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Nous sommes tous rapidement prêts à partir, nous prenons l'ascenseur pour descendre tous les quatre, nous y sommes un peu serrés mais cette situation à l'air de ravir Kamille qui en profite pour se coller à moi plus que de raison. Devant la petite voiture de ma mère, je me positionne à la hauteur de la portière arrière, laissant ainsi la place avant à mon camarade qui ne semble pas comprendre et me regarde bizarrement. Il constate ensuite que ma petite amie n'a pas l'intention de me lâcher la mains, et s'assoie donc aux côtés de ma mère. Ma copine à l'air toute joyeuse de se retrouver seule avec moi sur la banquette arrière, elle tend sa ceinture de sécurité au maximum afin de se coller contre moi et affiche une mine radieuse. En voyant les efforts qu'elle déploie pour se serrer, je me dis que je peux en faire un aussi, je me décale donc de quelques centimètres sur ma droite et nous pouvons nous prendre dans les bras, son sourire ne fait que s'élargir d'avantage. Elle affiche encore cette mine réjouie quand ma mère se gare sur l'immense parking du non moins immense hypermarché. Évidemment, un samedi après-midi, le magasin est surpeuplé. Clément découvre, dans la galerie marchande, une enseigne qu'il n'aurait jamais du voir, celle d'une boutique de jeux vidéos bien connue. Il s'y précipite comme une enfant et lèche la vitrine comme un mort de faim, ce qui nous fait toutes rire. Je le tire par la main en lui disant bien fort qu'on irait faire un tour après, s'il est sage et cette réplique fait sourire les clients qui nous entourent. Nous entrons ensuite dans la grande surface elle-même, y trouvons tout de suite ce que nous cherchons, un îlot de forme carré, pleine de vitrines d'un verre épais, nous nous en approchons. Au fur et à mesure que j'avance, je vois les éclairages savamment disposés faire miroiter les métaux précieux qui reposent sous le verre, ils scintillent et s'éteignent à chacun de mes pas. Le carré fait face à un imposant rayonnage, nous n'avons pas le moindre regard pour lui, sachant qu'il n'est composé que de choses tape-à-l'œil, cent pour cent toc, pour femme mûres voulant se donner un genre, style collier de grosses fausses perles, même pas nacrées en plus. Derrières les étalages qui nous intéressent se tiennent deux vendeuse dont l'une discute déjà avec un client alors que l'autre nous regarde approcher et nous laisse un temps poli pour faire rapidement le tour du carré.

« Titi ! Titi ! Viens voir ! »

Clément se comporte encore comme un gosse dans un aquarium et écarquille les yeux sur un objet en vitrine situé juste en face de la vendeuse souriante, qu'il ne semble soit pas avoir vu, soit s'en foutre éperdument.

« Titi, conseille ton ami, me dit ma mère, j'emprunte Kamille pour faire quelques emplettes le temps que nous sommes là. »

Me voilà donc dans de beaux draps. Je m'approche de mon camarade et repère tout de suite la chose sur laquelle il bave maintenant ouvertement. Je dois admettre que c'est joli, une bague fantaisie argentée avec un petit cœur au dessus sertie d'un faux rubis qui donne une touche d'éclat en plus à l'anneau, de plus, elle est pile dans ses moyens. Je lui conseille de finir le tour de l'îlot avant de se décider, le sourire de la vendeuse semble furtivement se rétracter mais il retrouve toute sa splendeur quand mon ami me dit que ce n'est pas la peine, qu'il a déjà choisi, je m'en doutais un peu. Je lui demande donc de régler ça avec la femme en face de lui et il la remarque enfin, quant à moi, je finis le tour histoire de voir si quelque chose pourrait me tenter. Je tombe sur un pendentif de la même teinte que la bague choisie par Clément, séparé en deux, vendu avec deux chaînes argentées elles aussi. Je regarde dans mon portefeuille et grâce aux vingt euro de ma mère, j'ai moi aussi assez d'argent. Une petite étiquette en carton indique que pour cet article, la gravure de deux lettres est gratuite, je n'ai pas besoin de me torturer l'esprit pour savoir quelles vont être ces lettres. La vendeuse qui était occupée à notre arrivée s'approche alors de moi et me demande si elle peut m'être utile. Je lui montre ce que je voulais et lui indique la gravure à faire. Elle m'encaisse avant, par précaution je présume, puis se retourne vers un étrange appareil alors que mon camarade revient près de moi, toujours accompagné par son sourire d'idiot du village sur ses lèvres.

