F A R E W E L L

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 Très vite, trop vite, arriva le jour du départ...

Assit sur le lit de la chambre qu'il avait occupé depuis plusieurs semaines, Changbin acheva ses préparatifs de son proche départ. Toutes ses affaires – ses maigres possessions - étaient rassemblées dans sa valise qu'il ferma vivement dans un clac sonore avant d'embrasser la pièce d'un dernier regard. Les souvenirs qu'il avait vécu dans ce lieu, dans ce pays étranger, si éloigné de chez lui, se mélangeaient dans son esprit nostalgique.

Les plages, la ville, l'océan, le soleil, les palmiers... Tant de paysages somptueux et exotiques qui lui avait permit de s'évader. D'oublier l'espace d'un instant, les tragédies qu'il avait vécu. En dépit de la culpabilité. Des remords. Et des regrets d'avoir tout laisser en suspend l'espace d'un court instant. D'une pause dans le temps. Une parenthèse bienvenue. Et nécessaire.

Car au fond, il n'y avait pas que les blessures physiques qui avaient besoin d'être réparées. Celles du cœur également. A présent, Changbin estimait se sentir plus fort pour affronter la dure réalité. Il pouvait retourner là-bas et faire face à ce qu'il devait surmonter.

La chaleur suffocante de ce pays tropical n'allait pas lui manquer. Mais la chaleur humaine des habitants de cette maison, si.

Un soupire lourd s'échappa de la barrière de ses lèvres et un soupçon de chagrin s'empara de ses traits. Il serait difficile de retourner à Seoul, dans ce paysage urbain de désolation après le décor des plages infinies de sable fin.

Mais ce n'était pas ce qui allait lui manquer le plus.

Dans un coin de la chambre, Felix avait le regard vissé sur lui et son regard était distant. Comme perdu dans les méandres des incertitudes et de l'abandon qu'il s'efforçait de ne pas ressentir. Ses pupilles, d'ordinaire si lumineuses, étaient à présent voilées d'un nuage sombre. L'australien avait perdu de son éclat à mesure que les heures le conduisant à sa séparation avec son aîné défilaient devant lui.

Mais Felix était fort et il ne voulait pas donner plus de soucis au noiraud que nécessaire. Alors il s'était joint à lui pour assembler ses affaires et les ranger. Il avait ajouté un petit sac dans lequel la mère de Felix avait préparé une collation pour le voyage. Un souvenir de sa cuisine qu'affectionnait le noiraud. Un mixte de petites viennoiseries dont le noiraud était friand. L'attention était touchante, bien plus qu'il ne voulait l'admettre. Mme Lee avait été comme une seconde mère pour lui. La femme quinquagénaire allait lui manquer.

Autant que son adorable fils qui posait sur lui un regard remplis de supplication qu'il essayait de masquer avec un sourire rassurant.

Changbin eut du mal à contenir le soupire qui menaçait de s'échapper de ses lèvres tendues tant l'inquiétude pour son cadet le rongeait. Et l'attitude d'enfant abandonné du blond n'aidait pas le noiraud à être serein.

« Ne me regarde pas comme ça, Lix... » souffla Changbin d'un ton implorant en allant caresser délicatement la mâchoire de son cadet d'un frôlement de ses doigts. « On va se revoir bientôt, pas vrai ? »

D'un mouvement lent de la tête, le blond opina avec un faible sourire tandis que Changbin prit le temps de mémoriser les traits de son compagnon dans son esprit. Ils allaient se revoir bientôt, c'était une évidence. Mais ils ignoraient quand l'état de Felix lui permettrait de repartir en Corée par ses propres moyens.

Le jour de son retour sera celui qui descellera ses lèvres et lui permettra de parler à nouveau. Cette date était indéterminée. Voilà pourquoi la séparation paraissait autant déchirante pour les deux garçons.

Changbin avait du mal à croire que quelqu'un se souciait si fortement de sa personne au point d'être sur le point de verser une larme. C'était insensé. Inconcevable. Et pourtant...

|| The Voice Of Your Heart || 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑔𝑙𝑖𝑥 ||Où les histoires vivent. Découvrez maintenant