De l'autre côté de la rue, face à la maison, s'étendaient de grands champs, mais qui, à ce temps de l'année, avaient été pratiquement défrichés. Régine s'engagea dans l'entrée où deux autres voitures étaient déjà stationnées.
Lorsque Denis et Régine sortirent de l'automobile, deux jeunes filles arrivèrent en bicyclettes et se dirigèrent vers eux. La plus jeune laissa tomber brusquement son vélo sur le gazon et courut vers Régine en riant.
La plus vieille, restée derrière, devait avoir environ 13 ans. Elle était plutôt grande pour son âge, et élancée, voire même maigre. Elle avait des cheveux longs et droits, blonds et fins, presque comme un duvet. Sous ses grands yeux bruns, ses pommettes étaient couvertes de taches de son. La plus jeune, qui devait avoir neuf ans, était courte, bien en chair, avec des cheveux auburn bouclés.
― Je me suis ennuyée de toi, Régine ! s'écria la petite, qui l'avait enlacée par la taille.
Elle regarda ensuite Denis, un grand sourire aux lèvres.
― C'est le nouveau ? demanda-t-elle.
― Oui, c'est le nouveau, répondit Régine.
― Vanessa, grouille-toi ! gronda l'adolescente. Maman nous attend ! Et viens ranger ta bicyclette, cette fois, je ne m'en occupe pas. Si tu la laisses rouiller dehors sous la pluie, c'est ton problème.
Vanessa protesta un peu. Puis, elle partit en coup de vent, suivi de l'aînée. Cette dernière s'arrêta brusquement quand elle passa à côté de Denis, une expression hébétée sur son visage, comme si elle le remarquait pour la première fois. Elle baissa les yeux, rougit, le salua vaguement de la main et se dirigea vers la maison. Les jeunes filles disparurent alors dans le garage par une petite porte avec leurs vélos.
― Qui est-ce? demanda Denis.
― Morgane et Vanessa, les filles de Lina. Elle a aussi un garçon de 15 ans, Joshua.
― Je vois.
Denis suivi Régine vers la maison. Décidément, les choses étaient bien différentes de ce à quoi il s'attendait. Il s'était aussi imaginé Lina comme une grande femme noble, distinguée, sans âge, pleine de grâce et riche. Il la voyait dans une robe longue en velours, telle une comtesse, couverte de bijoux hors de prix. Il devait certainement réviser sa conception du monde. Denis se dit qu'il avait vraiment vu trop de films et que cela avait influencé sa perception. Il devait apprendre à ne plus se faire de pareilles idées.
Il entra dans la demeure. Même si elle ne correspondait en rien à ses premières attentes, il s'y sentit à l'aise immédiatement. Le hall d'entrée était rempli de manteaux, de souliers, de bottes, de patins à roulettes, skate-board et autres objets hétéroclites. Le salon, à gauche, était décoré de meubles vieillots, vaguement kitsch, simples mais chaleureux. Dans la salle à manger trônait, parmi le mobilier, un ancien poêle à bois décoratif, comme on en voyait sur les vieilles photos d'époque. Cette maison lui rappelait son chez-soi, à Chibougamau. Tout dans cet endroit respirait la douceur et la sérénité.
Pas de signes de rites excentriques effectués avec des épées ou de séances de spiritisme aux chandelles dans cet endroit. Au moment où Régine commençait à lui faire une petite visite des lieux, un autre adolescent entra en trombe par la porte patio et se dirigea tout droit vers le réfrigérateur pour empoigner un carton de lait.
Grand et élancé, on aurait dit qu'il était fait de caoutchouc tellement il paraissait mou. Denis avait l'impression qu'il avait grandi trop vite et que certaines parties de son corps avaient été étirées par un géant. Il flottait dans un t-shirt gris et des jeans qui tenaient sur ses hanches presque par l'opération du Saint-Esprit tant ils étaient larges. Le garçon ressemblait à Morgane et Denis en conclut qu'il s'agissait de Joshua. Celui-ci s'aperçu soudain de la présence d'invités dans la maison. Il eut alors un grand sourire.
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La Société des voyants, Tome 1: L'odeur de la nuit
ParanormalDenis Bergevin a toujours été différent des autres et il le sait. Caché au plus profond de son être, il conserve un secret qu'il n'a jamais révélé à personne : depuis sa plus tendre enfance, Denis a des visions. Et pas n'importe lesquelles, car ses...