« Toi aussi tu vas acheter quelque chose Titi ?

– Non, j'aime bien attendre comme une cruche... À ton avis ? Mais tu fermes ta gueule, tu dis rien devant Kamille.

– Ne t'en fais pas. Tu crois que ça plaira à Amélie ? »

Il me montre fièrement le petit paquet qui contient une boite que l'on devine carrée.

« Si ça ne lui plaît pas c'est qu'elle est vachement difficile.

– Elle est difficile, me répond-t-il mais sans se départir de son sourire d'abruti. Mais je pense que ça va le faire.

– Moi aussi je le pense Clem.

– T'as acheté quoi ? »

Je demande à la vendeuse si elle peut lui montrer le pendentif avant qu'elle ne l'enferme dans la boite rectangulaire qui se tient sur la pile de petits sac en papier identique à celui que tient Clément, ce dernier pousse un ''Waouh'', je remercie la jeune femme et rappelle à mon ami de fermer son clapet devant ma chérie. La vendeuse me lance un regard un peu perplexe, j'y vois de l'amusement mêlé à de l'incrédulité, enfin je pense. Nous nous éloignons après que nous lui ayons souhaité une bonne journée et nous finissons par retrouver ma mère dans l'allée des conserves, comme si on en avait pas assez à la maison. Elle me demande si mon camarde a trouvé son bonheur, je lui répond par l'affirmative, elle semble ravie elle aussi.

« Tu me montreras ça garçon.

– Oui madame. »

Ma mère ne relève pas le madame et continue à avancer jusqu'à ce que ma petite amie l'arrête.

« J'ai aussi un petit truc à acheter je reviens tout de suite Cynthia.

– Je viens avec toi bébé ?

– Non. Je prends Clem. Allez, viens là toi ! »

Sans que je ne puisse dire quoi que ce soit, elle prend notre ami et l'emmène, alors que ma mère s'extasie sur les haricots. Nous faisons encore quelques rayons, j'essaie de savoir ce que Kamille est partie chercher mais elle me dit qu'elle n'en sait rien, j'ai du mal à la croire. Ils reviennent alors que nous arrivons au fond du magasin, au dernier rayon, celui de l'eau que nous venons de survoler ma mère et moi, histoire de ne pas les attendre en poireautant comme deux cruches. Ma petite amie a un visage rayonnant alors que notre camarade tire une tronche de constipé, je me demande bien ce qu'elle a pu acheter et surtout j'espère que Clément n'a pas lâché le morceau. Après les caisses et leurs longues attentes, même à celles qui sont automatiques, nous sommes de retour dans la voiture, le jeune homme exhibe tout fièrement son achat à ma mère et ma copine, cette dernière, de nouveau à côté de moi se remet immédiatement à me coller et ne me laisse pas respirer une seconde. Juste avant que nous le déposions chez lui, il se rappelle de Micromania et nous dit qu'il est dégoûté que nous ne soyons pas sortis par la même porte tambour que celle de l'entrée, il a de ce fait complètement oublié la boutique de jeux, nous en rions toutes. Il nous remercie encore en sortant du véhicule et nous rentrons enfin à la maison, je suis exténuée mais heureuse de cette journée.

Mes Chroniques de Lycée-épisode 3- Le Cadeau de ClémentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant