Chapitre 3
Octobre 2005
Dès qu'il recommença, avec parcimonie, à reprendre ses médicaments, Denis retrouva un sommeil plus paisible. Mais c'était sans compter sur ses rêves, qui allaient le tourmenter, une fois de plus.
À la seconde où il aperçut le décor autour de lui, Denis su qu'il allait encore se passer quelque chose de terrible. Et toujours ce silence oppressant. Quoique cette fois, Denis perçut un bourdonnement sourd, très lointain. C'était à peine s'il l'entendait.
Denis se mit à examiner les lieux. Il se trouvait à l'arrière d'un café. Des banquettes et des fauteuils trônaient çà et là, autour de petites tables. Dans le fond de l'établissement, un jeune homme pianotait sur un portable en sirotant un espresso. Plus loin, un couple d'amoureux se bécotait sur un divan et près de la vitrine, un groupe d'étudiants jasaient probablement un peu trop fort. Un peu partout, des clients dégustant un cappuccino ou un financier aux amandes. L'endroit était presque plein. Dehors, à travers la vitrine, une neige précoce tombait au sol, sous les lampadaires allumés. Bref, un café des plus ordinaires.
Pourtant, cet endroit lui était étrangement familier. Denis était presque certain de l'avoir vu quelque part, mais n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Sûrement était-ce pas très loin de chez lui. Denis savait, de toute manière, qu'il finirait par savoir quel était ce lieu. Il finissait toujours pas trouver ce qu'il cherchait.
Soudainement, un jeune homme, emmitouflé dans un épais manteau noir, engoncé dans un foulard et une tuque rouge lui tombant sur les yeux, fit irruption dans le commerce. Denis ne le voyait pas très bien d'où il était, mais quelque chose, dans son allure, dans sa démarche, lui étaient aussi familiers. Il avait le sentiment de l'avoir déjà vu quelque part. Ses vêtements aussi lui rappelaient quelque chose. Était-ce un étudiant de son département? Peut-être.
Il ne parvenait pas à voir son visage, car ce dernier était loin et lui tournait le dos. Alors qu'il s'apprêtait à s'approcher, le jeune inconnu se précipita vers l'employé derrière le comptoir et se mit à parlementer avec lui.
Il paraissait très agité et gesticulait abondamment. Le commis, de son côté, semblait à la fois terrifié et en colère. Quelques clients commencèrent à les regarder, l'air vaguement inquiet. Denis se pouvait entendre ce que celui-ci disait, mais il paraissait invectiver l'inconnu. Qu'est-ce ce dernier avait pu lui dire pour le mettre dans un tel état? L'employé se dirigea vers un téléphone. L'autre sembla se calmer un peu. L'avait-il menacé d'appeler la police?
Denis voulu s'approcher encore pour le voir de plus près, mais l'autre se tourna complètement pour s'appuyer au comptoir et il ne voyait que son dos et ses cheveux blonds qui dépassaient légèrement de sa tuque. Denis se dépêcha de marcher vers lui, certain que cet homme était un élément-clé dans ce qui allait se passer. Mais au moment où il n'était qu'à deux pas de lui, il sentit un souffle puissant dans son dos, suivi d'une chaleur suffocante et d'une lumière éblouissante qui illumina tout.
Le café venait d'exploser.
***
Le lendemain matin, malgré le trouble qui l'avait envahi pour le restant de la nuit, Denis s'était mis à faire des recherches dès son réveil. Dans les médias, aucune mention d'explosion ou d'attentat. Denis était très étonné, un événement de la sorte ne passait pourtant pas inaperçu. Pourquoi personne n'en parlait?
Quelques heures plus tard, après son premier cours, Denis eut un flash soudain. Il se rappelait maintenant de cet établissement. Ce dernier était situé seulement à quelques coins de rue de chez lui. Il devait investiguer la chose et voir l'état des lieux de ses propres yeux.

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La Société des voyants, Tome 1: L'odeur de la nuit
ParanormalDenis Bergevin a toujours été différent des autres et il le sait. Caché au plus profond de son être, il conserve un secret qu'il n'a jamais révélé à personne : depuis sa plus tendre enfance, Denis a des visions. Et pas n'importe lesquelles, car ses...