En croisant l'autre couple de la classe le lendemain, nous sommes surprises de voir que Clément décompte carrément les heures avant samedi, il nous informe fièrement qu'il en reste cinquante trois, ce qui semble amuser tête d'écureuil. En se remettant en route pour le lycée, je m'aperçois que son calcul est juste, il a dû y passer la nuit ce pauvre garçon, je le vois bien aux aurores perdu dans ses feuilles et sa calculatrice en train de s'arracher les cheveux sur son résultat qui lui paraît beaucoup trop grand, presque incroyable à croire alors qu'il a compté et recompté dix fois. En arrivant devant notre salle de classe, je peux voir aussi que Sophie n'est toujours pas là, je décide alors de lui envoyer un message durant la pause. Les cours commencent, je n'arrive pas à les suivre, je suis perdue dans mes pensées, me demandant si mon amie va bien et ce qu'elle peut faire en ce moment, je m'interroge aussi sur le fait que son père ne semble pas se manifester, je me demande bien pourquoi ce vieux bonhomme encore plus impulsif que moi laisse sa précieuse fille sécher autant. Kamille remarque que quelque chose ne va pas chez moi puisqu'elle me demande ce que j'ai à l'aide d'une feuille blanche qu'elle me fait passer. Je lis l'unique phrase écrite me questionnant sur ma réponse, inventer quelque chose ou dire ce qui me tracasse vraiment, comme je ne suis pas douée pour les mensonges, je lui dit la vérité, me disant aussi que c'est mieux ainsi, ma petite amie est la personne la mieux placée pour me comprendre après tout.
« Je me fais du soucis pour So, écris-je en dessous de son écriture soignée. Je me demande pourquoi elle ne vient pas au moins une fois de temps en temps pour nous donner des nouvelles. Je trouve que depuis qu'elle est avec Olive, elle est devenue très égoïste. »
Je fais glisser la feuille pour qu'elle puisse lire la réponse, elle sourit et se met à écrire rapidement. Je la regarde faire, elle a une belle écriture, fine et précise alors que la mienne semble avoir été tracée par une espèce de mélange entre un chat et un médecin bourré. Je peux lire ce qu'elle écrit pendant que son porte mine est encore sur la feuille mais je prends tout de même le papier sur mon côté de table lorsqu'elle me le tend, pensant que cela fait plus discret aux yeux du prof.
« Ne t'en fais pas, c'est l'amour qui la rend comme ça, une fois la fièvre passée, elle redeviendra comme avant. Ou du moins, moins concentrée sur son '' Namour d'Olivier''. »
Je manque de peu d'éclater de rire en pleine classe en voyant qu'elle a utilisé le surnom que ma camarade donne à mon frère, qu'il soit là ou pas, puis me demande si elle a raison, parle-t-elle par expérience ou essaie-t-elle de me consoler comme elle peut ? C'est à mon tour de prendre mon crayon de bois pour écrire, sans même voir que la femme qui nous fait cours regarde discrètement notre petit manège.
« Je sais pas bébé, j'espère que tu as raison, on verra bien. Je lui enverrais un texto à la pause. Pourtant nous ne sommes pas égoïstes nous, même si nous sommes amoureuses.
– C'est parce que nous sommes des filles réfléchies. Et que tu es super timide. (Elle sourit en l'écrivant, je me doute que c'est une boutade.) En fait chacun a sa façon de voir les choses, eux sont dans leur petite bulle, nous, nous restons ouvertes au monde. »
Alors que la fin des cours sonne, je lui dis à l'oreille que je l'aime, elle me sourit de plus belle et nous nous apprêtons à sortir quand la prof nous interpelle.
« Mes demoiselles, nous dit-elle alors que nous approchons du bureau tandis que deux ou trois traînards regardent ce qui se passe, le but des messages secrets est avant toute chose d'être secret. On se doit donc de le distribuer de manière la plus discrète possible. Or, tout le long de mon cours, vous avez été tout sauf discrètes pour vous écrire. Je n'ai rien dit durant le cours pour ne pas le perturber mais évitez ce genre de chose à l'avenir ou je serais contrainte de sévir. »
Nous rougissons, honteuses toutes les deux de s'être fait si facilement surprendre, ce qui fait rire cette prof sadique.
« Vous m'avez comprise ?
– Oui, madame.
– Parfait. Allez ! »
Nous sortons de la classe et allons à notre coin habituel, sur le chemin j'envoie un message à Sophie, message auquel elle ne répond évidemment pas. Aux escaliers, l'autre couple veut savoir ce que nous voulait la prof, Kamille le leur dit sans détour et cela les fait rire, je les insultes mentalement de connards sans le ressentir réellement une seconde. Les cours reprennent et la journée de classe se finit. À la sortie, c'est Amélie qui nous dit à demain, tout en nous précisant qu'il reste encore quarante cinq ''longues'' heures avant samedi. Ces deux là se sont bien trouvés et nous en rions à la maison ma petite amie et moi. En rentrant de son travail et après s'être inquiétée de savoir si tout c'était bien passé au lycée, ma mère nous informe que Pierre sera bien là samedi pour partager notre repas avec sa fille Justine. Je me demande comment elle est et me dis mentalement de poser la question à ma mère quand nous ne serions plus que toutes les deux. Ma copine part à l'heure habituelle et au lieu de regagner ma chambre, je vais tenir compagnie à ma mère qui boit un verre de vin blanc, dans le salon, devant la télévision, je vois sa mine abattue et lui demande ce qui ne va pas.
« Je n'ai pas de nouvelles de ton frère et ça commence à me tracasser. »
Je me promets de sermonner ce petit con dès que l'on sera sorties de table.
« Elle est comment ma future demi sœur ?
– Oh, tu vas un peu vite là Titi. Je ne sais pas grand chose, pour elle aussi ça sera une première. Je me doute qu'elle sera un peu timide au début, je compte sur toi pour la mettre à l'aise.
– Chef, oui, chef ! »
Elle rit et je suis contente de la voir sourire ne serait-ce qu'un peu.
« Elle est en quatrième, reprend-t-elle, c'est une assez bonne élève mais qui n'a pas trop d'amis. J'ai cru comprendre qu'elle était assez contente que son père fréquente quelqu'un.
– Qui aime voir ses parents malheureux ? Il ne l'a qu'un week-end sur deux ?
– Oui mais d'après ce que j'ai compris, elle voudrait que ça change. Elle ne s'entend pas trop avec le petit ami de sa mère.
– Je vois. Je ferais mon possible pour qu'elle se sente à l'aise maman.
– Merci ma Titi.
– Et physiquement, elle est comment ?
– Ah, ça tu auras la surprise. Mais interdiction de la draguer !
– Maman... Je suis heureuse avec Kamille, je suis casée. »
Elle me dit qu'elle s'en doute bien et je lui souhaite bonne nuit. Dans ma chambre, j'envoie un message à mon abruti de frère pour qu'il appelle ma mère plus souvent et un à ma chérie pour lui dire de passer une agréable nuit puis vais me mettre au lit, assez épuisée de cette journée. La dernière pensée qui me traverse la tête c'est de me demander si Clément pourrait me dire combien d'heure il reste avant samedi, je suis sûre qu'il me le dirait sans peine, je ris dans mes dents tout en m'endormant doucement.
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Mes Chroniques de Lycée-épisode 3- Le Cadeau de Clément
General FictionSuite des aventures de Titi, Kamille et les autres. Entre lycée, amour, famille, découvrez de nouvelles facettes de cette série fiction.