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Je suis de super bonne humeur en me réveillant ce vendredi, ma chérie ne va pas tarder, ce soir nous serons en week-end, la famille allait s'agrandir et j'allais avoir la petite sœur dont j'ai toujours secrètement rêvé. Kamille est moins enthousiaste que moi et loin d'être ravie qu'une nouvelle fille vienne s'installer ici. Alors que nous partons pour le lycée, elle me dit en sortant du bloc que de tout façon rien n'est encore fait, ma mère prend le temps de savourer sa relation comme elle est actuellement et si elle nous présente son chéri, c'est uniquement parce que je l'ai grillée. Je suis assez d'accord avec elle sur le fond, je lui ai un peu forcé la main mais je me dis en moi même que si j'ai réussi la dessus, je réussirais probablement pour le reste, si le courant passe bien entre son copain et moi évidemment. Nous en débattons toujours alors que nous sommes rejointes par l'autre couple de la classe, Amélie s'invite dans la conversation tandis que son mec nous claironne qu'il ne reste plus que vingt-neuf heures, à voir, il n'a pas oublié.

«  Mon ex belle mère était horrible, nous dit tête d'écureuil. Elle me tombait dessus dès que je rentrais du collège pour que je m'occupe de la maison, elle passait ses journées collée à la télé, et quand mon père rentrait des champs, elle lui faisait des sourires mielleux en disant qu'elle avait elle même fait tout ce qu'elle m'avait ordonné de faire.

– Ça s'est terminé comment ? Demande ma petite amie à fond dans l'histoire.

– Un jour mon père est rentré plus tôt sans rien dire et il a vu que c'est moi qui lavait le sol, ils se sont engueulés puis séparés. J'en ai une nouvelle depuis presque un an, elle est vachement plus cool. »

Ainsi notre camarade est une sorte de Cendrillon mais sans prince charmant ni godasses en vair. J'ai de la peine pour elle et essaye de retranscrire son histoire avec mes personnages à moi. Le mec de ma mère pourrait bien me demander ce qu'il veut, il n'aura qu'un doigt en réponse, je ne suis pas une bonniche, et s'il n'est pas heureux, c'est le même prix. Je décide sagement de mettre toute cette histoire de côté pour le moment, on ne peut pas juger les gens sans savoir. Clément nous tabasse une nouvelle fois avec ses vingt-neuf heures, Kamille lui dit sèchement de fermer sa gueule, je me demande si elle n'aurait pas lu dans mes pensées.

Non mais c'est vrai quoi, se justifie-t-elle au couple devenu soudainement boudeur, on parle d'un sujet sérieux et lui vient nous faire chier avec ses heures. T'as plus cinq ans mon pote, grandis un peu !

– Moi aussi je décompte, rétorque la petite blonde, tirant ouvertement la tronche.

– Ouais mais toi tu le fais pour toi ! Tu ne nous casses pas les ovaires en le répétant mille fois. »

Le garçon essaie de se défendre tant bien que mal, nous précisant qu'il ne l'a pas répété mille fois, c'est moi qui lui dit que ça suffit cette fois car je sens la mains de ma copine se contracter sur la mienne. Je n'ai pas envie que tout cela finisse en bagarre sinon bonjour l'ambiance demain.

«  Je comprends que se soit un jour important pour vous, dis-je pour calmer un peu tout le monde, comme mercredi était un jour important pour nous mais on l'a pas hurlé sur les toits, on a gardé ça pour nous.

– Ah ! Fait Clément comme s'il venait de faire la plus grande découverte de sa vie. C'est pour ça que vous êtes parties directement !

– Ouais, t'as compris Clem. »

Fier de sa trouvaille il retrouve son sourire niais tout en se remettant en route et tenant sa copine par la main. À voir la tête qu'elle fait je me dis qu'elle avait deviné depuis longtemps ce que son mec venait à peine de découvrir. Au lycée, nous nous séparons, ils veulent fumer une dernière clope avant d'aller en cours, ma petite amie et moi préférons attendre devant la salle, peut-être même s'asseoir si cette dernière est déjà ouverte. Nous montons les vieux escaliers de bois vernis et quelle surprise en arrivant en haut, elle a beau me tourner le dos, je reconnais tout de suite ces longs cheveux noirs et cette silhouette. Je lâche la main de ma copine et saute au cou de mon amie.

« Soso !

– Bonjour Titi. Il paraît qu'on se faisait du soucis pour moi alors je suis passée.

– Évidemment ! Elle me manque ma belle sœur.

– Oui, mon Namour d'Olivier me l'a dit, c'est pour ça que je suis là ce matin. Bonjour Kamille »

Ma petite amie lui répond froidement tout en me tirant assez fortement par le col de mon pull pour que je lâche la fille brune. D'autres élèves sont en train d'arriver, je laisse donc mon amie respirer un peu tout en lui demandant de ses nouvelles. Elle me dit qu'elle va bien, qu'elle passe le plus clair de son temps au téléphone avec mon frère et que c'est pour cette raison que ce dernier ne donne pas trop de ses nouvelles à ma mère, ni à moi lui fais-je remarquer, ce qui la fait rire en me disant que je n'ai pas changé. D'ailleurs, me dit elle comme un secret, Olive doit appeler ce matin, ma mère, je lui réponds qu'il pourrait faire ça quand elle ne travaille pas. Je passe délibérément sous silence la venue prochaine de Pierre, cela concerne avant tout ma mère, libre à elle de le lui en parler ou pas. Elle nous montre ensuite fièrement ce que mon frère lui a envoyé par la poste pour fêter leur premier mois, un pendentif en forme de cœur entier gravé '' I ❤ U '' dessus et tout en exhibant les nôtres, je constate qu'Olivier et moi avons le même goût en matière de babioles romantiques. Les autres de la classe se regroupent maintenant autour d'elle, lui demandent comment elle va, si elle a eu des problèmes de santé, elle les rassure en leur disant qu'elle n'avait pas la tête aux cours et qu'elle préférait rester chez elle plutôt que venir au lycée et ne rien suivre. Elle leur dit aussi qu'elle va faire des efforts pour être plus présente, ça j'ai du mal à y croire. Le professeur lui même est étonné du retour de mon amie, il nous fait entrer dans la salle et les cours commencent. 

Mes Chroniques de Lycée-épisode 3- Le Cadeau de ClémentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant