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S'il existerait une association des pizzas dévorées, elle serait intervenue chez nous ce soir. Les cartons sont à peine posés sur la table que nous nous servons et commençons à nous empiffrer sans retenue, moi première. Je vois que ma mère a pris une ''ch'ti'', je peux sentir le maroilles là d'où je suis. Kamille marchande, lui en échange une part et, alléchée par l'odeur des poivrons, elle en fait autant avec Amélie. Elle me dit que le mélange hachis, merguez et poulet qui ne lui semblait pas terrible sur le papier est en fait vachement bon. En la voyant manger la part que ma mère lui a donner, je lui rappelle de bien se brosser les dents trois fois avant de se mettre au lit et nous rions toutes. Cette ambiance infantile perdura jusqu'à la fin du repas et semble détendre ma mère, j'en suis ravie. Elle sort ensuite pour Amélie une brosse à dents neuve, une fois que nous eûmes vider entièrement nos cartons et tête d'écureuil part à la douche tandis que je descends les boites dans le local à poubelles du rez-de-chaussée. En rentrant ma mère me fait remarquer que ça aurait pu attendre demain mais comme je lui dis, ce qui est fait n'est plus à faire. Elle donne raison et me souhaite bonne nuit, je suis surprise de la voir prendre le chemin de sa chambre, elle se retourne avant d'y entrer et me conseille de ne pas faire trop de bruit et de ne pas nous coucher trop tard, ce qui confirme ce que je pensais plutôt, on va se faire réveiller de bonne heure demain. Dans ma chambre, ma petite amie m'attend alors qu'Amélie est déjà installée dans son futon. Nous allons rapidement nous laver toutes les deux et insistons bien sur notre hygiène dentaire. Je m'habille dans la salle de bain, ma copine me dit que le short que je porte lui rappelle des souvenirs, me faisant rougir comme une tomate au passage. Elle quitte la salle de bain en riant, je la suis en lui demandant d'arrêter de se foutre de moi.

«  Vous avez toujours la forme les filles, dit Amélie en voyant que Kamille rit toujours comme une baleine.

– on a aussi nos petits coups de gueule, répond cette dernière, c'est assez intense mais heureusement de courte durée et assez rare, n'est ce pas bébé ?

– Oui mon cœur.

– Clem et moi j'ai parfois l'impression que l'on ne fait que ça, se prendre la tête.

– Il est toujours obsédé du cul ? »

J'aime ma chérie et sa façon de rentrer dans le vif du sujet... Façon de parler.

« Moins qu'avant, répond la petite blonde.

– Après c'est sûr que si tu le chauffe comme là ce soir... Le malheureux est reparti sur trois jambes. »

Nous explosons de rire le plus silencieusement possible dans ma chambre, tête d'écureuil pose la main sur sa bouche dans un geste comique qui me fait repartir pour un tour alors que ma copine me supplie de faire moins de bruit si je ne veux pas que ma mère vienne nous enguirlander, j'essaie de me calmer comme je peux.

« Tu trouves que je l'ai chauffé Kamille ?

– Franchement ? Si Titi m'embrasse comme ça c'est direct au lit, belle mère à la maison ou pas, amie dans la chambre ou pas.

– Je voyais pas ça comme ça pour tout dire.

– Il ne tente rien pour te faire comprendre qu'il a envie ?

– Comment ça ? Demande notre camarade, devenue curieusement intéressée.

– Je sais pas moi, ça fait quoi un hétéro ? Il ne te touche jamais la poitrine ? Ou les fesses ?

– Ah, si ça il le fait souvent même, dit tête d'écureuil un peu renfrognée.

– Je comprends, dit Kamille en se frappant le front. C'est toi qui comprends pas les signes en fait !

– Quels signes ?

– Quand ton partenaire te touche la poitrine, ou les fesses, ce n'est pas pour s'assuré si tu n'as pas pris de poids, c'est surtout pour te dire qu'il a envie.

– Je ne voyais pas ça de se sens là moi.

– Pauvre Clem , intervins-je.

– Tu vois, reprend ma petite amie, faisant comme si je n'ai pas parlé, Titi par exemple. On va fermer la lumière, s'allonger et si jamais elle vient se coller à moi, commencer à me faire des petits bisous, caresser mes hanches, mon ventre, c'est parce qu'elle aura envie d'un gros câlin.

– D'accord , répond la petite blonde qui n'a pas l'air très convaincue.

– C'est ton premier petit copain Clem ?

– Oui, me dit-elle. Au collège je n'osais pas, à cause de mon père. »

Je comprends un peu mieux la situation, ce que je n'osais pas faire à ma chérie lors de nos débuts par timidité, elle ne le fait pas par simple ignorance, et comme elle ne connaît rien à ses gestes, elle ne peut donc pas les traduire. Ma petite amie continue en lui disant que la prochaine fois que notre camarade se fait peloter, qu'elle lui mette la main au panier, rien que ce petit geste devrait ravir son chéri. La petite blonde a du mal à saisir l'expression ''au panier'' alors ma chérie lui montre sur elle la zone à cibler.

« Ha ! Mais il va vouloir me faire pareil !

– Et alors ? Flirtez un peu... Déjà vous ne pouvez faire que ça et puis tant que c'est qu'avec ton mec c'est pas interdit.

– C'est pas un peu tôt, se demande-t-elle. Vous l'avez fait vous ?

– Ouais, répond fièrement ma copine. Et la première fois tu dormais là, exactement comme ce soir. »

Amélie pâlit si fort que je crois qu'elle va nous faire un malaise alors que Kamille est morte de rire. Je souligne intérieurement le manque de tact de ma copine, quelle idée de lui avoir raconter ça ! Tête d'écureuil finit tout de même par s'en remettre et nous demande si nous l'avons refait depuis, toujours sans aucune honte, ma petite amie lui avoue que nous faisons bien plus maintenant et ceux chaque mercredis et les week-ends où nous ne sommes qu'à deux dans la chambre. Je ne sais pas qui d'Amélie ou moi est la plus gênée mais moi personnellement je commence à ne plus savoir où me mettre. La petite blonde remercie Kamille pour ses ''conseils'' sauf que je ne vois pas trop où tout ça pourrait bien la conseiller. 

Mes Chroniques de Lycée-épisode 3- Le Cadeau de ClémentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant