.

La famille de Felix était adorable. Changbin les appréciait beaucoup. Sa mère était accueillante et chaleureuse. Un sourire illuminait en permanence son visage scintillant  et ses yeux pétillaient de la même lueur que ceux de son fils.

Un trait de famille probablement héréditaire car la jeune sœur de Felix était également doté de ce trait de personnalité si particulier. Elle était pétillante et dynamique. Et ravissante, il était difficile de le nier. La petite famille avait tout de suite accueilli le noiraud comme un membre de la famille, le faisant participer au dressage de la table et même à la préparation de quelques plats.

Cette familiarité l'avait quelque peu déconcerté, tout comme la barrière de la langue qui le déstabilisait car il n'en maîtrisait pas tous les aspects. Mais son cœur s'était apaisé dans l'ambiance sereine et protectrice instauré par la figure maternelle.

Le dîner avait été délicieusement savoureux et l'ambiance était chaleureuse. Olivia ne cessait de parler avec entrain – toujours en anglais car elle avait des difficultés à parler coréen, ne maîtrisant pas le dialecte, au grand désarrois de sa mère - et prenait un malin plaisir à provoquer son frère en dépit de son incapacité à communiquer avec sa voix.

Si Changbin , qui s'efforçait de se concentrer pour suivre le fil de la conversation, se sentait choqué par ce fait et estimait que le comportement d'Olivia pouvait être cruelle et déplacé, le sourire scintillant de Felix le dissuada de prendre le parti de son ami. Felix regardait sa sœur avec des yeux compréhensifs et emplis de tendresse. Il lui caressa même la tête affectueusement. Changbin pouvait y lire le bonheur d'être parmi eux. Être rentré chez lui.

D'être encore en vie.

Et cela soulagea Changbin.

Puis doucement le ciel avait commencé à enfiler son manteau de ténèbres et parsemait la voie lacté d'étoiles scintillantes lorsque la lune vint remplacer le soleil. Et le silence s'empara du quartier. 

Après avoir flâné dans le salon à paresser devant un film, la mère de Felix invita les garçons à rejoindre leur lit pour récupérer l'énergie perdue après ce voyage éreintant. Ainsi que ces évènements traumatisant. Son fils, qui tombait de sommeil, n'opposa aucune résistance, accueillant la suggestion de sa mère avec plaisir, et les garçons rejoignirent calmement leurs chambres respectives, sans un mot.

Juste un simple échange de regards et un sourire emplis d'affection.

Une fois dans l'obscurité de la chambre, le sommeil avait commencé à fuir le noiraud en dépit de la fatigue qui lui tombait dessus. Trop de pensées animaient son esprit. 

Allongé dans ce lit étranger depuis plusieurs minutes, le garçon était hanté par des milliers d'images. Des images qui hantaient ses nuits depuis le traumatisme. Chan dans le coma. Seungmin sévèrement blessé. Jisung, paralysé. Felix... sans sa voix. Le souvenir de l'incendie venait perturbé son sommeil et même dans sa tête, le coréen pouvait entendre les hurlements désespérés des gens et les craquements des bâtiments qui s'effondraient autour de lui, comme les morceaux de sa vie.

Retenant, un soupire d'exaspération, Changbin se retourna une fois de plus dans son lit. Cette chambre n'était pas familière. Des ombres se dessinaient sur les murs et l'odeur était certes agréable mais étrangère. Tout lui paraissait étranger.

Malgré l'accueil de la famille de Felix, le coréen au cheveux de jais ne se sentait pas à sa place dans cette maison. Et cette sensation lui souleva le cœur et la solitude menaçait de lui soutirer des pleurs silencieux.

Soudain, un bruit attira son attention. Celui d'une porte qui s'ouvre provenant du couloir, suivit de quelques pas discret sur le parquet. Changbin resta immobile dans son lit et laissa son esprit se perdre dans le vide quand il aperçu un rayon de lumière se dessiner sur le mur de la chambre qu'il occupait, accompagné d'un faible grincement signalant que la porte de sa chambre s'ouvrait.

Intrigué, le coréen tourna la tête en direction de l'entrée de la chambre pour apercevoir, avec étonnement, la silhouette hésitante de Felix qui pénétrait timidement dans la pièce.

Il ferma discrètement la porte et s'approcha du lit de son ami. Changbin senti quelque chose dans son cœur. Un battement frénétique de joie et de soulagement quand le jeune Australien s'arrêta devant lui.

Même dans l'obscurité, Changbin pouvait deviner l'expression dessiné sur le visage de son compagnon. Son regard était implorant et formulait une requête silencieuse.

Sans un mot, le noiraud se décala de quelques mètres, libérant un peu de place dans le lit, ce qui permit à son jeune compagnon de se glisser dans l'espace libéré sans prononcer un mot.

Il ne peut pas de toute façon, lui rappela son esprit perfide. Mais de toute manière, dans ces circonstances, les mots avaient toujours été inutiles.

L'australien remonta la couverture sur eux tandis qu'ils s'installaient convenablement et Felix se glissa avec délice dans les bras de son complice avec un profond soupire de contentement. Changbin laissa la tête de son ami reposer sur un de ses bras tandis que l'autre reposait sur sa hanche. Les bras de Felix, eux, entouraient le taille du noiraud et le blond enfouis son visage contre l'épaule de son aîné.

Le souffle de Changbin était court, mais pas autant que celui de Felix dont les épaules tendues indiqua au coréen que son ami avait été anxieux depuis plusieurs minutes. Il n'était visiblement pas le seul à être saisi d'insomnie.

Dans l'obscurité, enlacés l'un contre l'autre, le cœur de Changbin s'apaisa soudainement et il se senti soulagé. Comme si quelque chose lui avait manqué depuis tout ce temps. Le contact chaud de la peau de Felix collé à son corps qui augmentait la température de son propre corps. L'odeur de son shampoing enivrant qui chatouillait ses narines. Et le souffle tranquille et apaisé de Felix contre son cou. Ces moments lui manquaient terriblement. Et le soulagement d'avoir son partenaire dans ses bras était indescriptible. 

Au delà des mots. Au delà du raisonnable. 

Les bras de Felix caressèrent machinalement son dos pour le rassurer et le faire réaliser qu'il était bien là avec lui.

Bercé ainsi dans les bras de son ami, Changbin parvint enfin à trouver le sommeil.

|| The Voice Of Your Heart || 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑔𝑙𝑖𝑥 ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant