ta voix en moi

cabin fever

décembre

Un bras sur un drap blanc. Le visage face au plafond et le dos qui s'enfonce dans le matelas.

C'est comme ça que Yoongi ouvre les yeux.

Le soleil tape sur son torse nu , à travers la fenêtre de la chambre.

C'est comme ça que Yoongi fixe la neige tomber doucement.

L'hiver ça prend tout son corps.

L'hiver est là il paraît.

Son corps se soulève et s'avance jusqu'à la fenêtre.

Là il s'acoude et fixe le ciel ensoleillé.

Il enfile un pull gigantesque et un jean noir.

Puis son cerveau cogne contre sa boite crânienne. Alors il mouille sa tête dans l'évier, relève la visage face à son reflet, fixe ses yeux. Il se demande ce qu'il est.

Il secoue la tête et quitte la salle de bain.

La porte s'ouvre , c'est Jimin.

Il entre , attrape un livre ,le range dans son sac et s'apprête à quitter la chambre à nouveau.

Yoongi se dit qu'il devrait peut-être parler.

Alors il parle.

-Jimin.

Jimin s'arrête dans sa lancée.

Il ne tourne pas la tête. Yoongi fixe son dos se soulever sous sa respiration.

Puis le silence est long alors Jimin se tourne un peu , le visage face au sol.

Mais Yoongi sent son air se bloquer.

Jimin soupire , il sait pas pourquoi il est comme ça. En tout cas , Jimin soupire et il claque la porte.

Et Yoongi reste debout au milieu de la chambre, les pieds s'enfonçant dans la moquette beige.

Jimin entre dans la cantine,une brique de jus de pomme à la main et son sac sur l'épaule.

Il passe sa main dans ses cheveux ,il sourit à Lisa et s'asseoit face à Soyoon.

Elle , elle peint ses ongles à côté d'Hoseok qui mange une crêpe.

- Salut.

Soyoon ne répond pas et Hoseok se contente d'un haussement de tête.

- Yoongi a dit mon nom tout à l'heure.

Soyoon lève le visage et le regarde enfin. Elle relève le sourcil gauche.

- Comme ça ? Sans raison ?

Jimin hausse les épaules.

- Je sais pas, il mettait trop de temps à parler alors je suis parti.

Soyoon lui frappe le front et Jimin lâche un cri rapide. Ça fait rire Hoseok.

- C'est quoi ton problème ?? Tétait forcée de me frapper ?

- Idiot.

Un froncement de sourcil et un rictus, Jimin se frotte le front et regarde dehors.

Jimin n'a jamais aimé être dehors , dans les rues. Il aime les fleurs , les arbres , le calme. Il aime les piles de livres sur les étagères ,les rideaux mal fermés et les vêtements entassés dans un coin .

Jimin aime le désordre de la vie , il aime quand c'est brouillon, étrange, mal fagoté.

La main sur la table vert anis, Soyoon joue avec un briquet rouge et noire. Dessus , il y a une tête de mort , il y a des paillettes.

Jimin le trouve ridicule et il trouve ça génial.

- C'est le briquet le plus moche que j'ai pu voir.

Soyoon rigole un peu.

Puis Hoseok se lève, il dit qu'il est fatigué et Soyoon le regarde partir.

Puis elle se lève elle aussi, et dans un geste désintéressé ,elle laisse tomber le briquet sur la table.

- Je te le donne puisque tu l'aimes tant.

Jimin lui sourit , il la regarde remettre son sac sur son épaule. Il regarde la bretelle de son débardeur glisser sur son épaule. Il la regarde quitter la cantine , il se dit qu'elle est belle .

Plus belle que tout.

Hoseok marche vite dans le couloir, Soyoon dérrière lui. Soudain, il s'arrête , il la regarde.

-Qu'est ce qu'il y a?

Ils se fixent, elle se mort les lèvres un instant , elle hésite.

C'est comme ça des fois , on sait pas si on doit se taire ou bien hurler.

Hoseok attends là. Il sait pas pourquoi, mais au fond de lui ,il y a comme un espoir.

Alors il s'avance , d'abord un peu , puis tout d'un coup . Et ils sont là, au milieu du couloir , pas loin des casiers et des autres gens , l'un face à l'autre. Et il y a quelque chose qui se passe , mais quoi?

Soyoon le regarde s'avancer , elle se dit qu'elle devrait l'arrêter mais elle ne sait pas si elle pourra.

Mais il s'arrête, là ,tout près de ses lèvres. Il s'arrête quelques secondes, puis recule.

- Tu ne comptais pas m'arrêter.

Et il sourit. Il sourit très fort et elle le regarde étrangement.

- Quoi?

Il rit un peu , baisse le regard et penche la tête. Puis soudain, dans un mouvement aérien, il lui sourit encore.

-Tu commences à m'aimer.

Et c'est en riant qu'il s'en va , la laissant là , haletante au milieu du couloir.

- N'importe quoi.

Puis elle sourit un peu.

- Idiot.