P H O E N I X

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 La nuit tomba plus brutalement à la suite de cet échange qui avait ébranlé Changbin bien plus qu'il ne voulait l'admettre. Le ciel d'encre était parsemé d'étoiles scintillantes et la lune répandait une clarté pâle qui dissipait partiellement les ténèbres. Le fond de l'air était plus frais que d'ordinaire, ce qui incita Changbin à laisser sa fenêtre ouverte pour la nuit, en dépit des  attaques sournoises des quelques moustiques qui pouvaient venir troubler son repos et celui de la personne qui, une fois encore, partageait son lit.

Un silence serein avait envahit la maison, seulement troublé par la mélodie des insectes de nuit et de la brise légère qui s'engouffrait par la fenêtre et allait caresser la peau des bras nus du noiraud.

Les rayons de la lune pénétraient également dans la chambre et permettait une meilleure visibilité, chassant l'obscurité bénéfique pour la recherche du sommeil.

Car cette nuit, le sommeil fuyait le noiraud et de nombreuses pensées troublantes venaient assaillir son esprit. Des pensées déstabilisantes qui étaient accentuées par la présence du corps détendu doux et chaud de Felix, dos à lui, blotti contre son corps qui intensifiait la chaleur qui l'assaillait.

La respiration de l'Australien était calme et apaisé malgré la tension dans ses épaules. Son regard paraissait fixer l'horizon. Ses mains agrippaient le bras de Changbin que l'aîné avait étendu en dessous de la tête blonde de Felix pour lui servir de coussin de fortune. Non pas qu'il en avait besoin. Mais Felix faisait toujours ça lorsqu'il dormait. Il se collait au corps de Changbin et posait sa tête sur le bras, l'épaule ou la poitrine de son aîné. Et le sommeil venait généralement l'emporter rapidement.

Sauf ce soir.

Changbin sentait que son ami était éveillé et que les mêmes pensées tourmentaient son esprit. Le souvenir des paroles qu'ils avaient échangé. Et l'approche d'une séparation plus brutale qu'ils l'avaient pensé. Cette discussion avait éveillé quelque chose. Quelque chose d'enfouis mais qui flottait sous la surface. Prêt à surgir à n'importe quel moment. Mais cette chose, Changbin ne parvenait pas à mettre le doigt dessus. Sa seule certitude était que ça concernait Felix.

Ça concernait toujours Felix...

Dans l'obscurité de la nuit, Changbin n'avait que trop conscience du corps de son ami contre lui. Sa chaleur. Sa poitrine qui se soulevait lentement au grès de sa respiration tranquille. La douceur de sa peau qui touchait la sienne. Même à travers leurs vêtements. Le shampoing de l'Australien enivrait ses narines et le laissa submerger d'une étrange émotion.

Ce corps menu mais ferme lui était si précieux.

Et la révélation de son départ imminent qu'il avait annoncé en cette fin d'après-midi les avait ébranlé. Sonnant le début de la fin.

Après que tous les invités étaient parti – assez tard d'ailleurs - Felix s'était montré plutôt réservé au point que le noiraud s'était demandé si il passerait la nuit seul.

Et pourtant, fidèle à leurs habitues, quelques minutes après que Changbin eut éteint les lumières et s'était couché, il avait entendu la porte de sa chambre s'ouvrir et avait senti le matelas se creuser lorsque le blond s'était installé dessus en se blottissant contre son aîné. Accueillant son cadet, Changbin l'avait laissé s'installer à sa convenance et cette fois-ci, il avait le dos de son ami contre sa poitrine. L'un de ses bras sous la tête de son cadet. Et l'autre hésitant à se poser sur sa taille. Finalement Changbin avait préféré laissé son bras reposé le long de son propre corps.

De nombreuses minutes étaient passées pendant lesquelles l'esprit confus de Changbin voletait au hasard sans s'arrêter sur quelque chose en particulier. Sauf Felix.

|| The Voice Of Your Heart || 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑔𝑙𝑖𝑥 ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant