Les élèves se lèvent lentement de leurs places, ce n'est pas mon cas, je me redresse rapidement et saisit Kamille par le poignet.
« Viens par là toi ! »
Elle me suit, fort heureusement, je ne m'imagine pas la traîner de force. Nous descendons les escaliers, sortons du bâtiment de briques que nous longeons, tournons à gauche à la fin de celui-ci pour rejoindre notre coin habituel mais je vais encore plus loin, reprends une fois à gauche, et là, à l'abri de tous les regards, je la plaque contre le mur.
« T'as bientôt fini tes putains de gamineries ?
– Pard...
– C'est quoi pour toi ça, lui cries-je en lui montrant mon pendentif. C'est quoi pour toi la promesse qu'on s'est faite ? Du vent ? Des mots en l'air ?
– Certainement pas, je...
– Alors arrêtes de faire la gueule ! Arrêtes d'être jalouse d'une gamine qui ne m'intéresse pas ! Arrêtes de me faire mal Kamille putain !
– Je... »
Elle me saisit par le cou et vient me coller contre elle si fort que je crois un instant que mon nez va taper le mur de brique derrière elle. Elle enfonce sa tête dans mon épaule et se met à pleurer, je résiste à l'envie de la consoler cette fois, même de l'enlacer, je me force à garder les bras le long de mon corps même si cela me fait mal au cœur, je veux qu'elle comprenne. J'entends, par dessus ses sanglots étouffés par mon blouson, des voix venant des escaliers, les autres doivent être arrivés maintenant, je tends l'oreille mais n'entends pas avec précision ce qu'ils se disent. Pour continuer d'être au calme, je nous fais reculer de deux bons mètres en marchant un peu comme un crabe. Kamille suit le mouvement sans s'arrêter de pleurer, la tête toujours enfoncée sous ma clavicule.
« Je sais que je suis trop jalouse, finit-elle par dire. Je le sais mais c'est plus fort que moi, quand une autre fille te regarde j'ai envie de lui enfoncer mes doigts dans les yeux jusqu'à passer au travers. Et c'est encore pire quand c'est toi qui en regarde une autre ! Je t'ai vu avec Sophie ce matin, j'avais envie de la tuer. Je te faisais la gueule à fond mais j'avais quand même envie de te la détachée et de l'envoyer valser au loin.
– Kamille, même si je regarde partout autour de moi, il n'y a que toi qui compte. Et So, c'est ma belle sœur, donc c'est la famille.
– Je sais. Je sais mais c'est plus fort que moi ! »
Me revient en mémoire l'image de tête d'écureuil serrant ma copine contre elle, n'ai-je pas eu, moi aussi, des envies meurtrières à cet instant ?
« Je ne la supporte pas cette gamine, reprend Kamille toujours cachée dans mon épaule. J'ai pas supporté comme tu l'as regardée, comment vous vous regardiez, je ne supporte pas qu'elle t'envoie des messages en t'appelant chérie ou adorée, je ne supporte pas qu'elle t'envoie des cœurs, je ne supporte pas la voir près de toi, je ne supporte pas qu'elle te fasse du rentre dedans !
– Tu sais qu'il y a un fort taux de probabilité qu'elle fasse un jour partie de ma famille ?
– Ou... Oui. »
Sa réponse plus qu'hésitante me met en colère, je lui redresse la tête, elle essaie de se recoller contre moi mais ne la laisse pas faire, je colle mon front contre le sien si fort que j'en ai mal sur le coup mais je m'en fous.
« L'inceste ne me tente absolument pas ! Justine ne me tente pas ! Sophie ne me tente pas ! Amélie ne me tente pas ! Toutes celles que tu pourras trouver ne me tenteront pas ! La seule qui me tente s'appelle Kamille, avec un K comme kimono !
– Dommage que c'est pas un C comme conne.
– J'y ai pensé.
– Tu m'en veux ?
– Oui. J'ai plus souffert ce matin que durant mes seize dernières années alors oui Kamille je t'en veux.
– Je comprends. »
Elle se dégage de moi et fait pour repartir vers les autres en traînant les pieds, la tête basse, je la rattrape une nouvelle fois par le poignet, elle se retourne et relève la tête pour me regarder d'un air surpris.
« Ce n'est pas parce que je t'en veux que je ne te veux plus, lui dis-je en la tirant contre moi. On ne partira pas d'ici tant qu'on aura pas fait la paix.
– les cours vont...
– Je m'en branle des cours ! »
Elle me regarde encore un moment puis finit par s'abandonner contre moi, me dit qu'elle s'en veut pour toute cette histoire, me promet de faire attention à l'avenir, je n'y crois pas tellement et lui rappelle que c'est déjà ce qu'elle m'avait dit samedi soir, elle ne dit plus rien. Je lui redresse une nouvelle fois la tête et la regarde quelques instants droit dans les yeux avant de l'embrasser. Elle se raidit puis abandonne, me rendant même mon baiser. Une fois nos lèvres séparées, elle me remercie d'être si patiente avec elle, je lui dis que c'est uniquement parce que je l'aime, si elle ne comptait pas autant pour moi, j'aurais laissé tomber dès notre première crise. Je la vois pâlir à cette remarque, j'en profite pour lui préciser que c'est la dernière fois que je me décarcasse pour sauver notre couple à cause de ses crises inutiles, mais ça non plus je n'y crois pas trop. Elle me dit qu'elle comprend, je l'espère vraiment. Je la prends par la main, cette fois ses doigts se referment sur les miens et c'est ainsi que nous regagnons notre place parmi les autres. Clément voit que l'on se tient par la main et que nous sommes plus souriantes qu'à notre arrivée, comme un débile il se met à applaudir. En bons débiles, les autres suivent et se mettent à applaudir aussi alors que la reprise des cours sonne.
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Mes Chroniques de Lycée-épisode 3- Le Cadeau de Clément
Aktuelle LiteraturSuite des aventures de Titi, Kamille et les autres. Entre lycée, amour, famille, découvrez de nouvelles facettes de cette série fiction.