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À la pause, nous nous retrouvons tous les cinq aux escaliers, j'informe Sophie qu'Amélie dort chez moi ce soir, et la jeune fille brune s'excuse presque de ne pas pouvoir venir, ce qui m'arrange dans le fond quand on sait qui doit également venir le lendemain. Kamille m'en parle plus tard, alors que nous sommes en route pour aller manger, elle me demande si l'ami de ma mère ne sera pas trop surpris de débarquer dans une maison où il y a trois filles alors qu'il ne devait y en avoir qu'une. Je la corrige en lui disant qu'il est au courant pour nous et ma petite amie semble soudainement paniquer. Je lui dis aussi que quant à Amélie, elle passe juste la nuit et sa journée chez moi pour voir son mec, ils iront passer un peu de temps ailleurs au pire des cas. Dit comme ça, ça paraît un peu barbare mais je m'en fous. Que ce soit la concernée, Kamille ou moi , nous savons toutes que la petite blonde ne reste pas avec nous uniquement par gaieté de cœur mais aussi par obligation. Ma petite amie me répond que je n'ai pas tort alors que nous rentrons chez moi pour tomber nez à nez avec ma mère. Je lui demande ce qu'elle fabrique là, elle me répond rapidement qu'elle ne va pas recevoir son ''ami'' et sa fille dans un ''taudis''. Je ne trouve pas que notre appartement ressemble à un taudis, je le qualifie plus d'appartement douillet. Quelques bricoles traînent ici et là mais rien de bien méchant. Ma copine et moi mangeons en vitesse un morceau de pain, ce qui nous vaut une réflexion de ma mère pour les miettes, en fait je découvre que ma mère est hyper nerveuse de nous présenter son chéri demain. Pour ma part, je suis plus impatiente que stressée. Nous la laissons à son nettoyage inutile pour aller dans ma chambre afin que je prépare mes affaires de cours pour l'après-midi. Kamille me dit en riant qu'elle va finir par laisser les siennes ici, je trouve que c'est une assez bonne idée et me dit à moi même que je devrais lui laisser l'un des deux tiroirs de mon bureau, elle serait moins chargée pour aller au lycée, elle qui est obligée de prendre chaque matin ses affaires pour la journée. Nous repartons pour le bahut, avant que l'on ne sorte, ma mère me dit qu'elle a eu des nouvelles de mon frère et que nous en parlerions toutes les deux ce soir. Je ne lui dis pas que je le sais déjà et j'ai hâte de savoir ce qu'Olivier a bien pu lui raconter. Nous sommes rejoints par l'autre couple qui crie en cœur qu'il ne reste plus que vingt-quatre heures pour embêter ma petite amie mais cette dernière ne réagit pas. Je me prends à leur jeu et alors que nous allons en pause, je signale à Clément qu'il ne reste que vingt deux heures, il me répond avec un grand sourire qu'il sait tandis que Kamille râle en disant que je n'ai pas intérêt à m'y mettre à mon tour. Sophie n'est pas revenue en cours cet après-midi, je me dis que j'ai eu bien fait de ne pas croire ses belles promesses d'assiduité. À la fin de la journée Amélie nous suit, après avoir longuement, très longuement, trop longuement même, embrassé son petit ami à pleine bouche. Je trouve que pour deux fumeurs ils ont un capacité d'apnée étonnante. À la maison, ma mère nous saute dessus dès que l'on franchit la porte, elle prend tête d'écureuil pour aller faire quelques courses alors qu'elle nous donne, à ma copine et moi, une série de tâches à effectuer le temps qu'elle sera partie. Elle nous informe aussi que ce soir nous commanderons une pizza.

« Comme ça, il n'y aura que quatre cartons à jeter demain matin, précise-t-elle, toujours aussi nerveuse. Titi fais bien tout ce que je t'ai dit.

– Oui maman.

– Bien. Viens Amélie. »

Je les regarde partir en espérant que ma mère se calme un peu avant de conduire sinon elles courent droit à la catastrophe. Je m'occupe ensuite de faire ce qu'elle m'a demandé, à savoir regarder dans la chambre d'Olivier s'il n'y a rien qui y traîne et vais ensuite ranger la mienne, aidée de ma petite amie, j'en profite pour installer le futon de ma camarade.

« Elle ne va pas dormir dans la chambre de ton frère ?

– Non. Ma mère ne laissera personne y dormir je pense.

– Oh. Donc pas de gros câlin ce soir mon amour.

– J'en ai bien peur, dis-je sur le ton d'une conversation classique. Et vu l'heure à laquelle ma mère risque de nous réveiller demain, mieux vaut se coucher tôt.

– C'est vrai qu'elle est un peu électrique là.

– Complètement survoltée plutôt cœur ! Du coup je commence à me demander si c'était une bonne idée qu'elle me le présente maintenant.

– Elle aurait bien fini par le faire et serait dans le même état. Au moins ça sera fait. »

Elle n'a pas tort sur ce point. Nous finissons de ramasser les quelques papiers qui traînent sur mon bureau lorsque ma mère rentre et nous appelle depuis la cuisine. Elle nous dit qu'il y a encore des sacs à monter, nous y allons et croisons notre amie dans l'escalier de béton, elle se plaint de la rapidité avec laquelle elles ont du parcourir les rayons. Je m'en excuse mais la blonde me dit que cela ne fait rien en souriant, sa mimique me rassure un peu. Dans le coffre de notre voiture il reste encore deux cabas pleins a ras-bord et un gros pack de bière, je me charge péniblement de lui et prends aussi l'un des cabas, Kamille prend l'autre et se charge d'ouvrir les portes, nous sommes rapidement de retour dans la cuisine et aidons ma mère à tout ranger. Je peux voir les progrès d'adaptation de ma petite amie car elle ne demande quasiment plus où se range tel ou tel article, ce qui est loin d'être le cas d'Amélie, tête d'écureuil gonfle un peu ma mère en demandant où elle doit poser chaque chose qu'elle prend en main. Une fois la cuisine débarrassée, elle nous tend un prospectus qui est en fait la carte de la pizzeria la plus proche. Pas besoin de tergiverser pour ma part, ça sera une reine en format médium. Amélie craque sur les trois viande de la ''Béthunoise'' et Kamille me suit pour une reine. La commande passée, ma mère s'assoit enfin, demandant à ma copine de lui ouvrir la bouteille qu'elle a placée au congélateur et de nous en servir un verre à toutes. Seule Amélie refuse le vin et se prend un verre de soda.

« Olivier à trouvé un petit boulot, me dit ma mère. Quatre jours par semaine, huit heures par jour.

– C'est bien, ça l'occupera à autre chose qu'à rester au téléphone toute la journée.

– Oui, il en était très content... Attends, au téléphone ? Avec qui ? »

Je réalise que je viens de faire une grosse boulette mais il est trop tard pour reculer.

« Avec sa copine.

– Il passe ses journées à l'appeler ? Qui paie ?

– J'en sais rien moi maman. Sûrement Olive avec son forfait illimité.

– S'il dépasse, je lui envoie la facture !

– Et mis à part ça, il t'as dit quoi d'autre ?

– Rien de spécial. Il commence à se faire à la vie là bas, même si nous lui manquons beaucoup. Il te passe le bonjour ainsi qu'à Kamille et vous fait des bisous. »

Heureusement que Sophie n'entend pas ça, me dis-je, mais je reconnais bien là mon frère. Les pizzas arrivent et l'odeur qui se dégage des cartons que ramène ma mère dans la salle à manger me donne une faim de loup. 

Mes Chroniques de Lycée-épisode 3- Le Cadeau de ClémentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant