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Le samedi matin, je commence admirablement bien la journée, nous sommes, Kamille et moi seules dans l'appartement. Comme à son habitude, ma mère est partie courir dans les rayons du supermarché du centre-ville donc nous prenons tout temps avant qu'elle ne rentre. Une fois notre ardeur passée, nous allons prendre notre douche et nous habillons tout en nous taquinant et s'embrassant comme deux vraies amoureuses, je suis aux anges et me sens admirablement bien avec cette fille. Je suis toujours toute souriante lorsque nous arrivons dans la cuisine.

« Tu as l'air de bonne humeur ma Titi chérie, me dit ma petite amie en préparant son café, il y a une raison particulière ?

– Non, réponds-je, je me sens juste heureuse. Si on fait abstraction d'Olivier, ma vie me semble parfaite.

– Et je fais partie de cette perfection ?

– Tu en es même la principale raison. »

Elle me sourit et m'embrasse une nouvelle fois. Le fait que son baiser ait un goût de café ne me gêne absolument pas. Ma mère rentre alors que nous somme toujours bouches collées, elle est chargée comme une mule.

« Vous avez besoin d'aide Cynthia ?

– Oh, ça serait gentil les filles, merci. »

OK, moi je n'ai rien demandé mais bon, je m'embarque dans cette tâche qui ne porte aucun préjudice au bonheur que je ressens toujours. Elle me lance les clés de voiture et nous descendons, faisant, comme d'habitude, la course dans les escaliers. Kamille me bat pour une fois, elle est plus rapide pour descendre que pour monter et elle met ça sur le dos de l'attraction gravitationnelle, ce qui nous fait rire, nous sortons du bloc pliées en deux comme deux folles. En ouvrant le coffre, je constate que ma mère s'est lâchée niveau ravitaillement, on pourrait aisément tenir tout un mois à trois. Derrière les quatre cabas, je vois des caissettes de boites de conserves, j'en déduis alors qu'il y avait des promotions sur ce qu'ils appellent ''les gros volumes'' et je comprends donc pourquoi le coffre est tellement rempli. Pas questions de reprendre les escaliers chargées de deux lourds cabas chacune, nous nous dirigeons donc vers l'ascenseur. Trois voyages plus tard, le coffre de la voiture est vide et la cuisine pleine de victuailles. Comme je m'en doutais, ma mère nous dit qu'elle a profité des promos en lots pour acheter bien plus que d'habitude et nous remercie une nouvelle fois de lui avoir apporté notre aide. Il est midi passé lorsque nous terminons de tout ranger, ma mère décide de ne pas cuisiner et laisse de sortie une boite de hamburgers et les frites surgelées, version maison d'un menu Mac Do, sans la glace à la fin. Elle nous précise que nous aurions pu sortir mais qu'elle a déjà explosé son budget au magasin, elle ne tient pas à alourdir la facture. J'aurais pu leur dire que je pouvais payer trois sandwich à notre sub habituel mais je repense à la sortie qu'aimerait Kamille pour fêter nos six mois, je décide alors, tout en dressant la table, qu'à partir d'aujourd'hui, j'économiserais le moindre centime pour cette occasion. Je ne compte cependant pas me priver de tout, je m'offrirais de temps en temps un extra avec ma chérie, mais il va falloir faire attention. Nous passons à table et ma mère me demande subitement si nous avons prévu de faire quelque chose cet après-midi. Rien de spécial à ce que je sache, Kamille confirme. Alors que tout le monde mange en silence, je me dis que maintenant qu'Olive ne vit plus ici, je pourrais peut-être négocier une augmentation de mon argent de poche, désolée frangin, il ne fallait pas faire le con. Ma petite amie et ma maman discutent ensemble d'avenir, je trouve que le sujet revient un peu trop souvent à mon goût, aurait-elle peur que je fasse comme mon frère ? Je me mords la langue pour ne pas lui poser franchement la question, si je dois marchander avec elle plus tard, autant qu'elle reste de bonne humeur. Ma curiosité me pousse pourtant à lui demander pourquoi elle nous parle si souvent de ça.

« Tu vas avoir dix-sept ans Titi, me répond-t-elle, dans un an tu en auras dix-huit.

– Oui, merci pour cette précieuse information maman.

– Je ne le disais pas à titre informatif, c'est juste qu'alors tu pourras vivre avec ta copine librement mais j'aimerais savoir, ne pas être prévenue à la dernière minute ou pire, que tu partes sans même rien me dire. »

J'avais donc raison, l'affaire d'Olivier l'inquiète toujours. Je lui dis de ne pas s'en faire, que je vais encore la faire chier un moment après mes dix-huit ans et que si un jour on devait vivre ensemble Kamille et moi, elle serait la première informée. Cela ne semble pas tellement la rassurer pourtant je sais que ce n'est pas demain la veille que je vais la quitter. Kamille qui rit à ma mauvaise blague voit la tête que tire ma mère et s'arrête de rire.

« Ne vous en faites pas Cynthia, dit-elle, si je vous enlève Titi ça ne sera pas avant la fac, et encore, si elle est d'accord. 

– Naturellement, elle le sera, déclare ma mère avant que je ne puisse répondre. Je sais que vous êtes deux filles responsables mais après ce que j'ai vécu avec Oli, je ne voudrais pas voir cela se reproduire. »

Ça fait des années que je ne l'ai pas entendue appeler mon frère ''Oli'' et ça me fait tout bizarre d'un coup.

« Ne vous inquiétez pas, nous ne sommes pas des fugueuses. Déjà parce que mes parents à moi me tueraient sans une hésitation et aussi parce que Titi à une mère géniale. »

Ma petite amie réussit à la faire sourire, je me dis que c'est une fille vraiment géniale qui sait presque toujours trouver les mots justes pour réconforter quelqu'un. Je suis un peu jalouse aussi de la voir réussir là où j'ai échoué quelques instants auparavant. 

Mes Chroniques de Lycée-épisode 3- Le Cadeau de ClémentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant