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Je me hâte d'aller dans ma chambre pour y cacher mon achat, seulement, une fois dans la pièce, je me demande bien où le foutre, Kamille pourrait tomber dessus à n'importe quel moment. Je n'en essaie pas moins divers endroits, le tiroir de mon bureau pour commencer, sous la tonne de paperasse qu'il contient, non, trop évident et si la fine planche du fond venait à tomber, le paquet serait découvert. Dans la garde-robe, sous une pile de linge à moi, on peut entendre le papier de l'emballage si on appuie dessus. Dans mon tiroir à sous vêtements, il n'y a pas plus mauvaise idée. Je me tiens toujours au milieu de la chambre à chercher une bonne cachette quand la voix de ma petite amie retentit dans mon dos, je me paralyse sur place.

« Qu'est ce que tu fais mon cœur ? »

J'essaie de réfléchir à quelle excuse lui donner tout en me retournant sur elle, sans penser ne serait-ce qu'une microseconde que je tiens à deux mains le petit sachet en papier rayé bleu et blanc de la bijouterie de l'hypermarché. Elle me regarde de ses grands yeux verts, de façon interrogative puis les baisse au niveau de mes mains avant de revenir se plonger dans les miens et elle se met à rire.

« Me dis pas que tu cherches à cacher le cadeau de Clem ? »

Je vois la une excuse toute trouvée, sans réfléchir d'avantage, j'enfonce la porte de sortie qu'elle vient de m'ouvrir, la remerciant mentalement.

« Si, si, je cherche un coin où le poser en fait.

– Elle en a de la chance Amel, deux cadeaux pour son premier mois, faut pas demander comment elle va crouler sous les présents dans un an... Elle qui n'est pas très grosse la pauvre.

– Hein, comment ça deux ?

– Clem est descendu de la voiture en montrant fièrement son paquet comme s'il voulait dire à toute sa rue qu'il revenait de la bijouterie. »

Quel con celui là ! Mais je me dis que je ne suis pas mieux que lui car je suis bêtement tombée dans le panneau, qui était pourtant gros comme une espace publicitaire sur un mur. Je sens mon visage s'embraser de honte et cherche une nouvelle excuse à lui sortir quand elle sort de sa poche un autre emballage de la même teinte que le mien, je la dévisage, toute étonnée.

« Heureusement qu'il était avec moi, sinon on se serait offert le même cadeau je pense.

– Hein ? Quoi ?

– En arrivant au magasin, j'ai rapidement fait le tour du carré, j'ai repéré un joli pendentif qui me plaisait bien, m'explique-t-elle en me prenant par la main et nous faisant asseoir au bord du lit. J'attendais que vous soyez revenus pour aller discrètement nous l'acheter, bien que ça ne se soit pas fait de façon très discrète, et en retournant pour le faire, juste avant que je paie pour faire graver les lettres Clem m'a stoppé. Je ne devais pas te le dire mais vu qu'on en est là, autant être franche avec toi ma chérie. Ne lui en veux pas, il a fait ça pour nous rendre service.

– Tu allais vraiment acheter la même chaîne que moi ?

– Les mêmes chaînes, il y en a deux. C'est aussi pour ça qu'il m'avait tapé dans l'œil, contrairement à lui, je sais bien que toi tu n'en a pas, comme tu sais que je n'en ai pas moi non plus. »

J'essaie de digérer toutes les informations, notre camarade à vendu la mèche pour éviter à ma copine d'acheter la même chose que moi, quelle probabilité avions nous que Kamille choisisse le même article dans la bonne centaine que contenait la vitrine, en excluant ceux masculins et les montres évidement. Du coup je me demande aussi ce que peut bien contenir son sachet à elle.

« T'aimerais savoir, chérie ? »

Comme si elle venait de lire dans mes pensées, elle fait balancer son petit paquet à la hauteur de ses yeux, ressemblant à un hypnotiseur.

« Oui, dis-je franchement.

– Tu m'offres le tien, je t'offre le mien.

– Il reste encore quatre jours cœur.

– Tu sais bébé, même toute petite, j'ai jamais eu la patience d'attendre le jour de Noël pour ouvrir mes cadeaux... Mais bon... C'est toi qui voit. »

Elle se lève et se dirige vers son sac de cours pour y faire disparaître le sachet, je la stoppe. Je ne trouve pas ça juste qu'elle sache ce que j'ai alors que moi je l'ignore totalement, pire que ça, n'ayant pas fini le tour du carré, je n'en ai aucune idée. Tant pis pour la date officielle, je crève d'envie de savoir. Elle me regarde, attendant que je lui donne la raison de cet interruption.

« Ça m'énerve de pas savoir ce que tu as acheté, dis-je un peu boudeuse. Merde à la date, n'attendons pas le jour de Noël ! 

– Yes ! Crie-t-elle en se relevant. Toi d'abord mon cœur. »

Je lui tends mon paquet, elle l'ouvre comme une barbare, le déchirant à moitié avant de faire tomber dans la paume de sa main la boite. Elle l'ouvre à son tour et en sort, toujours sans précaution aucune, les deux chaînes afin d'admirer les pendentifs.

« Tu as mis ta vraie lettre bébé ?

– Oui. Même si tout le monde me nomme Titi, ce que je préfère, sur ma carte d'identité c'est Laëtitia. Il va bien falloir qu'on s'y fasse.

– Oui ma petite Laëtitia chérie. Et donc tu m'offres lequel ? »

Entendre mon prénom dans sa bouche ne me procure absolument pas l'effet désagréable habituel, bien au contraire. Je me saisis du demi cœur gravé d'un L, joue avec le fermoir de la chaîne pour l'ouvrir et lui passe autour du cou. La longueur de la chaîne lui va parfaitement, le bijou tombe juste à la naissance de la poitrine, il sera aisé pour elle de le faire disparaître sous son maillot ou son pull en rentrant chez elle.

« Tu es officiellement à moi Kamille chérie.

– Oui !! Et donc moi je te mets celui là, c'est ça ? »

Sans même attendre que je réponde, en même temps qu'aurais-je pu lui dire ? Elle me met le pendentif autour du cou.

« Tu es officiellement à moi Laëtitia. »

Comme pour sceller notre pacte nous nous embrassons langoureusement. 

Mes Chroniques de Lycée-épisode 3- Le Cadeau de ClémentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant